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ces agréables à l’Etre suprème ; c’est les tirer des ténebres de l’erreur ou de l’idolâtrie ; il ne faut point chercher de grace vivifiante pour l’explication de ce mot. (D. J.)

VIVIPARE, adject. dans l’économie animale, se dit des animaux qui retiennent l’œuf fécondé dans leur sein jusqu’à ce que l’animal soit formé suffisamment, pour n’avoir plus besoin du secours du placenta. Voyez Placenta.

VIVONNE, (Géog. mod.) petite ville de France, dans le Poitou, sur le Clain, à trois lieues au midi de Poitiers, & à deux au levant de Lusignan. Long. 17. 49. latit. 46. 24.

Lambert (Michel) célebre musicien françois, & l’homme de France qui chantoit le mieux, naquit à Vivonne, & fut regardé dans le royaume comme le premier qui ait fait sentir les beautés de la musique vocale, les graces, & la justesse de l’expression. Il sut faire valoir la légereté de la voix, en doublant la plûpart de ses airs, & en les ornant de passages brillans. Il excelloit à jouer du luth, & tenoit dans sa maison une espece d’académie de musique, où se rendoient les amateurs. Il fut pourvu d’une charge de maître de musique de la chambre du roi, & mit le premier en musique des leçons de ténebres ; il mourut à Paris en 1696, âgé de 87 ans. Son corps fut déposé dans le tombeau de Lulli son gendre, qui étoit mort en 1687. (D. J.)

VIVRE, v. neut. (Gram.) jouir de la vie. Voyez l’article Vie.

Vivres, s. m. pl. voyez Victuailles.

Vivres, les, (Art milit.) sont à la guerre tout ce qui sert à la subsistance ou à la nourriture de l’armée. Les provisions qu’on fait pour cet effet, sont appellées munitions de bouche. Voyez les articles Munitions, Approvisionnemens, Magasins & Ration.

Les vivres font un objet très-intéressant & trés-essentiel pour les armées. Celui qui en est chargé, est appellé munitionnaire général ; on lui donne aussi quelquefois le titre de munitionnaire des vivres.

« Celui qui a le secret de vivre sans manger, peut, dit Montecuculi, aller à la guerre sans provisions. La famine est plus cruelle que le fer, & la disette a ruiné plus d’armées que les batailles. On peut trouver du remede pour tous les autres accidens ; mais il n’y en a point du-tout pour le manque de vivres. S’ils n’ont pas été préparés de bonne heure, on est défait sans combattre. » Mém. sur la guerre, liv : I. ch. ij.

Comme l’article des vivres est de la plus grande importance, M. de Feuquiere prétend que la bonne disposition pour leur administration est une des principales parties d’un général, sans laquelle il court souvent risque d’être gêné dans ses mouvemens. (Q)

VIVRÉ, adj. en terme le Blason, se dit de bandes & fasces qui sont sinueuses & ondées avec des entailles faites d’angles rentrans & saillans, comme des redens de fortification. Sart au pays de Valois, de gueule à la bande vivrée d’argent.

VIZE, (Géog. mod.) & par l’abbé de Commainville Bilsier, en latin vulgaire, Bizia, Bicia ; ville de la Turquie européenne, dans la Romanie, à 60 milles au sud-ouest de Constantinople. Elle étoit évêché dans le cinquieme siecle. (D. J.)

VIZIR du banc, (terme de relation.) on appelle vizirs du banc en Turquie, les vizirs qui ont séance avec le grand-vizir dans le divan, lorsqu’on examine les procès. Ils n’ont que voix consultative, & seulement lorsqu’ils sont mandés. Quelquefois néanmoins lorsqu’il s’agit de délibérations importantes, ils sont admis dans le conseil du cabinet avec le grand-vizir, le mufti & les cadileskers. Ce sont eux qui écrivent ordinairement le nom du grand-seigneur au haut de

ses ordonnances, & le sultan pour les autoriser, fait apposer son sceau au-dessous de son nom. (D. J.)

