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geux d’en restreindre le nombre effréné. Quant aux charges militaires, comme elles sont le prix destiné à la noblesse, au courage, aux belles actions, la suppression de toute vénalité en ce genre ne sauroit trop tôt avoir lieu. (D. J.)

VENA-MEDENI, (Médec. des Arabes.) le venamedeni des auteurs arabes n’est autre chose, suivant toute apparence, que la maladie causée par les petits insectes nommés dragoneaux, qui s’enfoncent dans les chairs, & y excitent des ulceres ; ce qu’il y a de singulier, c’est qu’Agatharchide le cnidien, qui fleurissoit sous Ptolomée Philometor, en a parlé le premier. Cet homme celebre est connu par plusieurs anciens écrivains qui font une honorable mention de lui.

M. le Clerc le range parmi les médecins de son tems, quoique ce ne fut pas sa profession, mais parce que dans son histoire il parle d’une maladie dont Hippocrate ni ses prédécesseurs n’ont rien dit.

Plutarque nous informe, sur l’autorité de cet historien, que les peuples qui habitent autour de la mer Rouge, entr’autres maladies étranges auxquelles ils sont sujets, sont souvent tourmentés de certains petits insectes qui se trouvent dans leurs jambes ou dans leurs bras, & leur mangent ces parties. Ces animaux montrent quelquefois un peu la tête, mais sitôt qu’on les touche, ils rentrent & s’enfoncent dans la chair, où s’y nichant de tous côtés, ils y causent des inflammations insupportables. Plutarque ajoute qu’avant le tems d’Agatarchide, ni même depuis, personne n’avoit rien vu de semblable en d’autres lieux. Le mal des contrées bordées par la mer Rouge, & que produit cet insecte, est certainement le vena-medeni des Arabes. Le même insecte cause encore aujourd’hui les mêmes maux, non-seulement aux peuples dont il est ici parlé, mais à ceux qui habitent les côtes de la Guinée, & les parties méridionales de la Perse. Vous en trouverez la preuve dans l’histoire naturelle de la Meque ; & quant à cet insecte qui se loge entre cuir & chair, voyez son article au mot Dragonneau. (D. J.)

VENANT saint, (Géog. mod.) petite ville de France, dans l’Artois, sur la Lys, à 2 lieues au levant d’Aire, & à 12 au sud-est de Dunkerque. Elle a des écluses, & quelques fortifications pour sa défense. Long. 20. 15. latit. 50. 37. (D. J.)

VÉNASQUE, (Géog. mod.) 1°. en latin du moyen âge Vendasca ou Vendausca ; ville des états du pape dans le comtat Venaissin dont elle a été autrefois la capitale, & auquel elle a donné son nom ; c’est aujourd’hui une petite place misérable, Carpentras lui ayant enlevé ses prérogatives, & en particulier son épiscopat.

2°. Vénasque, ou plutôt Benasca, est encore le nom françois d’une petite ville d’Espagne, au royaume d’Aragon, sur la riviere d’Essera, avec un château où on tient garnison. Son terroir produit d’excellent vin. (D. J.)

VENCE, (Géog. mod.) en latin Vencium ; ville de France, dans la Provence, à 2 lieues au nord-est d’Antibes, & à 3 de Grasse, avec évêché suffragant d’Embrun. C’est un très-petit évêché qui n’a que 23 paroisses, & dont le revenu peut aller à dix mille livres. On a tenté plusieurs fois sans succès d’unir cet évêché à celui de Grasse. Il a en partie la seigneurie temporelle de la ville Vence. Cette ville si chetive aujourd’hui, appartenoit autrefois aux peuples Nérasiens, & Ptolomée en fait mention. Elle fut attribuée par les Romains à la province des Alpes maritimes. Long. 24. 46. lat. 43. 44. (D. J.)

VENCU, s. m. (Hist. nat. Botan. exot.) nom chinois d’un excellent fruit fort commun dans leur pays & dans les Indes orientales ; c’est le jambos d’Acosta, le pompebinos des Hollandois de Batavia, le jamboa, ou jambeïro des Portugais. Voyez Jambeiro.

