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forces qui n’a pas pu soumettre & expulser toute la matiere fébrile dans l’accès précédent. 3°. La reproduction d’une nouvelle matiere fébrile dans l’intervalle. Le danger est toujours plus grand à proportion que les accès se touchent & se multiplient ; cependant la méthode curative ne change pas : on peut seulement augmenter avec prudence, la dose du fébrifuge, & s’y tenir un peu plus long-tems, pour prévenir la récidive. (Le chevalier de Jaucourt.)

Tierce, s. f. en Musique, est la premiere des deux consonnances imparfaites. Voyez Consonnance. Comme les Grecs ne la reconnoissoient pas pour telle, elle n’avoit point parmi eux de nom générique. Nous l’appellons tierce, parce que son intervalle est formé de trois sons, ou de deux degrés diatoniques. A ne considérer les tierces que dans ce dernier sens, c’est-à-dire par leur degré, on en trouve de quatre sortes, deux consonnantes, & deux dissonnantes.

Les consonnantes sont 1°. la tierce majeure, que les Grecs appelloient diton, composée de deux tons comme d’ut à mi ; son rapport est de 4 à 5. 2°. La tierce mineure appellée par les Grecs hemi-diton, est composée d’un ton & demi, comme mi sol ; son rapport est de 5 à 6.

Les tierces dissonnantes sont, 1°. la tierce diminuée, composée de deux semi-tons majeurs, comme si, ré bémol, dont le rapport est de 125 à 144. 2°. La tierce superflue, composée de deux tons & demi, comme fa, la dieze ; son rapport est de 96 à 125.

Ce dernier intervalle ne s’emploie jamais ni dans l’harmonie, ni dans la mélodie. Les Italiens pratiquent assez souvent dans le chant la tierce diminuée ; pour dans l’harmonie, elle n’y sauroit jamais faire qu’un très-mauvais effet.

Les tierces consonnantes sont l’ame de l’harmonie, sur-tout la tierce majeure, qui est sonore & brillante. La tierce mineure a quelque chose de plus triste ; cependant elle ne laisse pas d’avoir beaucoup de douceur, sur-tout quand elle est redoublée.

Nos anciens musiciens avoient sur les tierces des lois presque aussi séveres que sur les quintes ; il n’étoit pas permis d’en faire deux de suite de la même espece, sur-tout par mouvement semblable. Aujourd’hui on fait autant de tierces majeures ou mineures de suite, que la modulation en peut comporter ; & nous avons des duo fort agréables qui, du commencement à la fin, ne procedent que par tierces.

Quoique la tierce entre dans la plupart des accords, elle ne donne son nom à aucun, si ce n’est à celui que quelques-uns appellent accord de tierce quarte, & que nous connoissons plus généralement sous le nom de petite-sixte. Voyez Accord, Sixte. (S)

Tierce de Picardie, les Musiciens appellent ainsi par plaisanterie, la tierce majeure donnée à la finale d’un morceau de musique composé en mode mineur. Comme l’accord parfait majeur est plus harmonieux que le mineur, on se faisoit autrefois une loi de finir toujours sur ce premier : mais cette finale avoit quelque chose de niais & de mal chantant qui l’a fait abandonner, & l’on finit toujours aujourd’hui par l’accord qui convient au mode de la piece, si ce n’est lorsqu’on passe du mineur au majeur ; car alors la finale du premier mode porte élégament la tierce majeure.

Tierce de Picardie, parce que l’usage de cette tierce est resté plus long-tems dans la musique d’église, & par conséquent en Picardie où il y a un grand nombre de cathédrales & autres églises, où l’on fait musique. (S)

Tierce, terme d’Imprimeur, c’est la troisieme épreuve, ou la premiere feuille que l’on tire immédiatement après que la forme a été mise en train, avant que d’imprimer tout le nombre que l’on s’est proposé de tirer sur un ouvrage. Quoiqu’il arrive

que l’on donne trois ou quatre épreuves d’un ouvrage, c’est toujours la derniere qui s’appelle tierce. Le prote doit collationner avec grande attention, sur la tierce, si les fautes marquées sur la derniere épreuve ont été exactement corrigées. La tierce doit ressembler à une premiere bonne feuille, & être exempte de tout défaut, sans quoi on en exige une autre. Voyez Mettre en train.

