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Strabon ne connoît qu’une campagne qu’il nomme Themiscyra, & dont il loue beaucoup la fertilité. Etienne le géographe ne parle non plus que de la campagne, qu’il étend depuis Chadisia jusqu’au fleuve Thermodonte. Il a pu y avoir une campagne & une ville de même nom ; & on ne peut raisonablement en douter, parce qu’un trop grand nombre d’auteurs font mention de l’une & de l’autre. Diodore de Sicile, l. IV. c. xvj. en parlant d’Hercule, dit qu’il navigea jusqu’à l’embouchure du Thermodonte, & qu’il campa près de la ville de Themiscyre, où étoit le palais royal de la reine des Amazones. Hérodote, l. IV. c. lxxxvj. met aussi la ville de Themiscyre sur le fleuve Thermodonte. Pomponius Mela, l. I. c. xix. dit qu’il y a une campagne près du Thermodonte, & que c’est dans cette campagne qu’avoit été la ville de Themiscyre. Elle ne subsistoit plus apparemment de son tems.

Enfin Apollonius, l. II. v. 371, joint le promontoire Themiscyreum avec l’embouchure du Thermodonte. Il ne donne pas à la campagne voisine le nom de Themiscyra, il l’appelle Dæantis campus. Sur cela son scholiaste, vers. 373, remarque que Dæas & Alcmon étoient freres ; puis il ajoute que dans la campagne de Dæas il y a trois villes, savoir Lycastia, Themiscyra & Chalybia, & que les Amazones avoient habité ces trois places ; mais comme l’histoire des Amazones est mêlée de bien des fables, on ne peut presque rien dire de certain de leurs villes ni de leurs demeures. Cellar. Géogr. antiq. l. III. c. viij. (D. J.)

THÉMISONE, (Géog. anc.) Themisonium, ville & contrée de l’Asie mineure, dans la Phrygie, selon Pausanias, l. X. c. xxxij. Strabon, l. XII. p. 576. & Etienne le géographe ; Ptolomée, l. V. c. ij. place Themisonium dans la grande Phrygie, & met des peuples nommés Themisonii dans la Lycie. (D. J.)

THÉMISTIADES, (Antiq. greq.) c’est le nom des nymphes de Thémis, ou des prêtresses de son temple à Athènes. (D. J.)

THENÆ, ou THENNÆ, (Géog. anc.) ville de l’île de Crete, au voisinage de Gnosse. Callimaque en fait mention. (D. J.)

THENAR, s. m. en Anatomie, est un muscle qui sert à éloigner le pouce du doigt indice ; c’est pourquoi on le nomme aussi abducteur du pouce.

Il y a un semblable muscle qui appartient au gros orteil, & qui est aussi appellé thenar ou abducteur du gros orteil.

Le thenar, ou l’abducteur du pouce de la main, est situé le long de la partie interne de la premiere phalange du pouce, ou de l’os du métacarpe qui soutient le pouce. Il vient du ligament annulaire interne de l’os du carpe, qui soutient le pouce & se termine le long de la partie externe de la derniere phalange, & à la partie supérieure de la premiere.

Le ténar, ou l’abducteur du gros orteil, est situé tout le long de la face inférieure de l’os du métatarse qui soutient le doigt & le long de la face inférieure, il vient de la partie latérale interne du calcaneum de l’os naviculaire, & se termine au côté interne du pouce sur l’os sésamoïde interne.

THENSE, s. f. (Antiq. rom.) en latin thensa. Les thenses étoient comme nos châsses, ornées de figures. On les faisoit en forme de char, de bois, d’ivoire, & quelquefois d’argent. Il y a une médaille de l’empereur Claude, qu’on trouve également en or & en argent, représentant d’un côté la tête de ce prince couronné de laurier, & ayant de l’autre une thense. C’est un des honneurs qui fut rendu à l’empereur Claude après sa mort, par ordre du sénat. On portoit dans des thenses les statues des dieux ; & s’il est permis de se servir du mot suivant, en parlant des faux dieux, toutes leurs reliques, qui s’appelloient exuviæ, dépouilles. (D. J.)