Vizir-kan, s. m. (terme de relation.) on appelle de ce nom à Constantinople un grand bâtiment quarré à deux étages, rempli haut & bas de boutiques & d’attelliers, où l’on travaille à peindre les toiles de coton ; c’est aussi le lieu où l’on en fait le commerce. (D. J.)

V K

UKCOUMA, s. m. (Hist. mod. Culte.) c’est le nom sous lequel les Esquimaux, qui habitent les pays voisins de la baie de Hudson, désignent l’être suprème, en qui ils reconnoissent une bonté infinie. Ce nom, en leur langue, veut dire grand chef. Ils le regardent comme l’auteur de tous les biens dont ils jouissent. Ils lui rendent un-culte ; ils chantent ses louanges dans des hymnes que M. Ellis trouva graves & majestueuses. Mais leurs opinions sont si confuses sur la nature de cet être, que l’on a bien de la peine à comprendre les idées qu’ils en ont. Ces sauvages reconnoissent encore un autre être qu’ils appellent Ouitikka, qu’ils regardent comme la source de tous leurs maux ; on ne sait s’ils lui rendent des hommages pour l’appaiser.

UKER, lou UCKER, (Géog. mod.) riviere d’Allemagne, dans l’électorat de Brandebourg. Elle sort du petit lac d’Uker, entre dans la Poméranie, & se jette dans le Grosse-Haff. (D. J.)

UKERMARCK ou UCKERMARK, (Géog. mod.) contrée d’Allemagne, dans l’électorat de Brandebourg, dont elle fut une des trois marches. Ce pays est borné au nord & à l’orient par la Poméranie, au midi par la moyenne Marche de Brandebourg, & à l’occident, partie par le Mecklenbourg, partie par le comté de Rappin. Les principaux lieux de l’Ukermarch sont Prenslow, Strasbourg, Templin & New-Angermund. (D. J.)

UKERMUNDE ou UCKERMUNDE, (Géogr. mod.) ville d’Allemagne, dans la Poméranie, à l’embouchure de l’Uker, à trois lieues d’Anclam, avec un château bâti par Bogislas III. duc de Poméranie. Long. 32. 4. latit. 53. 52. (D. J.)

UKRAINE, (Géog. mod.) contrée d’Europe bornée au nord par la Pologne & la Moscovie, au midi par le pays des tartares d’Oczakou, au levant par la Moscovie, & au couchant par la Moldavie.

Cette vaste contrée s’appelle autrement la petite Russie, la Russie rouge, & mieux encore la province de Kiovie ; elle est traversée par le Dnieper que les Grecs ont appellé Boristhène. La différence de ces deux noms, l’un dur à prononcer, l’autre mélodieux, sert à faire voir, avec cent autres preuves, la rudesse de tous les anciens peuples du Nord, & les graces de la langue greque.

La capitale Kiou, autrefois Kisovie, fut bâtie par les empereurs de Constantinople, qui en firent une colonie ; on y voit encore des inscriptions greques de douze cens années : c’est la seule ville qui ait quelque antiquité, dans ces pays où les hommes ont vécu tant de siecles sans bâtir des murailles. Ce fut-là que les grands ducs de Russie firent leur résidence, dans l’onzieme siecle, avant que les Tartares asservissent la Russie.

Les Ukraniens qu’on nomme Cosaques, sont un ramas d’anciens Roxelans, de Sarmates, de Tartares réunis. Cette contrée faisoit partie de l’ancienne Scythie. Il s’en faut beaucoup que Rome & Constantinople qui ont dominé sur tant de nations, soient des pays comparables pour la fertilité à celui de l’Ukraine. La nature s’efforce d’y faire du bien aux hommes ; mais les hommes n’y ont pas secondé la nature, vivant des fruits que produit une terre aussi inculte que