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tissu, étant tantôt plus ou moins compacte, & plus ou moins de la nature du verre. Les scories varient en raison des différentes mines ou des différens métaux que l’on fait passer par la fonte ; elles sont produites par les pierres, les terres, l’arsenic, le fer, le soufre, &c. qui se trouvoient combinés dans la mine ; comme les métaux varient pour la pesanteur, les plus pesans tombent au fond du fourneau, & les plus légers nagent à leur surface ; de-là vient que souvent les scories contiennent une portion des métaux. Il y a des métaux que l’action du feu convertit promptement en chaux, ce qui arrive sur-tout au plomb, à l’étain, au fer, &c. alors ces métaux calcinés se mêlent avec les scories ; de plus ces scories retiennent souvent une portion du métal que l’on veut obtenir par la fonte, & alors on est obligé de les refondre de nouveau afin d’en tirer la partie métallique qui peut y être restée. Lorsque les scories sont bien vitrifiées, elles fournissent un excellent fondant pour le traitement des mines, elles font la fonction d’un verre, & contribuent à la fusibilité de ces mines.

On appelle scories pures, celles qui ne contiennent que très-peu ou point du métal que l’on a intérêt de tirer de la mine, & scories impures, celles qui en ont retenu une portion. Les scories tendres sont celles qui se fondent aisément, telles que celles qui contiennent du plomb. Les scories dures sont difficiles à fondre ; de cette nature sont celles qui contiennent du fer & du soufre. (—)

SCORIFICATOIRE, s. m. (Docimast.) test, écuelle à vitrifier, en allemand treibscherben, & dans les auteurs qui ont écrit en latin, patella vitrificatoria ou scorificatoria.

Les scorificatoires sont des vaisseaux très-compacts, capables de supporter le feu le plus violent, & de retenir quelque tems, non-seulement les métaux fondus, mais encore le verre même de saturne. Ils ont environ deux pouces de diametre, & sont presque semblables aux coupelles ; mais le scorificatoire differe des coupelles en ce qu’il demande pour sa composition que nous donnerons ici, une matiere plus compacte & plus ténace que celle de la coupelle.

La meilleure matiere qu’on puisse employer pour la composition des scorificatoires, est l’argille ordinaire, & qui se trouve par-tout ; mais comme elle est sujette à quelques variations qui lui viennent d’un mélange d’autres terres, il n’est pas hors de propos d’examiner préalablement celle dont on veut se servir. On en fait d’abord un petit nombre de vaisseaux que l’on charge de verre de saturne, avec un peu de plomb, & que l’on expose à un feu violent pendant une heure ou plus, afin de s’assurer s’ils sont capables de le soutenir l’un & l’autre.

On trouve quelquefois dans certains endroits de l’argille très-propre aux scarificatoires, sans être obligé de la préparer ou de lui joindre quelqu’autre matiere : mais comme ces sortes de cas ne sont pas les plus ordinaires, il arrive qu’elle exige diverses préparations, selon la différence de sa nature.

Il est absolument nécessaire de laver l’argille, à-moins qu’elle ne soit tout-à-fait exempte de petites pierres, de menus brins de bois, &c. pour cet effet on en fait des petites pelotes qu’on seche à l’air, ou à une légere chaleur ; on les réduit dans un mortier en poudre grossiere ; on verse par-dessus une grande quantité d’eau chaude, & on remue le tout avec un crochet de fer, afin de détremper entierement l’argille. Après avoir laissé reposer ce mélange pendant quelques minutes, on reçoit dans un vaisseau net l’eau encore trouble, qu’on passe à-travers un tamis de crin ; ensorte que les petites pierres restent au fond du premier vaisseau, & ce qui est plus léger, dans le tamis. On laisse déposer cette eau pendant vingt-quatre heures, afin que toute l’argille ait le

tems de s’amasser au fond du vaisseau sous la forme d’une pâte ténace, ensuite de quoi on jette l’eau qui est par-dessus ; ce lavage sert aussi à emporter les sels qui peuvent se trouver dans l’argille.