THENSY, s. m. (Hist. nat. Litholog.) nom que les Chinois donnent à une pierre qui se trouve, dit-on, dans le Katai. Quand on la met sur la langue, on la trouve âcre & caustique ; mise dans le feu, elle répand une odeur arsénicale & désagréable. On en vante l’usage externe pour les tumeurs, après l’avoir fait dissoudre dans de l’eau. Voyez Ephémerides, nat. curiosor.

THEOBROMA, s. m. (Botan.) genre de plante qui renferme le cacao & le guazuma du P. Plumier : voici ses caracteres. Le calice particulier de la fleur est ouvert, & composé de feuilles ovales, concaves & qui tombent. La couronne de la fleur est formée de cinq pétales, droits, ouverts, en casque, & terminés par une soie fendue en deux. Le nectarium est fait en cloche, plus petit que la fleur, & composé de cinq pétales. Les étamines sont cinq filets pointus, de la longueur du nectarium ; chaque filet a son sommet divisé en cinq segmens, & porte cinq bossettes. Le germe du pistil est ovale ; le stile est pointu, & de la longueur du nectarium ; le stigma est simple. Le fruit est ligneux, divisé en cinq côtes sur la surface, qui contiennent autant de cellules remplies de semences. Les semences sont nombreuses, charnues, de forme ovale ; il se trouve quelque différence dans le fruit, selon les différentes especes d’arbres qui le produisent. Le cacaotier a un fruit long, pointu des deux côtés. Le guazuma a le fruit globulaire, chargé de tubercules ; est percé comme un crible, & divisé intérieurement en cinq cellules. Linnæi, Gen. Plant. pag. 367. Plumier, Gen. 18. Tourn. Inst. pag. 444. (D. J.)

THEOCATAGNOSTES, s. m. pl. (Hist. eccles.) secte d’hérétiques ou plutôt de blasphémateurs, qui sont assez téméraires, pour trouver à redire à certaines paroles ou actions de Dieu, & pour blâmer plusieurs choses rapportées dans l’Ecriture.

Ce mot est formé du grec θεὸς, dieu, & καταγινώσκω, je juge ou je condamne.

Marshal, dans ses Tables, place ces hérétiques dans le septieme siecle, on n’en sait pas la raison ; car saint Jean Damascène, qui est le seul auteur qui en ait fait mention, ne dit pas un mot du tems où cette secte s’éleva dans l’Eglise.

A quoi l’on peut ajouter que S. Jean Damascène, dans son Traité des hérésies, appelle souvent hérétiques, ces gens impies & pervers qu’on a trouvés dans tous les tems, & qui cependant n’avoient jamais été auteurs, ni chefs de sectes.

THÉOCRATIE, s. f. (Hist. anc. & politiq.) c’est ainsi que l’on nomme un gouvernement dans lequel une nation est soumise immédiatement à Dieu, qui exerce sa souveraineté sur elle, & lui fait connoître ses volontés par l’organe des prophetes & des ministres à qui il lui plaît de se manifester.

La nation des Hébreux nous fournit le seul exemple d’une vraie théocratie. Ce peuple dont Dieu avoit fait son héritage, gémissoit depuis long-tems sous la tyrannie des Egyptiens, lorsque l’éternel se souvenant de ses promesses, résolut de briser ses liens, & de le mettre en possession de la terre qu’il lui avoit destinée. Il suscita pour sa délivrance un prophete, à qui il communiqua ses volontés ; ce fut Moïse, Dieu le choisit pour être le libérateur de son peuple, & pour lui prescrire des lois dont lui-même étoit l’auteur. Moïse ne fut que l’organe & l’interprete des volontés du ciel, il étoit le ministre de Dieu, qui s’étoit reservé la souveraineté sur les Israélites ; ce prophete leur prescrivit en son nom, le culte qu’ils devoient suivre, & les lois qu’ils devoient observer.

Après Moïse, le peuple hébreu fut gouverné par des juges que Dieu lui permit de choisir. La théocratie ne cessa point pour cela ; les juges étoient les arbitres des différens, & les généraux des armées : assi-