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sant une stilet par un des bouts des tubulaires, on les fait sortir par l’autre. Peut-être que dans cette opération le ligament qui les retient est si fragile qu’on n’y apperçoit aucune rupture. Leur forme tortueuse fait assez soupçonner qu’ils sont libres entierement dans leur étui, & qu’à l’exemple de la teigne, ils forment leur fourreau indépendant de leurs corps.

La plus grande partie du corps du dentale est couverte d’une teinte blanche, au-travers de laquelle percent plusieurs petits vaisseaux intestinaux d’un jaune foncé. Lorsque ce testacé est caché dans son étui, il se ramasse du côté de la tête ; mais lorsqu’il s’alonge, cette masse se développe : alors il se forme un bouton pyramidal qui se trouve enveloppé d’un capuchon ; à l’extrémité du bouton est une très-petite ouverture par où le dentale prend la nourriture.

Comme le dentale reste presque toujours ensablé dans une attitude verticale ou perpendiculaire, il s’alonge de côté & d’autre jusqu’à la surface du terrein, sans que les flots des la mer puissent l’ébranler.

Lorsqu’il est à sec sur la greve, & qu’il craint de succomber à ses efforts, il fait sortir de la pointe tronquée de sa coquille (j’entends de celle opposée à la tête) une espece de filament ou jambe, dont l’étendue n’a que 5 à 6 lignes, & qui va un peu en serpentant, souvent en forme d’une petite poire. Il enfonce cette jambe dans le terrein, ce qui affermit sa coquille : il la termine dans une plaque ronde, dont les rebords présentent le calice d’une fleur à 5 pans. Cette partie, qui peut avoir un demi-pouce, & par laquelle il est à croire que passent les alimens, est très blanche, & ne paroît en-dehors dans toute son étendue, qu’autant que la tête ne jouit pas de toute sa liberté.

Le dentale n’a point d’opercule, & pour se sous traire à ce qui pourroit extérieurement le blesser, il s’avance si avant dans un étui, qu’il n’est guere possible de le pouvoir atteindre.

L’antale qu’on ne trouve que rarement dans la plûpart des ports de mer, est présumé avoir la même construction & les mêmes habitudes ; l’analogie l’enseigne ainsi : on a déja dit qu’il étoit moins gros que le dentale ; & c’est la seule différence qu’on y peut trouver. Voyez Aldrovand, Jonston, mém. de l’académie des Sciences, & surtout la conchyliogie de M. Dargenville. (D. J.)

Tuyaux d’orgue, voyez Orgue de mer.

Tuyau chambré ou cloisonné, (Hist. nat.) tubulus concameratus, polythalamium, orthoceratites, c’est une coquille de forme conique, dont l’intérieur est séparé par des cloisons comme la corne d’ammon. Cette coquille ne se trouve que pétrifiée. Voyez l’article Orthoceratite.

TUYERE, s. f. (Métallurgie.) c’est ainsi qu’on nomme dans les fonderies, une espece de tuyau de cuivre, de fer fondu ou de tôle, dans lequel on ajuste le bec des soufflets qui doivent faire aller le feu dans les fourneaux où l’on traite les mines & les métaux. La tuyere se place à la partie postérieure du fourneau dans un trou quarré pratiqué pour la recevoir ; on lui donne toujours un peu d’inclinaison de haut-en-bas, afin qu’elle dirige le vent des soufflets sur la mine en fusion ; cette disposition est une chose essentielle pour que la fusion se fasse convenablement. Lorsqu’on se sert de deux soufflets à la fois, il faut aussi que la tuyere soit double.

TWEDE, la, (Géog. mod.) riviere qui sépare l’Angleterre de l’Ecosse. Elle se jette dans la mer auprès de Berwick, sur les frontieres d’Ecosse. (D. J.)

TWENTE, (Géog. mod.) canton des Pays-bas, dans la province d’Ovérissel, sur les confins de la Westphalie. Oldensel en est le chef-lieu. (D. J.)

