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& une grappe de raisin avec le tyrse de Bacchus, symbole de l’abondance du vin chez les Tarentins. Taras avoit une statue dans le temple de Delphes, où on lui rendoit les honneurs dûs aux héros. (D. J.)

Taras, (Géog. anc.) 1°. fleuve d’Italie, dans la Japigie, près de la ville de Tarente, selon Pausanias, l. XX. c. x. & entre Métaponte & Tarente, selon Appien, civil. l. V. Il conserve son ancien nom, à la terminaison près ; car les uns le nomment présentement Tara, & les autres Taro. Ce n’est proprement qu’un ruisseau qui se jette dans le golfe de Tarente, près de Torre de Taro.

2°. Taras, fleuve de l’Epire, selon Vibius Sequester, de fluminibus, p. 83.

3°. Taras, ville de l’Asie mineure, selon Curopalate cité par Ortelius.

4°. Taras, fleuve de Scythie, selon Valerius Flaccus. (D. J.)

TARASCON, (Géog. mod.) il y a en France deux petites villes de ce nom ; l’une est dans le pays de Foix, sur le bord de la riviere, à trois lieues au-dessus de la ville de Foix. Long. 19. 12. lat. 43.

L’autre Tarascon beaucoup plus considérable, est en Provence, au diocèse d’Avignon, sur la rive gauche du Rhône, vis-à-vis Beaucaire, avec laquelle elle communique par un pont de bateaux. Sa situation est à 4 lieues au midi d’Avignon, & à 5 d’Arles. Il y a une viguerie, un chapitre & quelques couvens. Son terroir est délicieux, & l’on y respire un air fort tempéré. Elle députe aux assemblées générales de la Provence, & ses députés y ont le premier rang. Long. 22. 20. latit. 43. 48.

Cette ville est très-ancienne ; car Strabon & Ptolomée en font mention sous le même nom qu’elle porte aujourd’hui ; ils la nomment Tarasco.

Molieres (Joseph Privat de) physicien cartésien, y naquit en 1677 ; il devint professeur au college royal en 1723, membre de l’académie des Sciences en 1729, & mourut à Paris en 1742. Il a publié des leçons de physique en quatre vol. in-12, dans lesquelles il admet non-seulement les tourbillons de Descartes, mais il croit pouvoir en démontrer l’existence dans le système du plein. Les leçons de cet auteur ne passeront pas à la postérité. (D. J.)

TARASQUE, s. f. animal chimérique dont on effraie les enfans en quelques provinces de France ; on le représente à leur imagination ayant sur son dos un panier d’où sort une marionnette qui danse & qui saute.

TARASUN, s. f. (Diete.) espece de biere ou de liqueur fermentée que font les Chinois ; elle est très forte & très-propre à enivrer. Pour faire cette liqueur, on prend de l’orge ou du froment qu’on fait germer, & on le fait moudre grossierement ; on en met une certaine quantité dans une cuve, on l’humecte foiblement avec de l’eau chaude ; alors on couvre la cuve avec soin ; on verse ensuite de la nouvelle eau bouillante, & on remue le mélange, afin que l’eau le pénetre également, après quoi on recouvre encore la cuve ; on continue à verser de l’eau bouillante, & à remuer jusqu’à ce qu’on s’apperçoive que l’eau qui surnage, a parfaitement extrait le malthe ou le grain germé, ce qu’on reconnoit lorsqu’elle est fortement colorée, & devenue gluante & visqueuse. On laisse refroidir le tout jusqu’à devenir tiede ; alors on verse la liqueur dans un vaisseau plus étroit, que l’on enfouit en terre, après y avoir joint un peu de houblon chinois, qui est pressé, & à qui on donne à-peu-près la forme d’une tuile ; on recouvre bien de terre le vaisseau qui y a été enterré, & on laisse la liqueur fermenter dans cet état. Le houblon des Chinois qui a été pressé dans des moules, porte déja son levain avec lui ; ainsi il n’est pas besoin d’y joindre aucune matiere fermentante.

