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dre, puisse atteindre les yeux, elle produit des ophthalmies très-graves.

La vesce-de-loup est comptée parmi les remedes stiptiques les plus puissans. En Allemagne tous les chirurgiens en gardent après en avoir ôté la poussiere ; ils les font dessécher, & ils les réduisent en poudre qu’ils emploient pour arrêter le sang, & pour dessécher les ulceres. Ce remede n’est point usité chez nous. (b)

VESCIA, (Géog. anc.) ville d’Italie dans l’Ausonie. Cluvier, Ital. ant. l. III. c. x. place cette ville & le territoire Vescinus, entre le mont Massicus & le fleuve Liris. Tite-Live fait mention de cette ville & de son territoire en plusieurs endroits, par exemple, l. VIII. c. xj. & l. X. c. xxj. (D. J.)

VESCITANIA REGIO, (Géog. anc.) contrée de l’Espagne tarragonoise, & qui faisoit partie du pays des Ilergetes, selon Pline, l. III. c. ilj. Les Oscenses habitoient une partie de cette contrée.

VESELIZE, (Géog. mod.) en latin moderne Veselium ; petite ville de France dans la Lorraine, chef-lieu du comté de Vaud mont, sur la riviere de Brenon, à 7 lieues au sud-ouest de Nanci. Long. 23. 44. latit. 48. 25. (D. J.)

VESENTINI, (Géog. anc.) peuples d’Italie dans la Toscane, selon Pline, l. III. c. v. Ils habitoient sur le bord du lac Volsinien, appellé présentement Lago di Bolsena. Il n’y a pas de doute que leur ville ou leur bourgade, se nommoit autrefois Vesentium ou Visentium, & que ce nom se conserve encore aujourd’hui dans celui de Bisentio, où l’on a trouvé une ancienne inscription avec ces mots : Virtuti Visent. sacr.

VESERIS, (Géog. anc.) les anciens nomment ainsi le lieu où fut donnée la fameuse bataille des Romains contre les Latins, où P. Decius Mus se dévoua aux Manes, pour le salut de l’armée romaine.

Ce lieu étoit dans la Campanie, dans les plaines qui sont au pié du mont Vésuve. Aurelius Victor, in P. Decio patre, & in T. Manlio Torquato, dit que Veseris étoit un fleuve ; mais comme les autres historiens se contentent de dire ad Veserim ou apud Veserim, cela n’a pas empêché Cluvier, & quelques modernes, de soutenir que Veseris étoit une bourgade, outre qu’on ne trouve dans ce quartier aucun fleuve considérable que le Sebethum, le Sarnum & le Vestinum. (D. J.)

VÉSICAIRE, s. f. (Hist. nat. Bot.) vesicaria ; genre de plante dont la fleur est en forme de croix, & composée de quatre pétales ; le pistil sort du calice, & devient dans la suite un fruit, ou une espece de vessie qui contient des semences le plus souvent arrondies. Tournefort, I. R. H. coroll. Voyez Plante.

VESICATOIRES ou VESSICATOIRES, (Med. thérapeutique & Matiere médicale.) en latin vesicatoria, vesicantia, remedes topiques ainsi appellés de leur effet le plus connu qui consiste à exciter des vessies sur la peau. Ce terme qui ne paroît pas bien ancien dans l’art, désigne non-seulement les vésicatoires proprement dits, qu’on emploie, sous forme d’emplâtre, dans la pratique journaliere ; mais il s’étend encore à tous les acres, irritans, stimulans, excitans, caustiques, &c. qui appliqués à la surface du corps, ou même dans quelque cavité censée continue à cette surface, y excitent plus ou moins vîte des rougeurs, des tumeurs, de légeres inflammations, des vessies, des démangeaisons, des escharres, &c. C’est par allusion à ces effets qu’on a cru pouvoir déduire d’une vertu brûlante ou ignée, que les vésicatoires sont désignés chez quelques auteurs sous le titre générique de πυρωτικὰ, pyratica, urentia, &c. Voyez Sennert, Balliou, & autres.