Après que l’humidité de l’argille s’est dissipée pour la plus grande partie, & qu’elle est conséquemment devenue plus épaisse, réduisez-la en petites pelotes, afin qu’elle acquiere plus promptement la consistance nécessaire pour qu’on en puisse former des scorificatoires. Quand elle en sera à ce point, formez-en quelques vaisseaux, afin de vous assurer si cette préparation est suffisante ; ce qui se rencontre assez rarement.

S’il arrive que le vaisseau que vous en aurez fait, ayant d’abord été seché à une légere chaleur, échauffé, & ensuite exposé subitement à un feu violent, pétille ou se fêle ; ajoutez-y du sable bien pur ou des cailloux calcinés, ou des creusets de Hesse mal conditionnés ou cassés, mais cependant de bon aloi ; mettez-les en poudre fine, & les passez au-travers d’un tamis serré ; mêlez-en avec votre argille, une quantité suffisante pour la réduire en une pâte ferme, qui ne s’attache point aux mains, & qui soit à peine flexible, bien qu’elle ait été réduite en une lame assez mince, vos vaisseaux n’en soutiendront que mieux le feu.

Le verre ordinaire réduit en poudre est un bon correctif pour les argilles qui, quoiqu’elles soient assez réfractaires, & qu’elles soutiennent assez constamment le feu, ne s’y endurcissent pourtant pas suffisamment, y restent trop molles, boivent la litharge, & laissent échapper les fondans.

Les moyens que nous venons d’indiquer sont suffisans pour donner à l’argille les qualités nécessaires aux fins qu’on se propose, ensorte qu’en tatonnant, on peut trouver la juste combinaison propre aux tests scorificatoires.

On doit toutefois se bien garder d’employer en trop grande quantité, les pierres ou les terres crétacées ou calcaires ; car lorsqu’elles sont mêlées seules avec l’argille, les scorificatoires devenant trop poreux, sont pénétrés par la litharge, quoiqu’ils ne laissent pas que de résister au feu, & ils deviennent après cela si mous, qu’ils s’affaissent d’eux-mêmes, ou qu’il n’est pas possible de les prendre avec les pinces, sans qu’ils ne s’écrasent totalement ; si ni l’un ni l’autre de ces inconvéniens n’a lieu, ils ne manquent jamais d’être rongés par la litharge ; ensorte qu’on a des scories ténaces en grande quantité, très difficiles à réduire en poudre, & qui retiennent beaucoup de molécules du métal quand on le verse.

Pour faire les scorificatoires on se sert de moules, & on se conduit de la maniere qui suit. On frotte médiocrement d’huile ou de lard la none & le moine, & on les essuie légerement avec un linge, pour emporter ce qu’il pourroit y avoir de trop ; on remplit environ jusqu’aux deux tiers la partie inférieure du moule d’argille préparée, puis on y fait un creux au milieu avec le pouce ; on met ensuite par-dessus la partie supérieure qu’on frappe de quelques coups de maillet fortement appliqués ; on le retire & on retranche avec un couteau la matiere excédente de la base & du bord supérieur ; après cela l’on presse le fond du moule contre du sable fin, qu’on a étendu sur une table, pour en détacher le vase ; ou bien on se contente de renverser le moule sur la table, & de lui donner quelques petits coups pour lui faire quitter le scorificatoire.

La matiere argilleuse qu’on doit employer pour ces sortes de vaisseaux, doit être si dure & si seche qu’ils puissent se briser pour peu qu’on les plie ; car si elle étoit molle, il ne seroit presque pas possible de tirer du moule un seul test dans son entier, sans qu’il fût défiguré, à-moins qu’on n’eût assez de tems à perdre pour l’exposer dans le moule à une assez