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roir de cette ville produit aussi beaucoup de capres, de l’opium, & des roses en telle quantité, qu’on fournit diverses provinces voisines de l’eau qu’on tire de ces roses, & qui est singulierement estimée.

Moslach eddin, qu’on connoît aussi sous le nom de Saddi, homme célebre dans tout l’Orient, étoit natif de Schiras, & florissoit dans le xiij. siecle. Abubeker le fit instruire en toutes sortes de sciences, & Saddi ne trouva point dans la suite de termes assez forts pour célebrer les louanges de ce prince. On a de lui, en langue persane, son gulistan, ou son jardin des roses, ouvrage plein de traits de morale sur les mœurs des princes, l’éducation des enfans, la jeunesse, la vieillesse, &c. Nous n’avons que des foibles traductions françoises & latines de cet ouvrage. L’autre livre de Saddi, intitulé le bustiah, ou le berger, est un poëme en dix livres, dans lequel l’auteur traite de la justice, de l’amour, de la folie, des bonnes mœurs, de la constance, de la tempérance, &c. Il n’a point encore été traduit dans aucune langue européenne, mais il n’est pas moins estimé que le gulistan dans tout l’Orient. Saddi passe pour un des grands poëtes de la Perse. (D. J.)

SCHIRE-WYTE, s. m. (Hist. mod. & Jurisprud.) c’étoit une taxe ou imposition annuelle payée au sheriff d’une comté ou province, pour tenir les assises ou les cours des comtes.

SCHIRGIAN, (Géog. mod.) ville de Perse, dans la province de Kerman, qui est la Caramanie persique. (D. J.)

SCHIRL, s. m. (Hist. nat.) nom donné par les minéralogistes allemands à une substance ferrugineuse & arsenicale qui accompagne souvent les mines d’étain. Le schirl est en petits crystaux prismatiques luisans, qui sont communément noirs comme du jais, & quelquefois bleuâtres. Cette substance est à-peu-près de la même nature que la substance appellée wolfram ou spuma lupi. Voyez cet article.

SCHIRVAN, (Géog. mod.) province de Perse ; elle s’étend sur la rive occidentale de la mer Caspienne, & est séparée de l’Adherbigian & du Daghestan par les fleuves Aras & Kur, qui sont l’Araxes & le Cyrus des anciens. Cette province, & celle d’Aran, d’Alan, de Mogan, de Kars, de Daghestan & d’Adherbigian, sont proprement ce que les anciens ont appellé l’Albanie & la Médie. Le kalife Vatheck l’Abasside ajouta le Schirvan aux autres conquêtes des Musulmans ; mais Tamerlan s’en rendit le maître. Ses principales villes sont 1°. Berdaah sur le Kur, sous le 83d. de longitude, & sous le 40. 30 de latit. septentrionale. 2°. Baconiah, port de la mer Caspienne, située sous le 84. 10. de longitude & sous le 39. 30. de latitude septentrionale ; 3°. Schamakhiah, capitale du Schirvan, sous les 85. 30. de longitude, & sous le 39. 30. de latit. septentrionale.

Le Schirvan est terminé au septentrion par le Caucase, à l’orient par la mer Caspienne, & au midi par la riviere de Kur. Il a environ trente lieues de longueur du septentrion au midi, & à-peu-près autant de largeur de l’orient à l’occident. Cette province est proprement l’ancienne Albanie ; car Strabon, Pline & Ptolomée, conviennent de la situation de l’Albanie, entre le mont Caucase, la mer Caspienne, & le Cyrus.

Le Schirvan répond aussi à l’éloge que Strabon fait de l’Albanie. L’air y est sain & tempéré, le voisinage des hautes montagnes couvertes de neiges, & le vent de mer en modere la chaleur : les hivers y sont communément plus humides que froids, & toute la campagne est couverte d’herbes odoriférantes. (D. J.)

