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SCYTHIE, (Géog. anc.) Scythia ; on entend communément par ce mot un grand pays de l’Asie, commençant au Bosphore cimmérien, aux Palus Méotides & au fleuve Tanaïs, & qui s’étendoit entre l’Océan septentrional, le Pont-Euxin, la mer Caspienne, le fleuve Jaxartes & les montagnes des Indes, jusqu’à l’extrémité de l’Orient, & jusqu’au pays des Seres qui s’y trouvent même quelquefois renfermés.

De cette façon, les bornes de la Scythie n’étoient pas toutes bien déterminées, ni bien connues ; car du côté du nord, on l’étendoit jusqu’à l’Océan septentrional, ou jusqu’aux terres qui pouvoient être de ce côté-là, & qu’on ne connoissoit pas ; & du côté de l’orient, si on prenoit les Seres pour un peuple scythe, il n’y avoit point d’autres bornes, selon Ptolomée, que des terres inconnues.

Ce pays, qui étoit d’une longueur immense, est partagé par Ptolomée en trois parties, dont l’une qui s’étendoit depuis les Palus Méotides & l’embouchure du Tanaïs, jusqu’à une partie de la mer Caspienne, & jusqu’au fleuve Rha, aujourd’hui le Volga, est appellée Sarmatie Asiatique. Une autre partie qui prenoit depuis la Sarmatie Asiatique jusqu’aux sommets du mont Imaüs, se nommoit Scythie en-deçà de l’Imaüs ; & la troisieme à laquelle on joignoit la Sérique, avoit le nom de Scythie au-delà de l’Imaüs. Nous parlerons de ces deux dernieres.

Ptolomée, lib. VI. c. xiv. termine la Scythie en-deçà de l’Imaüs du côté du couchant, par la Sarmatie Asiatique, à l’orient par le mont Imaüs ; au nord par des terres inconnues ; au midi & en partie à l’orient, par le pays des Saces, par la Sogdiane & par la Margiane. Les montagnes les plus considérables de cette contrée, selon le même géographe, sont les monts Alains, les monts Rhymmiques, le mont Norossus, les monts Aspisiens, les monts Tapurins, les monts Syébes & les monts Anaréens. Il nomme ensuite ses peuples.

La Scythie au-delà de l’Imaüs, est bornée par Ptolomée, lib. VI. c. xv. du côté de l’occident par la Scythie intérieure, & par le pays des Saces, au nord par des terres inconnues, à l’orient par la Sérique, & au midi par l’Inde au-delà du Gange. Il met dans cette contrée une partie des monts Auxaciens, une partie des monts Cassiens, une partie des monts Emodores. Enfin il nomme les peuples de cette région.

Les Poëtes ont confondu dans leurs écrits, la Scythie Européenne & la Scythie Asiatique, & en général, sans entrer dans aucune distinction, il nous ont peint la Scythie comme un pays affreux. Virgile dit en en parlant dans ses Géorgiques, livre III. vers 352.

Neque ullæ
Aut herbæ campo apparent, aut arbore frondes :
Sed jacet aggeribus niveis informis, & alto
Terra gelu latè, septemque assurgit in ulnas :
Semper hyems, semper spirantes frigora cauri
, &c.

Avant que les Romains eussent pénétré dans la Germanie, ils croyoient que le froid étoit même insuportable dans cette contrée. Il n’est donc pas étonnant que dans la Scythie, selon Virgile, sur les bords du Palus Méotide, & même à l’embouchure du Danube, & dans la Thrace où est le mont Rhodope, l’herbe ne croisse pas dans les prairies ; que les arbres y soient sans feuilles ; que la terre tristement couverte de neige, gémisse sous sept coudées de glace ; enfin qu’il y regne un hiver éternel, &c.

D’ailleurs les suppositions hyperboliques sont favorables à la Poésie ; c’est au géographe à les détruire, quand il s’agit de la connoissance des pays ; c’est au philosophe à combattre les erreurs populaires qui regardent la Physique ; mais c’est au poëte à les adopter, quand elles lui fournissent des images.

