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trefois ville, maintenant simple bourg d’Irlande au comté de Galloway, dans la province de Connaught, dont elle a été la capitale, en sorte qu’il y a un archevêque qui y réside encore. Longit. 8. 50. latit. 53. 25.

TOBI, ou TARANOO, s. m. (Hist. nat. Botan.) c’est une plante du Japon, qui par l’épaisseur de ses feuilles & par ses branches terminées en épis de fleurs, & appliquées contre la tige, ressemble, suivant la signification de son nom, à une queue de dragon. Ses feuilles sont étroites, inégalement dentelées. Ses fleurs sont d’un bleu clair, en forme de tuyau, & partagées en quatre levres. Voyez Kempfer.

TOBIE, livre de, (Critiq. sacrée) ce livre de l’Ecriture que le concile de Trente a déclaré canonique, finit à la destruction de Ninive. Il fut d’abord écrit en chaldaïque par quelque juif de Babylone. C’étoit originairement, selon les apparences, un extrait des mémoires de la famille qu’il concerne, commencé par Tobie lui-même, continué par son fils, mis ensuite par l’auteur chaldéen dans la forme que nous l’avons maintenant.

S. Jérôme le traduisit du chaldaïque en latin, & sa version est celle de l’édition vulgate de la bible. Mais il y en a une version greque qui est beaucoup plus ancienne ; car nous voyons que Polycarpe, Clément d’Alexandrie & d’autres peres plus anciens que S. Jérôme s’en sont servis. C’est sur celle-ci qu’a été faite la version syriaque, aussi-bien que l’angloise. L’original chaldaïque ne subsiste plus. A l’égard des versions hebraïques de ce livre, elles sont, aussi-bien que celle de Judith, d’une composition moderne.

Comme il est plus facile d’établir la chronologie de ce livre, que celui de Judith, il n’a pas essuyé autant de contradictions de la part des savans. Les Juifs & les Chrétiens généralement le regardent comme une véritable histoire, à la reserve de certaines circonstances qui sont évidemment fabuleuses. Telles sont cet ange qui accompagne Tobie dans un long voyage sous la figure d’Azaria, l’histoire de la fille de Raguel, l’expulsion du démon par la fumée du cœur & du foie d’un poisson, & la guérison de l’aveuglement de Tobie par le fiel du même poisson ; ce sont-là autant de choses qu’on ne peut recevoir sans une extrème crédulité. Elles ressemblent plus aux fictions d’Homere qu’à des histoires sacrées, & forment par-là contre ce livre un préjugé où celui de Judith n’est point exposé.

Tel qu’il est pourtant, il peut servir à nous présenter les devoirs de la charité & de la patience, dans l’exemple de Tobie, toujours empressé à secourir ses freres affligés, & soutenant avec une pieuse résignation son esclavage, sa pauvreté, la perte de sa vue, aussi long-tems qu’il plaît à Dieu de le mettre à ces épreuves.

Les versions latines & greques dont j’ai déja parlé, different en plusieurs choses, chacune rapportant des circonstances qui ne se trouvent pas dans l’autre. Mais la version latine doit céder à la greque, car S. Jérôme, avant qu’il entendît la langue chaldaïque, composa sa version par le secours d’un juif, mettant en latin ce que le juif lui dictoit en hébreu, d’après l’original chaldaïque ; & de cette maniere il acheva cet ouvrage en un seul jour, comme il nous l’apprend lui-même. Une besogne faite si à la hâte & de cette maniere, ne peut qu’être pleine de méprises & d’inexactitudes. Il n’en est pas de même de sa version du livre de Judith. Il la fit dans un tems où par son application a l’étude des langues orientales, il s’étoit rendu aussi habile dans le chaldaïque qu’il l’étoit déja en hébreu ; il la composa d’ailleurs avec beaucoup de soin, comparant exactement les divers exemplaires, & ne faisant usage que de ceux qui lui paroissoient les meilleurs. Ainsi la version que ce pere a faite de

ce livre, a un avantage sur la greque à laquelle l’autre ne peut prétendre.