SCHISMA, s. m. en Musique, est un petit intervalle qui vaut la moitié d’un comma, & dont par consé-

quent la raison est sourde, puisque pour l’exprimer

en nombre il faudroit trouver une moyenne proportionnelle entre 80 & 81. Voyez Comma. (S)

SCHISMATIQUE, adj. (Théolog.) qui appartient au schisme, celui qui commence le schisme ou qui y persiste. Voyez Schisme.

Les schismatiques n’appartiennent point à l’Eglise, & par conséquent ne peuvent être sauvés tant qu’ils ne se réunissent point avec elle.

On appelle en théologie proposition schismatique celle qui tend à rompre l’unité, à introduire la division entre les membres de l’Eglise, entre les églises particulieres & l’église de Rome, qui est le centre d’unité catholique.

SCHISME, s. m. (Théologie.) en général signifie division ou séparation. Mais il se dit plus particulierement de la séparation qui arrive en conséquence de la diversité d’opinions entre gens d’une même créance & d’une même religion. Le parti qui le premier se sépare de l’autre ouvre & commence le schime.

Ce mot vient du grec σχίσμα, qui signifie scission, déchirure.

C’est en ce sens qu’on dit le schisme des dix tribus d’Israël d’avec les deux tribus de Juda & de Benjamin. Le schisme des Grecs avec l’Eglise romaine, le schisme réciproque que se reprochent parmi les mahométans les sectateurs d’Omar & d’Aly.

Les trois schismes les plus fameux dans la religion chrétienne sont 1°. le schisme des Grecs, commencé dans le ix. siecle par Photius, & consommé dans le xj. par Michel Cerularius, tous deux patriarches de Constantinople. Il subsiste encore malgré les différentes tentatives qu’on a faites en plusieurs conciles généraux pour y mettre fin, & les facilités que l’Eglise romaine a toujours apportées à la réunion. Voy. l’article suivant.

2°. Le grand schisme d’Occident, commencé en 1378, entre Urbain VI. & Clément VII. & continué par les antipapes, successeurs de celui-ci, contre les papes légitimes, successeurs du premier, jusqu’à l’an 1429, que Martin V. fut reconnu seul pape & vrai chef de l’Eglise. On compte divers autres schismes particuliers arrivés dans l’église de Rome à l’occasion de l’élection des papes, mais qui n’intéressent pas si vivement, ou ne partagerent pas les églises nationales d’Occident, comme dans le xiv. & le xv. siecles.

3°. Le schisme d’Angleterre par lequel, sous Henri VIII. l’Eglise de cette île commença à se séparer de la communion du siege de Rome, auquel elle avoit été unie depuis la conversion de l’Angleterre à la foi. Ce schisme prit de nouvelles forces sous Edouard VI. & fut consommé sous Elisabeth.

La séparation des protestans d’avec l’Eglise romaine est aussi un vrai schisme ; on peut voir sur cette matiere l’ouvrage de M. Nicole, intitulé les prétendus reformés convaincus de schisme.

Quelques auteurs distinguent un schisme passif & un schisme actif. Ils entendent par schisme actif celui d’une portion de la chrétienté, qui d’elle-même s’est séparée du corps de l’Eglise. Tel est le schisme des Grecs & des Anglois, qui se sont eux-mêmes soustraits volontairement à l’obéissance dûe au saint siége.

Par schisme passif, ils entendent la séparation d’une portion de la chrétienté exclue de la communion avec le reste des fideles pour cause d’hérésie. Cette idée peut avoir lieu par rapport à quelques sectes que l’Eglise déclare séparées d’elle, à cause de leur opiniâtreté ; mais les protestans ne sauroient abuser de cette notion pour rejetter la faute de leur séparation sur les catholiques romains ; car il est prouvé par tous les monumens historiques du tems, & par tous les écrits des calvinistes & des luthériens, qu’avant le concile de Trente, qui a anathématisé leurs erreurs, ils