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TARE, s. f. (Com.) signifie tout défaut ou déchet qui se rencontre sur le poids, la qualité ou la quantité des marchandises. Le vendeur tient ordinairement compte des tares à l’acheteur.

Tare se dit encore du rabais ou diminution que l’on fait sur la marchandise par rapport au poids des caisses, tonneaux & emballages. Ces tares sont différentes suivant la diverse nature des marchandises, y ayant même beaucoup de marchandises où l’on n’accorde aucune tare : quelquefois elle est réglée par l’usage ; mais le plus souvent, pour obvier à toute contestation, l’acheteur doit en convenir avec le vendeur. Les tares sont beaucoup plus communes en Hollande qu’en France. Le sieur Ricard, dans son traité du négoce d’Amsterdam, ch. vij. de l’édit. de 1722, est entré sur cette matiere dans un grand détail dont voici quelques exemples.

La tare de l’alun de Rome est de quatre livres par sac :

De l’azur, trente-deux livres par barril :

Du beure de Bretagne & d’Irlande, vingt pour cent :

Du poivre blanc, quarante livres par barril ; du poivre brun, cinq livres :

Du quinquina, douze & quatorze livres par seron, &c. Dictionn. de Comm.

Tare d’especes, (Com.) diminution que l’on souffre par rapport au changement des monnoies. Dictionn. de Comm.

Tare de caisse, (Com.) perte qui se trouve sur les sacs d’argent, soit sur les fausses especes, soit sur les mécomptes en payant & en recevant. On passe ordinairement aux caissiers des tares de caisses.

Tare, s. f. (Monnoie.) c’est une petite monnoie d’argent de la côte de Malabare, qui vaut à-peu-près deux liards. Il en faut seize pour un fanon, qui est une petite piece d’or de la valeur de huit sols. Ce sont-là les seules monnoies que les rois malabares fassent fabriquer & marquer à leur coin. Cela n’empêche pas que les monnoies étrangeres d’or & d’argent, n’aient un libre cours dans le commerce selon leur poids ; mais on ne voit guere entre les mains du peuple que des tares & des fanons. (D. J.)

Tare, s. m. (Marine.) nom que les Normands & les Picards donnent au goudron. Voyez Goudron.

TAREFRANKE. Voyez Glorieuse.

TAREIBOIA, s. m. (Hist. nat. Ophiolog.) nom d’une espece de serpent d’Amérique, qui ainsi que le caraboïa, est amphibie, vivant dans l’eau comme sur terre ; ce sont l’un & l’autre de petits serpens entierement noirs ; ils mordent quand on les attaque, mais leur blessure n’est pas dangereuse. (D. J.)

TAREIRA, s. m. (Hist. nat. Ichthyol.) nom d’un poisson des mers d’Amérique, où on en pêche pour les manger, mais dont le goût est assez médiocre. Son corps oblong & épais s’amenuise graduellement vers la queue. Sa tête s’éleve en deux éminences au-dessus des yeux, qui sont jaunes avec une prunelle noire. Son nez est pointu ; sa gueule est large, jaunâtre en-dedans, armée à chaque mâchoire & sur le palais, de dents extrémement pointues ; ce poisson a huit nageoires, en comptant sa queue fourchue pour une ; mais toutes sont d’une substance tendre, mince, douce, avec des rayons pour soutien. Ses écailles, délicatement couchées les unes sur les autres, sont fort douces au toucher. Son ventre est blanc, mais son dos & ses côtés sont marqués de raies longitudinales, vertes & jaunes. Magravii, Hist. brasil. (D. J.)

TARENTASIA, (Géog. anc.) ville des Alpes Graïennes, chez les. Centrons. C’est aujourd’hui

Moustier-en-Tarentaise. (D. J.)

TARENTE, (Géogr. mod.) en latin Tarentum ; voyez ce mot où l’on a fait toute son histoire. Tarente moderne, en italien Tarento, n’occupe aujourd’hui qu’une des extrémités de l’ancienne Tarentum, & l’on n’y trouve aucun vestige de la grandeur & de la splendeur qu’elle avoit autrefois ; tout le pays de son voisinage est presque désert.

C’est une petite ville d’Italie, dans la terre d’Otrante ; au royaume de Naples, sur le bord de la mer, dans un golfe de même nom, à 15 lieues au sud-est de Bari & à 55 est de Naples. La riviere Galeso en passe à trois milles, quoiqu’elle en fût éloignée de cinq du tems de Tite-Live ; vraissemblablement son lit s’est élargi du côté de Tarente. Les habitans de cette ville sont de misérables pêcheurs, & même des especes de barbares redoutés des voyageurs. Long. 35. 8. latit. 40. 30. (D. J.)

TARENTULE ou TARANTULE, dans l’histoire naturelle est un insecte venimeux, dont la morsure a donné le nom à la maladie appellée tarantisme. Voyez Tarantisme.

La tarentule est une espece d’araignée, ainsi appellée à cause de la ville de Tarente dans la Pouille, où elle se trouve principalement. Elle est de la grosseur environ d’un gland ; elle a huit piés & huit yeux ; sa couleur est différente ; mais elle est toujours garnie de poils. De sa bouche sortent douze especes de cornes un peu recourbées, dont les pointes sont extrèmement aiguës, & par lesquelles elle transmet son venin.

M. Geoffroy observe que ses cornes sont dans un mouvement continuel, sur-tout lorsque l’animal cherche sa nourriture, d’où il conjecture qu’elles peuvent être des especes de narines mobiles.

La tarentule se trouve en plusieurs autres endroits de l’Italie, & même dans l’île de Corse ; mais celles de la Pouille sont les seules dangereuses. On prétend même que celles-ci ne le sont plus lorsqu’elles sont transportées ailleurs. On ajoute que même dans la Pouille il n’y a que celles des plaines qui soient fort à craindre, parce que l’air y est plus chaud que sur les montagnes.

M. Geoffroy ajoute que, selon quelques-uns, la tarentule n’est venimeuse que dans la saison de l’accouplement ; & Baglivi dit qu’elle l’est seulement pendant les chaleurs de l’été, mais sur-tout pendant la canicule ; & qu’alors étant comme enragée, elle se jette sur tout ce qu’elle rencontre.

Sa morsure cause une douleur qui d’abord paroît à-peu-près semblable à celle que cause la piquure d’une abeille ou d’une fourmi. Au bout de quelques heures, on sent un engourdissement, & la partie affectée se trouve marquée d’un petit cercle livide, qui bientôt après devient une tumeur très-douloureuse. Le malade ne tarde pas à tomber dans une profonde mélancolie, sa respiration est très-difficile, son pouls devient foible, la connoissance diminue ; enfin il perd tout-à-fait le sentiment & le mouvement, & il meurt à-moins que d’être secouru. Mais ces symptomes sont un peu différens, suivant la nature de la tarentule & la disposition de la personne. Une aversion pour le noir & le bleu ; & au contraire une affection pour le blanc, le rouge & le verd sont d’autres symptomes inexplicables de cette maladie.

Tous les remedes que la Médecine a pu découvrir par le raisonnement, consistent en quelques applications extérieures, en des cordiaux & des sudorifiques ; mais tout cela est peu efficace. Ce qui vaut infiniment mieux, & que la raison ne pouvoit jamais découvrir, c’est la musique. Voyez Musique.

Dès que le malade a perdu le sentiment & le mouvement, on fait venir un musicien qui essaie diffé-