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sont brillantes en sont chargées. Cela n’est point surprenant, puisque l’acide vitriolique est répandu dans notre atmosphere & dans le sein de la terre, qui contient d’ailleurs un grand nombre de substances calcaires auxquelles cet acide peut s’unir. On pourroit conjecturer que c’est à une combinaison semblable, aidée de quelques circonstances qui nous sont encore inconnues, que le gypse ou la pierre à plâtre doit son origine.

SÉLENOGRAPHIE, s. f. (Astron.) est la description de la lune.

Ce mot vient des mots grecs σελήνη, lune, & γράφω, je décris.

La description de la lune consiste dans la représentation de son disque, avec les taches, & les autres endroits obscurs ou lumineux qu’on y apperçoit, soit à la vue simple, soit avec le télescope.

On joint à cette description les noms qui ont été donnés à ces différens endroits, & qui sont pour la plèpart des noms de philosophes, soit anciens, soit modernes. Ces noms sont fort utiles dans la description des éclipses pour marquer les endroits éclipsés de la lune ; ainsi on dit, tycho est entré dans l’ombre à telle heure ; c’est-à-dire, que l’endroit appellé tycho a commencé à s’obscurcir ; & ainsi des autres. Voyez Lune. (O)

Depuis l’invention du télescope, la sélenographie a été considérablement perfectionnée. Hevelius, célebre astronome & bourguemestre de Dantzick, qui a publié la premiere sélenographie, avoit donné aux différens endroits de la lune des noms pris des lieux de la terre : c’est Riccioli qui leur a donné les noms des philosophes & des astronomes célebres ; ainsi, ce que l’un appelle mont Porphyrites, l’autre l’appelle Aristarque ; & ce qui est appellé par l’un Ætna, Sinai, Athos, Apenninus, &c. est appellé par l’autre Copernic, Possidonius, Tycho, Gassendi, &c. Les noms donnés par Riccioli ont prévalu. Voyez Lune.

SELENUSIA, (Géog. anc.) c’est-à dire le lac de la lune ; lac de l’Asie mineure, dans l’Ionie, près de l’embouchure du Caystre. Ce lac, selon Strabon, l. XIV. p. 642, étoit formé par les eaux de la mer. (D. J.)

SÉLEUCIDE, la, (Géog. anc.) Seleucis, contrée de la Syrie. Elle prit son nom de la ville de Séleucie de Syrie. Strabon, l. XVI. remarque que cette contrée étoit la plus belle & la plus considérable de ces quartiers, & qu’on l’appelloit Tétrapole, à cause des quatre villes célebres qu’elle renfermoit, savoir Antioche ad Daphnen, Séleucie in Pierlâ, Apamée & Laodicée. Il met bien d’autres villes dans la Séleucide ; mais il distingue ces quatre qu’il appelle sœurs, parce qu’elles avoient été fondées par Seleucus Nicator. Cette contrée s’étendoit du côté du midi jusqu’à la Phénicie ; de sorte qu’elle avoit des bornes plus vastes que celles que lui donne Ptolomée, qui en sépare la Cassiotide. (D. J.)

SELEUCIDES, s. m. (Hist. anc. Chronologie.) on dit l’ere des Séleucides, ou l’ere des Syro-Macédoniens ; c’est une époque ou un calcul de tems, qui commence depuis l’établissement des Séleucides ainsi nommés de Seleucus Nicator ou le victorieux, un des successeurs d’Alexandre, qui regna en Syrie, comme ont fait les Ptolomées en Egypte. Voyez Epoque.

On trouve cette ere exprimée dans le livre des Macchabées, & dans un grand nombre de médailles grecques que les villes de Syrie ont fait frapper ; les rabbins & les juifs l’appellent l’ere des contrats, parce qu’étant alors soumis aux rois de Syrie, ils furent obligés de suivre cette méthode de compter dans leurs contrats. Les Arabes l’appellent therik diskarnein, l’ere des deux cornes : ce qui signifie, selon quelques uns, l’ere d’Alexandre le grand, parce que ce prince

est représenté avec deux cornes de belier sur des médailles, à l’imitation de Jupiter Ammon dont il vouloit qu’on le crût fils. Mais d’autres l’entendent beaucoup mieux des deux royaumes de Syrie & d’Egypte qui furent alors séparés ou divisés, & d’un seul empire partagé en deux monarchies.