En Europe où l’on n’a point de ce houblon préparé, on pourroit y suppléer en mettant du houblon bouilli en petite quantité, pour ne point rendre la liqueur trop amere, & en y joignant un peu de levûre ou de mie de pain, ce qui produiroit le même effet. Lorsque la matiere est entrée en fermentation, on observe si la fermentation est cessée, ce qu’on reconnoît lorsque matiere qui s’étoit gonflée, commence à s’affaisser ; alors on la met dans des sacs de grosse toile que l’on ferme en les nouant, que l’on met sous un pressoir, & la liqueur que le pressoir fait sortir de ces sacs, se met sans délai dans des tonneaux que l’on met dans la cave, & que l’on bouche avec soin ; de cette façon l’on a une biere qui est très-bonne, lorsqu’elle a été faite proprement & avec soin. Voyez le voyage de Sibérie par M. Gmélin.

TARATES, (Géog. anc.) Tarati, peuples montagnards de l’île de Sardaigne. Strabon, l. V. p. 225, dit qu’ils habitoient dans des cavernes, & que quoiqu’ils eussent un terrein propre pour le froment, ils en négligeoient la culture, aimant mieux piller les champs d’autrui. Ils s’adonnoient aussi à la piraterie ; car Strabon ajoute qu’ils désoloient les Pisans, soit dans l’île, soit dans le continent. (D. J.)

TARAXIPPUS, s. m. (Mythol. & Gymnast.) génie malfaisant, dont la statue placée dans les hippodromes de la Grece remplissoit d’épouvante les chevaux attelés au char de ceux qui disputoient les prix de la course.

La lice ou l’hippodrome étoit composé de deux parties, dont l’une étoit une colline de hauteur médiocre, & l’autre étoit une terrasse faite de main d’homme.

A l’extrémité de cette partie de la lice qui étoit en terrasse, il y avoit un autel de figure ronde consacré à un génie que l’on regardoit comme la terreur des chevaux, & que par cette raison l’on nommoit Taraxippus.

Quand les chevaux venoient à passer devant cet autel, dit Pausanias, sans que l’on sache pourquoi, la peur les saisissoit tellement, que n’obéissant plus ni à la voix, ni à la main de celui qui les menoit, souvent ils renversoient & le char & l’écuyer ; aussi faisoit-on des vœux & des sacrifices à Taraxippus pour l’avoir favorable.

L’auteur qui étoit assez mauvais physicien & fort superstitieux, recherche les raisons de cette épouvante ; mais au lieu d’en donner la cause physique, il ne rapporte que des opinions populaires fondées sur la superstition qui a été de tous les tems, de tous les pays, & autant de la nation greque que des autres.

Dans l’isthme de Corinthe il y avoit aussi un Taraxippus que l’on croyoit être ce Glaucus, fils de Sisyphe, qui fut foulé aux piés de ses chevaux dans les jeux funebres qu’Acaste fit célébrer en l’honneur de son pere. A Nemée on ne parloit d’aucun génie qui fît peur aux chevaux ; mais au tournant de la lice, il y avoit une grosse roche rouge comme du feu, dont l’éclat les éblouissoit, & les étonnoit de la même maniere qu’eût fait la flamme ; cependant, si l’on en croit Pausanias, à Olvmpie, Taraxippus leur faisoit bien une autre frayeur.

Il finit en disant que, selon eux, Taraxippus étoit un surnom de Neptune Hippius : ce n’est pas-là satisfaire la curiosité du lecteur qui attend qu’on lui apprenne la véritable cause d’une épouvante si subite. L’auteur pouvoit bien dire ce qu’il est si naturel de penser, que les hellanodices ou directeurs des jeux usoient de quelque artifice secret pour effaroucher ainsi les chevaux, afin que le succès des courses de char devenu par-là plus hazardeux & plus difficile, en devînt aussi plus glorieux. Abbé Gédouin sur Pausanias. (D. J.)