TWESDALE, (Géog. mod.) province de l’Ecosse méridionale, qui prend son nom de la riviere de Twede qui la traverse. Elle a environ 28 milles de longueur sur 18 de largeur. Ses montagnes sont couvertes de pâturages, où l’on nourrit de nombreux troupeaux ; ses rivieres & ses lacs abondent en poisson. Peebles est la capitale. (D. J.)

TUXIUM, (Géog. anc.) ville d’Italie, & la capitale des Samnites, selon Plutarque, parall. p. 315. Il dit que Fabius Fabricianus en pillant cette ville, en enleva la Vénus victorieuse qui y étoit adorée, & la fit porter à Rome. (D. J.)

TUY, (Géog. mod.) ville d’Espagne dans la Galice, sur une montagne, au pié de laquelle coule le Minho, vis-à-vis & tout proche de Valence, à 24 lieues au midi de Compostel, & à 100 au nord-ouest de Madrid. Elle a titre de cité, avec un évêché suffragant de Compostelle, & son évêque jouit de quatre milles ducats de revenu. Comme c’est une place frontiere, on y tient toujours bonne garnison. Son territoire est très agréable & très-fertile, outre que l’air y est tempéré. Long. 8. 55. latit. 41. 54. (D. J.)

T Y

TYAHILLAUD, cri de chasse, d’usage lorsque le cerf commence à dresser par les faites, & que le veneur en est certain ; c’est ainsi qu’il crie jusqu’à ce que les chiens soient arrivés à lui, & c’est ainsi que crient les piqueurs lorsqu’ils voyent ce cerf.

TYAN, (Géog. mod.) petite ville d’Irlande, dans la province d’Ulster, au comté d’Armagh, sur les frontieres du comté de Tyrone & de Monaghan. (D. J.)

TYANE, (Géog. anc.) Tyana, ville de la Cappadoce, dans la préfecture tyanitide, selon Ptolomée, l. V. c. vj. Strabon, l. XII. p. 537, en fait la seule ville de cette préfecture. Pline, l. VI. c. iij. & Arrien, I. Peripl. connoissent aussi cette ville. Ce dernier dit qu’on la nommoit Thyana pour Thoana, nom qui lui avoit été donné par Thoas, roi de Chersonnèse taurique.

Cette ville est principalement connue pour avoir donné la naissance à Apollonius, surnommé par cette raison, de Tyane, l’un des hommes du monde dont on a dit les choses les plus étranges ; & en effet il mena une vie fort extraordinaire. Il naquit vers le commencement du premier siecle, & dès l’âge de seize ans il se montra un observateur rigide de la regle de Pythagore, renonçant au vin, aux femmes, ne portant point de souliers, laissant croître ses cheveux, & ne s’habillant que de toile. Il fit élection de domicile dans un temple d’Esculape, où bien des malades alloient lui demander leur guérison. Il passa cinq ans sans parler, & ensuite après avoir donné une partie de son bien à un frere aîné & à des parens pauvres, il se mit à voyager presque dans toutes les parties du monde, condamnant dans sa route le luxe & les plaisirs, & recommandant les œuvres de charité.

Il avoit coutume de dire qu’il étoit convenable de bien parler de tous les dieux quels qu’ils fussent, & il répétoit cette maxime principalement à Athènes, où plusieurs autels étoient dédiés à des dieux même inconnus. S’étant présenté à Eleusis pour être initié dans les mysteres, l’hyérophante le refusa d’abord, sous prétexte qu’il étoit magicien, & qu’il se vantoit de connoître les pensées des hommes. Vaincu néanmoins par le mécontentement général que son refus excitoit, il offrit de l’initier. Je le serai, lui répondit Apollonius, mais ce sera par un autre que vous : ce qui arriva, selon Philostrate, au bout de quatre ans. Il mourut fort âgé, sans qu’on ait pu savoir ni où ni de quelle maniere.