Si S. Jérôme a fait sa version de Tobie sur un bon exemplaire, & s’il ne s’est point mépris lui-même en la traduisant, toute l’autorité du livre est détruite par un seul endroit de sa version ; c’est le v. 7. du ch. xjv. où il est parlé du temple de Jérusalem comme déja brûlé & détruit : circonstance qui rend cette histoire absolument incompatible avec le tems où on la place. La version greque ne donne point lieu à cette objection. Elle ne parle de cette destruction que par voie de prédiction, comme d’un événement futur, & non historiquement comme d’une chose déja arrivée, comme fait S. Jérôme. Malgré cela l’Eglise de Rome n’a pas laissé de canoniser la version de ce pere. Tout ce qu’on peut dire sur ce sujet, c’est que si le fonds de l’histoire de Tobie est véritable, l’auteur du livre y a mêlé plusieurs fictions qui la décréditent. (D. J.)

TOBIRA, s. m. (Hist. nat. Botan.) grand arbrisseau du Japon, qui ressemble par sa forme au cerisier, & sa fleur à celle de l’oranger, avec l’odeur de celle du sagapenum. Ses branches sont longues & partagées dans un même endroit en plusieurs rameaux ; son bois est mou, sa moëlle grosse ; son écorce raboteuse, d’un verd brun, grasse, se séparant aisément, & donnant une résine blanche & tenace. Ses feuilles dont le pédicule est court, sont disposées en rond autour des petites branches ; elles sont longues de deux ou trois pouces, fermes, grasses, étroites par le bas, rondes ou ovales à l’extrémité, sans découpure, & d’un verd foncé par-dessus. Ses fleurs, dont le pédicule a près d’un pouce de long, sont ramassées en bouquets à l’extrémité des rameaux, & font paroître l’arbre au mois de Mai, comme couvert de neige. Elles sont à cinq pétales, semblables en figure & en grandeur à celles d’un oranger, & d’une odeur très-agréable ; elles ont cinq étamines de même couleur que la fleur, mais rousses à leur pointe qui est assez longue, & un pistil court. Ses fruits sont parfaitement ronds, plus gros qu’une cerise ; rouges, marqués de trois sillons, qui en automne deviennent autant de fentes profondes, couvertes d’une peau forte & grasse ; ses semences au nombre de trois sont rousses, à plusieurs angles, & leur substance intérieure est blanche, dure & d’une odeur très-fétide.

TOBIUS, (Géog. anc.) fleuve de la grande Bretagne. Ptolomée, l. II. c. iij. marque son embouchure sur la côte occidentale, entre le promontoire Octapitarum, & l’embouchure du fleuve Ratostathylius. Le nom moderne est le Toweg, selon Cambden.

TOBOL, (Géogr. mod.) Tobolsca, Tobolski, ville considérable de l’empire russien, capitale de la Sibérie, à environ 400 lieues au levant de Petersbourg, & à 160 au midi de Peresow. Elle est située d’un côté sur la rive droite de la grande riviere nommée Irtis, qui se jette dans l’Obi, & de l’autre côté sur celle de Tobol, qui lui donne son nom. Elle est habitée par des tartares grecs & mahométans, & par des russes. C’est la résidence d’un vice-roi, ou gouverneur général, nommé par la cour de Russie, dont la jurisdiction a une très-grande étendue, & le magasin des tributs en pelleteries que tout le pays paye à la Russie. Cette ville a un archevêque dont la jurisdiction spirituelle s’étend sur toute la Sibérie.

Les effets du vent du nord sont si terribles en Sibérie, qu’à Tobol, lorsque ce vent a soufflé trois jours de suite, on voit les oiseaux tomber morts. Au bout de trois jours, le vent tourne ordinairement au sud ; mais comme ce n’est qu’un reflux de l’air glacé de la nouvelle Zemble, que repousse le sommet du Poïas-Semnoï, il est aussi froid que le vent du nord même. Long. de Tobol, 50. lat. 57. 40. (D. J.)