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Il nous reste encore plusieurs sicles juifs, avec l’inscription, Jerusalem kedushah, c’est-à-dire, Jérusalem la sainte. Cette monnoie se répandit chez les nations voisines, sur-tout depuis que la captivité de Babylone eût dispersé ce peuple dans l’orient. Voyez à ce sujet Lighfoot, & l’apparat de Walton à la tête de la bible polyglotte de Londres.

On lit dans le II. l. des Rois, c. xjv. 26. que la chevelure d’Absalon, qu’on lui coupoit une fois l’an, pesoit deux cens sicles ; cette pesanteur ne doit pas étonner, parce qu’il s’agit ici du sicle babylonien, qui étoit environ les deux tiers plus léger que le sicle hébreu ; car l’auteur qui a rédigé le livre des Rois vivoit à la fin de la captivité de Babylone, où les Juifs ne connoissoient que le poids babylonien. (D. J.)

SICLI ou, SICHILI, (Géog. mod.) ville de Sicile, dans le val de Noto, à 3 lieues au sud-ouest de la ville de Noto, sur le bord d’une petite riviere. Long. 32. 50. lat. 36. 52.

SICLIQUE, s. m. (Comm.) petit poids dont se servent les Apothicaires pour peser leurs drogues. Il pese un sextule & deux scrupules. Voyez Sextule & scrupule. Dicct. de Comm.

SICORIS, (Géog. anc.) fleuve d’Espagne. Il séparoit les Hergetes des Lacetani. Cesar, Pline, Dion Cassius & Vibius Sequester en font mention ; & il est à croire que c’est de ce fleuve que prétend parler Thucydide, liv. VI. lorsqu’il fait venir des bords du fleuve Sicanus en Espagne, les Sicaniens qui allerent s’établir en Sicile. Ce fleuve fut plus connu du tems de la guerre civile. Lucain, liv. IV. v. 11. le décrit ainsi en parlant de la ville Illerda bâtie sur ses rives :

Colle tumet modico, lenique excrevit in altum
Pingue solum tumulo : super hunc sundata vetustâ
Surgit Ilerda manu ; placidis prælabitur undis
Hesperios inter Sicoris non ultimus amnes,
Saxeus ingenti quem pons ampléctitur areu,
Hibernas passurus aquas.

Ce fleuve se nomme présentement le Segre, & les Catalans l’appellent Agna naval. (D. J.)

SICUEDON, (Lexic. médic.) on entend par ce mot grec la fracture entiere & transversale d’un os long faite avec égalité, comme lorsqu’on casse un concombre en deux. Cette fracture ne differe point de celle qu’on appelle raphanédon, sicuedon σικυηδὸν veut dire, en maniere de concombre, de σικυὸς, concombre.

SICULES, les, (Géog. anc.) peuples originaires des confins de la Dalmatie ; ils vinrent après les Liburnes s’établir en Italie. Ces Sicules formoient une nation nombreuse qui s’empara d’une partie considerable du pays ; ils peuplerent l’Ombrie du milieu, la Sabine, le Latium, & tous les cantons dont les peuples ont été connus depuis sous le nom d’Opiques. En comparant quelques passages d’Hérodote, de Thucydide, de Platon & d’Aristote, on voit clairement que les noms de Sicules & d’Opiques étoient deux noms généraux qui comprenoient tout ce qui s’étend depuis le Tibre jusqu’à l’extrémité orientale de l’Italie, à l’exception de ce qu’en ont occupé les Liburnes. Ces deux noms généraux furent peu-à-peu abolis par les ligues particulieres des Sabins, des Latins, des Samnites, des Œnotri & des Itali, qui se formerent dans la suite. Les Sicules qui passerent en Sicile, sont les seuls qui ayent conservé leur ancien nom, que cette île a reçu d’eux. Nous avons la date précise de ce passage des Sicules dans l’île : Hellanicus de Lesbos, historien plus ancien que Thucydide, & même qu’Hérodote, donnoit pour époque à cet évenement la vingt-sixieme année du sacerdoce d’Alcyonée, prêtresse d’Argos : ce qui répond à l’an 80 environ avant la prise de Troie, marqué par Philiste,

auteur sieilien ; c’est-à-dire à l’an 1364 avant l’ére chrétienne, selon la chronologie de Thucydide. (D. J.)

