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plus grand scrupule, pour en séparer les dégradations du four qui auroient pû y tomber, & les autres parties hétérogenes qui par hasard s’y rencontreroient.

Les compositions faites en soude, sont bien plus longues & bien plus difficiles à fritter que celles qu’on fait en salin, la raison en est bien sensible ; la soude renferme beaucoup de principe colorant, & n’a subi aucune opération qui pût l’en priver, comme le salin qui a passé par une premiere calcination ; aussi se conduit-on bien différemment pour travailler les compositions en soude, que pour fritter des compositions en salin. On fritte les premieres deux fois ; la premiere tient lieu de la calcination que subit le salin avant d’être employé ; on fritte cette fois sans manganese : on défourne la composition, on l’écrase si elle est prise, on y ajoute la manganese, & on la remet au four où elle subit une seconde fritte d’environ quatre heures, qu’on appelle repassée. Les frittes en sel sont environ le même tems à le faire, & ne sont conséquemment que des sortes de repassées.

La premiere fois qu’on enfourne les compositions en soude, elles subissent environ huit heures de chauffe.

On voit dans la Planche XII. les plans & coupes des fours à fritte en usage ; le pavé du four présente une surface ronde A de cinq piés de rayon ; il est fait en briques posées de champ comme nous avons vu, qu’étoit le pavé des arches à pots.

Le pavé A est elevé sur un massif en bonne pierre de la hauteur de trente pouces. (Fig. 2 & 3. même planche.) Le four est ouvert d’une gueule B destinée au travail ; elle a dix-huit ou vingt pouces de large, & est ceintrée à plein ceintre. On laisse à la gueule le moins d’épaisseur qu’il est possible, & seulement celle qu’il faut pour la solidité du four : on forme un relai txzy de six pouces qu’on place de maniere que tz=quatre piés, & au-dessus duquel on forme un ceintre de pareille hauteur, qu’on trouve exprimé en zek &. (fig. 4, Pl. XIII.) Le relai tx (Planche XII, fig. 1.) donne lieu de poser une tôle ou ferrasse devant le four quand on en a besoin, & son éloignement de la gueule donne la facilité d’atteindre toutes les parties du four avec le rable. C’est aussi pour cette facilité que quelquefois on ôte au four la forme circulaire de 2 en 1, & on lui fait prendre la forme 1, 3, 2. On place à la gueule du four une plaque de fonte cf qui s’engage de chaque côté sous la maçonnerie, & qui déborde un peu le massif ; lorsque la fritte est faite, on la fait tomber dans un bassin MN pratiqué depuis le pié droit F de la cheminée jusqu’au tisar, dans la vue d’y laisser refroidir la fritte : ce bassin est d’une largeur de trois piés, la plaque ef empeche par sa position la fritte de toucher le massif en tombant. La voute du four est élevée du rayon de son aire, c’est-à-dite, de cinq piés ; on peut la concevoir formée par la partie BTS 4 qui a tourné au tour du diametre B 4 jusqu’à ce qu’elle ait été s’appliquer sur la partie B 54.

De quelque maniere qu’on coupe le four, par la ligne mn, ou par la ligne cd, comme dans les figures 2, 3, la courbe que sa voûte présentera, sera toujours la même, le four n’étant qu’une demi-sphere, dont le rayon est de cinq piés.

Le four à fritte est chauffé par le tisar ED de dix-huit pouces de large & d’environ sept piés de long. Le tisar peut être indifféremment à droite ou à gauche de la gueule du four, suivant l’emplacement que l’on a. Laissant un pié pour l’épaisseur 2 6 des murs du four, le tisar se trouve à six piés de la ligne cd, & sa ligne du milieu conséquemment à six piés neuf pouces.

Le tisar est dirigé parallelement à la ligne c d.

