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l’habit d’été, vêtement fort léger, que les honnêtes femmes portoient par-dessus leurs autres habits, mais que les femmes débauchées portoient sur la peau immédiatement, & seul, sans autre habit par-dessus. (D. J.)

THÉRITAS, (Mytholog.) il y avoit à Thérapné, un temple de Mars Théritas, ainsi nommé de Théra, nourrice de ce dieu, ou selon Pausanias, du mot θήρα, qui signifie la chasse, pour faire entendre qu’un guerrier doit avoir l’air terrible dans les combats. La statue de Mars Théritas avoit été apportée de Colchos, par Castor & Pollux, selon la fable. (D. J.)

THERMA, (Géog. anc.) 1°. bains de l’Asie mineure dans la Bithynie. Etienne le géographe dit qu’on les appelloit therma pythia. Ces sources d’eau chaude étoient apparemment au voisinage d’Astacum ; car le même géographe met Pythium près du golfe Astacène. Procope, l. V. ædif. c. iij. fait mention de ces bains. Dans un endroit appellé Pythia, il y a, dit-il, des sources d’eau chaude, d’où plusieurs personnes, & principalement les habitans de Constantinople, tirent un notable soulagement dans leurs maladies. Justinien bâtit dans ce lieu un bain pour l’usage du public, & fit conduire par un canal, des eaux fraîches, afin de tempérer la chaleur des eaux chaudes.

2°. Therma, ville de la Cappadoce ; elle est marquée dans l’itinéraire d’Antonin, sur la route de Taria à Césarée.

3°. Therma, étoit encore une ville située aux confins de la Macédoine, & de la Thessalie, vers les Thermopyles, selon Hérodote, l. VII. (D. J.)

THERMÆ, (Géog. anc.) le nom Thermæ, ainsi que Therma, a été donné à quelques lieux où se trouvoient des sources d’eau chaude. C’est ainsi que les géographes ont nommé Thermæ, non seulement un lieu de l’Attique, au voisinage de la ville de Corinthe, où se trouvoient des bains chauds, mais encore divers autres lieux : par exemple, Therma étoit un lieu de Sicile, avec titre de colonie, sur la côte méridionale de l’île. Les sources d’eaux chaudes qui avoient donné le nom de Thermæ à ce lieu, sont appellées aquæ larodæ, par l’itinéraire d’Antonin, qui les marque à quarante milles d’Agrigente. Ces bains subsistent encore & se trouvent au voisinage du bourg Sciacca. (D. J.)

THERMÆUS SINUS, (Géog. anc.) golfe de la mer Egée, sur la côte de la Macédoine. On le nomme aussi Thermatius sinus ; & ce nom, comme le premier, vient de celui de Therma, que portoit anciennement la ville de Thessalonique, quoiqu’il y en ait qui distinguent Therma de Thessalonique. Ce golfe qui s’avance beaucoup dans les terres, mouille la péninsule de Pallene, la Paraxie, la Chrestonie, la Mygdonie, la Bottiée, la Piérie, la Perrhébie, & la Magnésie ; c’est ce qui a fait que Pline, l. IV. c. x. l’a nommée par excellence le golfe de Macédoine, sinus Macedonicus : on l’appelle présentement golfe de Salonique, ou golfo di Salonichi. (D. J.)

THERMALES, adj. (Médecine.) les eaux chaudes tirent leur vertu d’un mélange de feu & de soufre, qui se trouvent dans les mines voisines des sources, joint à un alkali qui divise ces minéraux & les étend dans l’eau, les y rend miscibles & leur en communique la faculté & les vertus ; les différentes indications dans les maladies se réduisent à lever les obstructions, à corriger les humeurs peccantes, à rétablir la force des fibres, & à chasser tout ce qui nuit à la constitution : on ne peut mieux y satisfaire que par l’usage des eaux chaudes, puisqu’elles ont la vertu d’inciser, de résoudre, & de fondre les humeurs qui croupissent : car elles débouchent les vaisseaux, elles émoussent & corrigent les humeurs acides & salines logées dans les premieres voies ; elles divisent la mucosité gluan-