Les premieres vues médicinales qui se sont présentées dans l’usage des vésicatoires, & la circonstance

de leur application au-dehors, leur ont fait donner plus anciennement le nom de ἐπισπαστικα, ἑλκτικα epispastica, en latin attrahentia, tractoria ou revellentia, &c. qui signifient remedes attirans du dedans au dehors, ou du centre à la circonférence, remedes révulsifs, &c. & qui dans le langage particulier des méthodiques, est converti en celui de μετασυκριτικὰ metasyncritica, evocantia ex alto, c’est-à-dire, suivant l’interprétation même de Thessalus, remedes qui procurent un changement dans tout le corps, ou dans une partie seulement ; remedes rétablissant ou changeant l’état des pores, suivant d’autres méthodiques de la doctrine d’Asclepiades ; quæ meatuum miscela corporis statum præter naturam habentem transmutat, dit encore Galien en parlant de la métasyncrise, & qu’enfin Cælius Aurelianus traduit par recorporativa, remedes récorporatifs, &c. C’est dans cette derniere acception très-générale, que nous prenons le mot de vésicatoires dans cet article.

Les substances reconnues de tout tems pour vésicatoires sont, du regne végétal, la graine de moutarde, le gingembre, le poivre, l’ail, l’oignon, le tapsia, la pyretre, le laserpitium, le lepidium, le cresson, la renoncule, le flammula jovis, le clematitis ureus, le bursa pastoris, l’ortie, la racine d’arum, les figues, l’euphorbe, le tubac, le sugapenum, &c. divers sucs comme ceux de thitimale, de concombre sauvage, &c. plusieurs huiles odorantes, &c. le regne annimal fournit les cantharides, les fourmis, quelques fientes, comme celle de pigeon ramier, le crotin de chevre, la fiente de bœuf & son fiel. Suivant Hippocrate, (de locis in homine, pag. 424. Foës.) les chairs du limaçon, les corps entiers de jeunes animaux récemment égorgés, &c. & l’on tire du regne minéral les sels acides & alkalis, l’alun on plume, le nitre, l’adarcé, la chaux-vive, les cendres de la lie du vin & du vinaigre, le savon, le mercure sublime corrosif, & quelques autres préparations métalliques.

Conformément aux idées des Galenistes sur les degrés de la vertu échauffante de ces remedes, on a fait plusieurs classes de compositions pharmaceutiques vésicatoires, qu’on a spécifiées par les titres de rubefians, de dropans, de sinapismes & de caustiques. Ces compositions sont ainsi rangées dans les livres anciens de matiere médicale, suivant l’ordre d’activité qui les distingue entre elles ; quoique néanmoins, pour la plûpart, elles puissent être succédanées les unes des autres, puisqu’elles ne different que par des degrés d’énergie ; différence qui, à l’égard des plus foibles, se peut compenser jusqu’à un certain point, ou par la plus grande durée de leur application, ou par une augmentation dans les doses.

On divise ordinairement l’effet des vésicatoires en effet général, & en effet particulier ; le premier c’est-à-dire, le plus étendu, celui dont le médecin doit principalement s’occuper, est en opérant sur toute la machine d’y occasionner un changement salutaire, tel qu’on peut l’obtenir des toniques & des altérans ; cet effet se présente encore ici sous deux faces ; 1o. les vesicatoires agissent ainsi que les toniques & les altérans d’une maniere occulte, ce qui acheve de rendre les caracteres de ces trois sortes de remedes parfaitement identiques ; mais leur action étant souvent manifestée par des évacuations, des métastases, & autres phénomenes à la portée des sens, ils cessent pour lors de se tant ressembler avec les altérans & les toniques, pour se confondre avec les évacuans qu’ils suppléent même utilement quelquefois, suivant l’opinion de beaucoup d’auteurs. Dans l’un & l’autre cas, l’action des vésicatoires est toujours en raison du degré de leur activité, laquelle est néanmoins subordonnée au genre de la maladie, & à plusieurs autres circonstances dépendantes du sujet sur lequel ces remedes agissent, & qui ne sauroient se rapporter