Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 14.djvu/845

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qu’on rapportoit un homme dessus. De-là venoit cet ordre célebre que donna une mer spartaine à son fils, ἢ τὰν, ἢ ἐπὶ ταν, c’est-à-dire, ou rapportez ce bouclier, ou qu’on vous rapporte dessus. L’écu étoit long & quarré, & à l’usage de l’infanterie seule.

SCYBELUS, (Géog. anc.) lieu de la Pamphylie ; il donnoit le nom de son territoire au vin scybellite, dont parle Arétée, l. II. Morb. acutor. & diurnor. (D. J.)

SCYDRA, (Géog. anc.) ville de la Macédoine, dans l’Emathie, selon Ptolomée, l. III. c. xiij. Pline, l. IV. c. x. & Etienne le géographe, parlent aussi de cette ville. (D. J.)

SCYLACE, (Géog. anc.) étoit une petite ville, colonie des Pélasgiens, selon Hérodote, l. I. c. lvij. Pomponius Mela, l. I. c. xix. la met à l’est ou vers l’est, ou est-nord de Cyzique, entre Cyzique & le mont Olympe, près & à l’est de Placia. Pline en parle aussi, l. V. c. xxxij. Passé Spiga, dit-il, on trouve Piacia, Ariacos, Scylace, &c. On laisse derriere soi le mont Olympe, surnommé Mysien, & la ville d’Olympéna. (D. J.)

SCYLACEUM, (Géog. anc.) ville d’Italie chez les Brutiens, dans le golfe de Memnon, selon Pomponius Méla, l. II. c. iv. & Ptolomée, l. III. c. j. Cette ville fondée par les Athéniens, avoit un promontoire ou écueil, que Virgile, Enéide, liv. III. v. 551. appelle navifragum scyllaceum : le nom moderne de cette ville est Squillacci. (D. J.)

SCYLAX, (Géog. anc.) fleuve de l’Asie mineure, dans le Pont : il se perdoit dans l’Iris, avant que ce dernier eût baigné la ville d’Amasie. (D. J.)

SCYLLA, s. f. (Mythol.) Homere & Virgile ont exercé leur esprit à faire d’un rocher d’Italie vis à-vis du phare de Messine, un monstre terrible, dont l’aspect, dit le poëte grec, feroit frémir un dieu même. Ses cris affreux ressemblent aux rugissemens du lion ; il a douze piés épouvantables, six longs cols, six têtes énormes, & dans chaque tête trois rangs de dents, qui recelent la mort. Virgile n’a pas cru devoir en tracer un portrait aussi hideux : selon lui, Scylla habite le creux d’un rocher ; & lorsqu’elle voit passer des vaisseaux dans le détroit de Sicile, elle avance la tête hors de son antre, & les attire à elle pour les faire périr. Depuis la tête jusqu’à la ceinture, c’est une fille d’une beauté séduisante, poisson énorme dans le reste du corps, avec une queue de dauphin, & un ventre de loup ; elle est toujours environnée de chiens, dont les affreux hurlemens font retentir les rochers d’alentour, Et cæruleis canibus resonantia saxa. Ænéid. lib. III. v. 432. (D. J.)

Scylla, (Géog. anc.) 1°. écueil que Pline, l. III. c. viij. met dans le détroit qui sépare l’Italie de la Sicile. Pomponius Méla, qui en parle aussi-bien que Pline, ne marque pas plus que lui, si ce rocher, cet écueil, est tout environné de la mer, ou attaché à la côte. Mais Strabon, liv. VI. p. 256. qui au lieu de Scylla, écrit Scyllæum saxum, dit que c’est un rocher élevé, presque tout entouré de la mer, & qui tenoit seulement au continent d’Italie, par un isthme assez bas, lequel de côté & d’autre, offroit une retraite aux vaisseaux ; cependant si l’on étoit à l’abri quand on étoit dans ces ports, il n’y avoit pas la même sûreté à en approcher ; ce qui a fait dire à Virgile, Ænéid. III. v. 432. en parlant de ce rocher :

Ora exertantem, & naves in saxa trahentem.


& un peu plus bas :

Scyllam, & cærulœis canibus resonantia saxa.