Abaris dont Hérodote, Diodore, Suidas, Eusebe & d’autres auteurs ont tant parlé, étoit de Scythie ; mais on ignore de quelle partie de la Scythie. Rien n’est plus fabuleux que la vie de ce prêtre d’Apollon l’hyperboréen, dont il avoit reçu, dit-on, l’esprit de divination. Il fit de longs voyages à Athènes, à Lacédémone, parloit très-bien grec, & fut un de ces barbares dont la Grece admira le génie. Il se mêloit de divination, & parcouroit les pays en rendant des oracles, & faisant accroire aux simples qu’il savoit prédire l’avenir. L’on peut dire qu’il a servi d’exemple à ceux qui depuis ont trompé le monde sous le nom de prophetes. Il avoit composé quelques ouvrages dont on nous a conservé les noms ; savoir, l’arrivée d’Apollon chez les Hyperboréens, en vers ; les noces du fleuve Hébrus ; un livre de la génération des dieux ; un recueil d’oracles, & un autre d’expiations. On ignore cependant le tems où a vécu cet homme singulier. La plus commune opinion est qu’il fut contemporain de Craesus & de Phalaris ; c’est-à-dire qu’il auroit vécu vers la cinquante-quatrieme olympiade, environ 560 ans avant J. C. Jamblique a écrit qu’il fut disciple de Pythagore ; mais il ne faut pas faire beaucoup de foi sur son récit. (D. J.)

SCYTHOPOLIS, (Géog. anc.) ville de la Palestine, autrement nommée Nysa & Bethsan ; car elle a porté ces trois noms. Elle étoit située sur le penchant d’une montagne au bord d’une petite riviere qui tombe dans le Jourdain, à quinze milles (cinq lieues) de Tibériade, à quatre lieues du lac de Tibériade, & à dix-huit lieues de Jérusalem.

La ville placée avantageusement à une demi-lieue du Jourdain, avoit une partie de ses terres au-delà du fleuve dans la Pérée : elle étoit à l’un des côtés de cette grande plaine, μέγα πεδίον de la vallée Αὐλὼν, qui s’étend des deux côtés du Jourdain, depuis le lac de Tibériade jusqu’à la mer Morte, dans une longueur de plus de vingt lieues, & sur la largeur de cinq lieues (cent vingt stades). Cette plaine, selon Josephe, étoit mal-saine pendant l’été, étoit brûlée par l’ardeur du soleil.

Scythopolis, appellée Beïsan aujourd’hui par les Arabes, est depuis long-tems sous la domination des mahométans. Le géographe turc décrivoit ainsi dans le siecle dernier l’état de Beïsan ; c’est un bourg sans murailles, situé dans le pays d’Erden (du Jourdain), dont la capitale est aujourd’hui Nabolus (Néapolis). Ce bourg est proche de Dginim, à une demi-journée de Ledgioun, & au midi de Tabariah. Son territoire est arrosé de rivieres & de fontaines, il a des jardins, & abonde en dattes ou ris, & en cannes de sucre.

Il est fait mention de Scythopolis dans le II. liv. des Macchabées, ch. xij. v. 29. 30. 31. & dans Josephe, en une infinité d’endroits. Les Scythes y consacrerent un temple à Diane scythique, comme dit Hégésippe, liv. III. c. ix. Cette ville, située dans la Galilée, avoit fait partie du royaume de Samarie ; mais il y avoit déja 106 ans que ce royaume ne subsistoit plus, & qu’il avoit été détruit par Salmanasar, l’un des prédécesseurs de Cilinadan. Ainsi les Scythes s’étoient emparés de cette ville sur Ciniladan, & l’appellerent de leur nom.

SCZEBRECZIN, (Géog. mod.) les François trop habitués à estropier les mots géographiques, écrivent Chebrechin ; c’est ainsi que fait M. de Beaujeu dans ses mémoires : ville de Pologne, dans le Palatinat de Russie, & de la dépendance de Zamosch, à 3 lieues de Tourobin, sur une pente de colline ; elle est arrosée par la petite riviere de Wiepers, qui va se jetter à travers le Palatinat de Lublin, dans le Bog. Son commerce consiste en miel & en cire. Long. 41. 26. lat. 50. 35. (D. J.)