Le point important est de connoître l’année où la séparation s’est faite ; ou, ce qui est la même chose, de savoir en quel tems Seleucus Nicator, un des capitaines d’Alexandre, & le premier des Séleucides, fonda son empire en Syrie. Sans entrer dans le détail des différentes opinions des auteurs qui ont écrit sur cette matiere, il suffit d’observer, que suivant les meilleures histoires, la premiere année de cette ere tombe l’an 312 avant Jesus-Christ, 12 ans après la mort d’Alexandre, 3692 du monde, 442 de Rome, 4402 de la période julienne, la premiere année de la cxvij. olympiade, environ 872 ans après la prise de Troie. Voyez Epoque.

SÉLEUCIE, (Géog. anc.) Seleucia ; il y a plusieurs villes qui ont porté le nom de Séleucie ; on en comptoit jusqu’à neuf, ainsi nommées par Seleucus Nicator.

La plus considérable est 1°. la Séleucie sur le Tigre, Seleucia ad Tigrim. Seleucus la bâtit dans la Mésopotamie, l’an 293 avant J. C. à quarante milles de Babylone, sur la rive occidentale du Tigre, vis-à-vis de l’endroit où est aujourd’hui Bagdad. Elle devint bientôt une très-grande ville ; car Pline, l. VI. c. xxvj. dit qu’elle avoit six cens mille habitans. Elle attira dans son sein tous ceux de Babylone ; sa situation étoit des plus heureuses ; Seleucus en fit la capitale de toutes les provinces de son empire au-delà de l’Euphrate, & le lieu de sa résidence, quand il venoit de ce côté-là de ses états, comme Antioche l’étoit en-deçà de l’Euphrate. Ainsi les Babyloniens se jetterent en foule à Séleucie, d’autant plus que les digues de l’Euphrate s’étant alors rompues, avoient rendu le séjour de Babylone très-incommode.

D’ailleurs Seleucus ayant donné son nom à cette nouvelle capitale, & voulant qu’elle servît à la postérité de monument à sa mémoire, lui accorda des privileges fort au-dessus de ceux de toutes les villes de l’Orient, afin de la rendre d’autant plus florissante. Il y réussit si bien, que peu de tems après la fondation de Séleucie, Babylone se trouva déserte & sans habitans, disent Pline, Strabon & Pausanias ; c’est pour cela qu’elle est nommée par quelques auteurs Seleucia Babylonis. Ammian Marcellin, l. XXIII. c. xx. la peint en deux mots, ambitiosum opus Nicatoris Seleuci.

Elle fut prise par Lucius Verus, ou plutôt par Cassius son général, & ruinée contre la foi du traité. Elle ne fut rétablie qu’après le tems de Julien ; elle devint un archevêché dans le quatrieme siecle, & fut de nouveau ruinée dans le huitieme. Ses prélats eurent les premiers la qualité de catholiques ou archevêques autocéphales ; mais ayant embrassé le nestorianisme, ils transférerent leur siege à Bagdad, & sont aujourd’hui ceux qu’on nomme patriarches nestoriens.

Diogene surnommé le babylonien naquit à Séleucie sur le Tigre. Josephe, l. I. c. ij. nous apprend qu’il fut précepteur de cet Antipater, qui fit relever les murs de Jérusalem.

2°. Séleucie, ville de la Perside dans l’Aymaïde. C’étoit, selon Strabon, l. XI. une grande ville située sur le fleuve Hédyphonte qui est l’Hedypnus de Pline.

3°. Séleucie, lieu fortifié dans la Mésopotamie, près du pont Zeugma, sur l’Euphrate. Il en est parlé dans Polybe, l. V. c. xliij. & dans Strabon, qui dit, l. XVI. que Pompée donna ce lieu à Antiochus, roi de Commagène.

4°. Séleucie-Trachée, en latin Seleucia-Aspera, ville