SICULIANO ou SICULIANA, (Géog. anc.) petite ville de l’île de Sicile, dans le val Mazzara, à la gauche de Fiume di Cani, environ à deux milles de la côte. C’est l’ancienne Cena, entre Agrigentum & Allava. (D. J.)

SICULOTÆ, (Géog. anc.) peuples de la Dalmatie, selon Ptolomée, l. II. c. xvij. & Pline, liv. III. c. xxij. Ce dernier dit qu’ils étoient partagés en 24 décuries.

SICUM, (Géog. anc.) ville de l’Illyrie, dans la Dalmatie, sur la côte. Pline, l. III. c. xxij. dit que l’empereur Claude y envoya des soldats vétérans. Sophien veut que ce soit aujourd’hui Sebenico. (D. J.)

SICYNOIDE, s. f. (Hist. nat. Bot.) sicynoïdes, genre de plante à fleurs monopétales, en forme de cloches ouvertes & profondement découpées. Les unes sont stériles & n’ont point d’embryon ; les autres sont soutenues par un embryon, qui devient dans la suite un fruit semblable à une amande, charnu & hérissé de pointes. Ordinairement ces fruits sont réunis en maniere de tête, & renfermés chacun sous une peau mince, une seule semence. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

SICYONE, (Géog. anc. & mod.) ville du Péloponnese dans l’Achaïe propre, & dans les terres, près de l’Asopus. Cette ville autrefois puissante, & qui eut ses propres rois, devint ensuite libre ; & durant la guerre des républiques de la Grece, elle fut tantôt soumise aux Athéniens, tantôt aux Lacédémoniens. Justin dit, liv. XIII. ch. v. Démosthenes, Sicyona, Argos, & Corinthum, cæterasque civitates eloquentiâ suâ, Atheniensibus junxit. Quoique Sicyone fut dans l’Achaïe, comme le marque Pline, l. IV. ch. v. cependant elle se trouve avoir été comprise dans l’Argolie.

Le royaume de Sicyone est le plus ancien royaume qui ait été dans la Grece. Son premier roi s’appelloit Egialée, & selon Eusebe, le commencement de son regne précéda de 74 ans la naissance d’Abraham. Le dernier roi, qui étoit le vingt-sixieme, s’appelloit Zeuxippus. Après lui, la forme du gouvernement changea ; les prêtres d’Apollon exercerent l’autorité souveraine pendant 30 ou 40 ans ; & enfin les rois d’Argos & de Mycenes s’en emparerent. Ce royaume dura 962 ans ; il finit lorsqu’Hélie étoit souverain sacrificateur & juge des Juifs.

On célebroit à Sicyone de cinq en cinq ans des jeux pythiens en l’honneur d’Apollon, & on y donnoit pour prix des coupes d’argent. Les ouvriers de cette ville le disputoient à ceux de Corynthe pour la perfection des ouvrages. Dipænus & Scyllis enrichirent Sicyone des plus belles statues en marbre ; ils formerent plusieurs éleves, qui sculpterent tant de figures de dieux, que les Sicyoniens en prêterent à leurs voisins, qui n’en avoient point encore ; mais le culte que les Sicyoniens rendoient à Bacchus, étoit trop honteux pour être agréé dans d’autres pays ; car ils adoroient ce dieu sous un nom si contraire à la décence, qu’il n’y a que des gens très-effrontés qui osassent le proférer dans une conversation libre ; du moins c’est ce qu’assure Clément d’Alexandrie, admonit. ad gentes, p. 15.

Le luxe étoit fort répandu à Sixyone ; les souliers de cette ville passerent en proverbe ; ils étoient si galans, qu’il n’étoit pas permis à un homme grave de les porter.

Mais au milieu de ce luxe, Sicyone donna la naissance à l’un des plus grands capitaines de l’antiquité ; je veux parler d’Aratus, qui défit Nicoclès tyran de sa patrie, s’empara de la citadelle de Corinthe,