Tierce, (Lainage.) en terme de commerce de laines d’Espagne, on appelle laine tierce, la troisieme sorte de laine qui vient de ce royaume ; c’est la moindre de toutes. Savary. (D. J.)

Tierce, (Jeu d’orgue.) est faite en plomb, & a tous ses tuyaux ouverts. Voyez la fig. 41. jeu d’Orgue. Ce jeu sonne l’octave au-dessus de la double tierce, qui sonne l’octave au-dessus du prestant. Voyez la table du rapport & de l’étendue des jeux d’Orgue.

Tierce double, (Jeu d’orgue.) sonne la tierce au-dessus du prestant ou du quatre piés. Ce jeu a quatre octaves, & est fait comme le nazared, en ce cas il a des oreilles, ou est fait comme la tierce qui n’en a point : sa matiere est le plomb. Voyez l’article Orgue, & la table du rapport & de l’étendue des jeux de l’orgue.

Tierces plumes, en Plumacerie, ce sont des plumes d’autruche qui à force d’être sur l’oiseau, sont usées au point qu’il ne reste presque plus de franges sur la tige.

Tierce, (Comm.) en Angleterre est une mesure pour des choses liquides, comme du vin, de l’huile, &c. elle contient le tiers d’une pipe, ou 42 gallons ; un gallon contient environ 4 pintes de Paris. Voyez Mesure, Gallon.

Tierce, estocade de, (Escrime.) est un coup d’épée qu’on alonge à l’ennemi dehors, & sur les armes. Voyez Tirer dehors les armes, & sur les armes.

Pour exécuter cette estocade, il faut 1°. faire du bras droit & de la main droite, tout ce qui a été enseigné pour parer en tierce, & effacer de même : 2°. étendre subitement le jarret gauche pour chasser le corps en avant : 3°. avancer le pié droit vers l’ennemi, à quatre longueurs de pié de distance d’un talon à l’autre : 4°. le genou droit plié, le gauche bien étendu, & le tibia perpendiculaire à l’horison : 5°. développer le bras gauche avec action la main ouverte, & avancer le corps jusqu’à ce que le bout des doigts soit sur l’à-plomb du talon gauche : 6°. le dedans de la main gauche tourné de même côté que le dedans de la droite, le pouce du côté de la terre & à hauteur de la ceinture : 7°. regarder l’ennemi par le dedans du bras droit : 8°. faire tout le reste comme à l’estocade de quarte. Voyez Estocade de quarte.

Tierce, parer en, (Escrime.) c’est détourner du vrai tranchant de son épée, celle de son ennemi sur une estocade qu’il porte dehors, & sur les armes. Voyez Tirer hors les armes, & sur les armes.

Pour exécuter cette parade, il faut 1°. sans varier la pointe d’aucun côté, élever le poignet à la hauteur du nœud de l’épaule : 2°. avancer un peu le haut du corps vers l’ennemi, en tournant l’axe des épaules à droite. (Voyez Effacer.) 3°. tourner la main droite de façon que le vrai tranchant soit sur l’alignement du coude, & mettre le plat de la lame parallele à l’horison : 4°. porter le talon du vrai tranchant du côté de l’épée ennemie, jusqu’à ce que la garde ait passé l’alignement du corps : 5°. regarder l’ennemi par le dedans du bras : 6°. serrer la poignée de l’épée avec toute la main, dans l’instant qu’on la tourne. Nota, qu’on fait tous ces mouvemens d’un seul tems & avec action.

Tierces ou Tierches, terme de Blason, ce sont fasces en devise qui se mettent trois à trois, comme