Si l’on considere le devant du massif du four désigné par la ligne 7 8, on verra que le tisar est plus enfoncé d’environ un pié, & que l’ouverture C depuis le four jusqu’au pié droit F de la cheminée, est de deux piés, au moyen de quoi on a de chaque côté du tisar un relais 9, 10, 11, 12, pour placer la porte qui sert de fermeture au tisar. Les barreaux du tisar sont élevés de deux piés au-dessus de terre (qr, fig. 2, Pl. XII.) : ce qui les place à six pouces au-dessous du pavé. Le ceintre du tisar est élevé de deux piés au-dessus des barreaux. Les barreaux du tisar sont bien plus solides lorsqu’on les fait en bonne fonte, que lorsqu’on les fait en fer.

Le feu du tisar se communique dans le four par une ouverture ST (fig. 1, Pt. XII.) d’environ cinq piés de large, & prenant à l’extrémité D du tisar. L’ouverture commence à six pouces au-dessus du pavé (fig. 3. Pl. XII.) ; les barreaux du tisar & par conséquent le feu se trouvent environ à un pié au-dessous de l’ouverture, & par-là on évite le danger de faire tomber des charbons dans la fritte, en jettant du bois dans le tisar ou en l’y remuant.

On peut regarder l’ouverture ST comme une maniere d’entonnoir, puisque du côté du four elle a la hauteur du four, & du côté du tisar, celle du tisar, qui est bien moindre. Cette disposition en entonnoir paroît la plus favorable pour déployer la flamme dans le four & lui donner plus d’étendue. Le cendrier a environ cinq piés de profondeur au-dessous des barreaux du tisar ; il s’avance d’un pié plus que le tisar, c’est-à-dire en 8, 14, à l’alignement du devant du four.

On voit (fig. 4, Pl. XIII.) la maniere dont on dispose le devant d’un four à fritte pour pouvoir y travailler. De chaque côté de la gueule du four on place une barre de fer verticale, telle que 1, 2, 3, 4. Elles sont l’une & l’autre retenues par d’autres barres engagées dans la maçonnerie, & dont il ne sort que les bouts 1, 2, 3, 4, formés en anneau Les barres verticales sont armées de crochets élevés d’environ six pouces au-dessus de la plaque du devant du four. On pose sur ces crochets une barre horisontale xy, garnie de chevilles, & connue sous le nom de barre du four à fritte.

On pratique une cheminée au-devant des fours à fritte pour recevoir les fumées. Les piés droits en sont placés, l’un au tisar, l’autre à l’extrémité opposée du bassin MN (voyez F F, Pl. XII.). La cheminée a trois piés de profondeur, & son manteau est élevé de six piés au-dessus de terre (fig. 4, Pl. XIII.). Il seroit à craindre qu’il ne tombât par le tuyau de la cheminée, des saletés, comme suie, &c. dans le bassin MN, ou la fritte demeure un peu de tems. On prévient cet inconvénient en dirigeant le tuyau au-dessus du tisar jusqu’où le bassin ne s’étend pas ; mais ce remede n’est qu’un palliatif ; il peut tomber des ordures du manteau comme du tuyau, & alors elles iroient nécessairement dans le bassin. Il n’y auroit qu’à abattre la fritte dans un coffre de tôle posé sur des roulettes ; dès que la fritte seroit abattue, on la retireroit de dessous le manteau de la cheminée, & on la laisseroit refroidir en sûreté.

Au-dessus du four à fritte, on pratique un appartement bien propre i, (fig. 2 & 3, Pl. XII.) qu’on remplit de sable lavé, pour l’y faire sécher ; l’appartement i s’appelle sablonette.

On se sert aussi de fours à fritte double(Pl. XIII.). Ceux-ci ne sont point differens de ceux que nous venons de décrire : c’est simplement deux de ces derniers construits à côté l’un de l’autre, présentant leur devant HI, HI (Pl. XIII. fig. 1.) sur la même ligne, communiquant par les ouvertures BC, BC, au même tisar FG, qui leur est commun, & qui au lieu d’avoir sa gueule sur la même face que celles des