VENDANGE, s. f. VENDANGER, (Econom. rust.) c’est faire la récolte des vignes, des muscats, chasselas, bourdelais, verjus, pommiers, poiriers, cormiers dont on fait différentes liqueurs, telles que du vin, du verjus, du poiré, du cidre & du cormié.

Vendanger, (Critiq. sacrée.) la récolte des vins, chez les Hébreux, étoit accompagnée de festins & de réjouissances, Is. xxv. 6. mais vendanger a dans l’Ecriture des significations métaphoriques tirées du dépouillement qu’on fait de la vigne ; ainsi ce mot se prend pour ravager, & les Hébreux se servent assez souvent de cette métaphore. (D. J.)

VENDÉE la, (Géog. mod.) petite riviere de France en Poitou. Elle a sa source près des bois du Pays-de-Serre, & tombe dans la mer vis-à-vis de Marans. (D. J.)

VENDENIS, (Géog. anc.) ville de la haute Mœsie. Elle est marquée par Ptolomée, l. III. c. jx. au nombre des villes qui étoient éloignées du Danube. Le nom moderne est Ravenitzen, selon Lazius.

VENDEUR, s. m. (Gramm. & Comm.) celui qui vend. Voyez Vendre. Ce terme se dit en général de toute personne qui cede & livre à une autre quelque chose, soit héritage, soit contrat, soit marchandise, pour un prix convenu entre elles. Celui qui vend ce qui ne lui appartient pas s’appelle faux vendeur ou stellionataire. Voyez Stellionataire.

Vendeur, en fait de marchandises, ne se dit guere que de celui qui vend de petites denrées ou des friandises. Un vendeur d’allumettes, un vendeur de petits pâtés, &c. On le dit aussi des femmes qui font ces sortes de petits négoces. Une vendeuse de pain d’épice, de pommes, d’oranges, &c.

Vendeurs, se dit aussi de certains officiers du châtelet de Paris, institués pour crier, priser & vendre les meubles saisis qui se vendent publiquement au plus offrant & dernier enchérisseur par ordre de justice, ou volontairement après le décès des propriétaires. Les sergens à verge du châtelet de Paris prennent le titre de jurés-priseurs, crieurs, & vendeurs de meubles. Voyez Priseur. Dictionn. de Comm.

Vendeur, juré-vendeur, c’est en France un officier établi par le roi pour ce qui concerne la vente de certaines especes de marchandises. On les appelle jurés, à cause du serment qu’ils font lorsqu’ils sont reçus à cet office, & aussi parce qu’ils font quelques-unes des fonctions de ce qu’on appelle jurés dans les corps des marchands & les communautés des arts & métiers.

Il y a à Paris plusieurs jurés-vendeurs, entr’autres des jurés-vendeurs de vin, des jurés-vendeurs de cuirs, des jurés-vendeurs de marée ou poisson de mer, & des jurés-vendeurs de volailles, & quelques autres moins considérables.

Ces officiers sont établis pour payer comptant aux marchands forains lorsqu’ils sont convenus avec les acheteurs, les sommes auxquelles se monte la vente de leurs marchandises, desquelles ces vendeurs se chargent à leur propre compte, & en font à leurs risques, périls & fortunes le recouvrement sur les acheteurs.

Pour faire ces avances, les vendeurs sont tenus de faire un certain fonds ordinairement réglé par les édits & déclarations de leur établissement, qui en cas de mort est remboursé à leurs héritiers, & remplacé par le nouveau vendeur qui est pourvu de l’office vacant.

Chaque communauté de vendeurs doit avoir son bureau pour s’assembler, & son registre pour y enregistrer les ventes & prix des marchandises, les noms des marchands forains & ceux des acheteurs. Ils ont aussi leurs officiers qu’ils élisent tous les ans, savoir un ou deux receveurs, deux ou plusieurs syndics ; quelques-uns n’en ont point, mais des caissiers & des commis.