Ces chiens qui aboyoient sans cesse, sont de l’imagination des Poëtes ; les Historiens plus sages, parloient autrement : mais le tems qui contribue à au-

toriser les fables, se sert de l’art des Poëtes pour les

consacrer. Ainsi, parce que les habitans de Corfou appellerent autrefois tête de chien, le promontoire de cette île qui est du côté de l’orient, on a dit qu’il y avoit dans cet endroit des hommes qui avoient la tête semblable à celle des chiens.

Le nom moderne de Scylla, est Sciglio ; c’est un courant sur les côtes de la Calabre méridionale en Italie, qui entraîne les vaisseaux contre un rocher du cap Sciglio, où ils risquent de se fracasser. Charybde, aujourd’hui Galofaro, mais que la Poésie joint communément à Scylla, est un gouffre dans le détroit de Sicile, à l’entrée du port de Messine. La fable a métamorphosé ces deux écueils en deux nymphes cruelles, dont Homere & Virgile se sont amusé à faire la peinture. La morale prend à son tour les deux écueils de Scylla & Charybde dans un sens métaphorique pour un pas fâcheux dont il est difficile de se sauver. Horace lui-même, Ode xxvij. liv. I. s’en sert dans ce dernier sens, en disant au frere de Mégille, quanta laboras in Charybdi ! pour lui donner à entendre qu’il risque de se perdre par l’engagement indigne où il s’est imprudemment livré.

2°. Scylla, ville des Brutiens, selon Pomponius Méla, l. II. c. iv. Cette ville est appellée Scyllæum par Pline, l. III. c. v. elle étoit apparemment près du rocher de Scylla, dans l’endroit où est aujourd’hui la petite ville de Sciglio.

3°. Scylla, nom d’une île deserte, voisine de la Chersonnese de Thrace, selon Pline, liv. IV. c. xij. (Le chevalier de Jaucourt.)

SCYLLÆUM, (Géog. anc.) promontoire du Péloponnese, dans l’Argie, selon Pline, liv. IV. c. v. & Pausanias, liv. II. c. xxxiv. traduction de M. l’abbé Gédoyn ; ce dernier nous en donne la position précise. C’est aujourd’hui le cap Schille, cabo Scilli des Italiens, cap de la Morée dans la Sacanie, près de lîle de Sidra, à l’entrée du golphe d’Egina. (D. J.)

SCYPHUS, s. m. (Littérature.) σκύφος ; c’étoit le grand bocal ou verre à boire, qu’on nommoit autrement la coupe d’Hercule ; & celle de Bacchus, liberi patris, s’appelloit cantharus. On aura peut-être occasion de parler ailleurs des verres à boire en usage chez les Romains. (D. J.)

SCYPPIUM, (Géog. anc.) ville de l’Asie mineure, dans l’Ionie, aux confins des Colophoniens ; elle fut fondée, selon Pausanias, l. VII. c. iij. par les Claroméniens, qui s’en étant dégoutés & en étant sortis, se fixerent dans le pays où ils bâtirent la ville de Claromene en terre ferme. Cette ville Scyppium, pourroit bien être celle qu’Etienne le géographe appelle Scyphia. (D. J.)

SCYRAS, (Géog. anc.) fleuve du Péloponnèse, dans la Laconie. Pausanias dit, l. III. c. xxiv. qu’un peu plus loin que le bourg d’Araine, où l’on voyoit la sépulture de Laïs, étoit une riviere qui se déchargeoit dans la mer : cette riviere fut appellée Scyras, depuis que Pyrrhus fils d’Achille, y aborda avec ses vaisseaux, après s’être embarqué à Scyros, pour venir épouser Hermione. Au delà de cette riviere étoit un vieux temple, & à quelque distance de ce temple, un autel de Jupiter ; en remontant vers la terre-ferme, à quarante stades de Scyras, on trouvoit la ville Pyrrhique. (D. J.)

SCYRI, (Géog. anc.) peuple du septentrion, qui conjointement avec les Huns, les Goths, & les Alains, passerent le Danube, & retournerent sur leurs pas, après avoir été battus par l’empereur Théodose. (D. J.)

SCYROS ou SKIROS, en grec Σκῦρος, en latin Scyrus, (Géog. anc.) île de la mer Egée, à l’orient de celle d’Eubée. Nous en parlerons avec plaisir en fa-