te du sang, délaient les sucs cruds & mal digerés ;

elles absorbent, enveloppent les parties salines avec lesquelles ils sont mêlés ; elles rétablissent l’action & le jeu des solides, & par-là elles augmentent la circulation du sang, hâtent les secrétions & les excrétions en général & en particulier ; elles sont salutaires dans la phthisie & la cacochymie, dans les maladies de l’estomac, telles que sa bouffissure, son relâchement, le défaut d’appétit, la pesanteur comme dans le cochemar ; elles soulagent & arrêtent le vomissement ordinaire & journalier ; elles arrêtent les chutes de l’anus ; elles calment le ténesme. Elles peuvent aussi soulager dans la cachexie, le scorbut, & les fievres quartes rebelles.

On emploie avec succès les eaux thermales, pour appaiser les hémorrhagies dans plusieurs cas, soit du poumon, soit des hémorrhoïdes ou de la matrice ; & lorsque les écoulemens périodiques sont arrêtés, rien n’est plus propre pour les rétablir, que ces mêmes eaux.

Elles nettoient les conduits urinaires, & préviennent la gravelle, la pierre, & la dysurie ; elles sont bonnes dans les abscès des reins, de l’uretere, & de la vessie, mais avec certaines précautions.

Quant aux maladies du poumon, elles rendent la respiration plus libre, en débarrassant les bronches de la lymphe visqueuse, dans l’asthme, la fausse péripneumonie, & la phthisie, sur-tout lorsque ces maladies sont produites par l’obstruction & la lenteur des humeurs ; aussi le célebre Morthon ordonne-t-il les eaux thermales dans la phthisie, & d’autres remedes qui agissent en suivant les mêmes indications.

Si le savon est un grand remede dans les maladies arthritiques, on peut dire que les eaux chaudes étant sulphureuses & savonneuses, sont bonnes dans les différentes especes de gouttes, telles que la sciatique, le rhumatisme, soit prises intérieurement, soit appliquées au-dehors en bains, en douches, ou en fomentations.

Elles sont aussi émollientes & résolutives pour les tumeurs dures & skirrheuses ; elles fortifient aussi les fibres relâchées, tandis qu’elles relâchent celles qui sont affectées de spasme, ce qui fait que ces eaux sont très bonnes dans la paralysie & la contraction convulsive des membres.

Comme elles détergent & nettoient les conduits excrétoires, elles soulagent dans nombre de maladies cutanées, comme la gale, la gratelle, & la lepre, elles sont efficaces dans les obstructions des glandes de la peau, dans la suppression de la transpiration, dans la dureté & la rigidité de la peau.

Mais comme les remedes les plus salutaires nuisent souvent, sur-tout si les visceres sont affectés, de même les eaux chaudes sont préjudiciables dans certaines maladies de la tête, de la poitrine, & du bas ventre, comme les skirrhes, les tubercules, ou lorsque ces parties, ou leurs viscères sont ulcerés ou affectés d’un empieme.

L’usage de ces eaux est aussi préjudiciable à ceux qui sont disposés à l’apoplexie, à la migraine, à l’épilepsie, aux mouvemens convulsifs, aux polypes, & aux anévrismes, elles nuisent dans les hydropisies, dans les phthisies confirmées, dans les cancers, dans les ulcères phagédéniques.

Lorsqu’il y a des inflammations externes ou internes, on doit les éviter jusqu’à ce que les maladies soient fort calmées.

L’usage de ces eaux, soit intérieur, soit extérieur, demande l’administration des remedes généraux. 1°. la saignée est nécessaire dans les pléthoriques, & dans ceux qui ont le sang épais, pour diminuer la résistance qu’il opposeroit à leur action.

2°. Les purgatifs doivent précéder, de peur que les eaux n’entrainent avec elles la matiere des pre-