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fer & de bois, pelles, bêches, pics, pioches, piochons, & hottes ; des scies & maillets, des échalas ou lates, & osiers pour les treillages d’espaliers, cabinets, & berceaux, des serpes & planes pour les couper & polir, &c. des échelles de toutes sortes, simples, doubles, & à trois piés ; des jalons ou bâtons de bois bien droits qu’on fiche en terre, pour prendre les alignemens des allées & compartimens d’un jardin, & pour servir aussi de jauge, pour mesurer & égaler les tranchées quand on fouille ; des traçoirs pour tracer les compartimens, des battes pour battre la terre des allées, des ratissoires, des rateaux, des rabots, un cylindre pour unir les allées, une serfouette, une pince, des plantoirs, une scie à main, des serpettes, des greffoirs, des ciseaux de jardinier, un croissant, un sarcloir, un échenilloir, un fermoir, des arrosoirs, des pots de fleurs, des caisses, des mannes, des mannequins, des baquets, des déplantoirs, des houletes, des truelles, des cribles, des claies, des cloches, des pleyons, paillassons, brise-vents, chassis, &c. (D. J.)

Ustensiles de labourage, (Agricult.) les ustensiles de labourage sont diverses charrues, charrettes, tombereaux, haquets, casse-motte, herse, civieres, brouettes, rateaux, fourches, tire-fiens, échardonnoirs, sarcloirs, houes, pics, pelles, bêches, pioches, piochons, échelles, croissans, fléaux, vans, cribles, faux, faucilles, coignées, haches, serpes, marteaux, maillets, tenailles, scies, villebrequins, tarieres, vrilles, leviers, broye pour broyer le chanvre, serans pour le peigner, &c. (D. J.)

USTICA, (Géog. anc.) 1°. île voisine de celle de Sicile, selon Ptolomée, l. III. c. iv. qui y met une ville du même nom. Pline, l. III. c. viij. dit qu’elle est à l’opposite de Paropus. Ustica est présentement une des îles de Lipari ; elle conserve son ancien nom, mais elle est deserte.

2°. Ustica étoit encore le nom d’une colline du Lucretile, dans le pays des Sabins, au territoire de Bandusie. La maison de campagne d’Horace étoit située sur ce petit coteau, & portoit le même nom : dans l’ode 17. liv. I. il invite Tydaris, fille spirituelle, & qui aimoit passionnément la Poésie, de venir se retirer pour quelque tems à sa campagne de Sabine ; il lui dit :

Nec metuunt hæduliæ lupos
Utcumque dulci, Tyndari, fistulâ
Valles & Usticæ cubantis
Lævia personuere Saxa.

« Tyndaris, sur le mont Lucrétile, les chevreaux n’appréhendent point la dent carnaciere des loups, dès que Faune fait entendre sa flûte aux échos des vallons & des collines d’Ustica ».

L’épithete cubans, marque que la pente d’Ustica étoit douce : le vieux Scholiaste cité par Ortélius & par Cellarius, a cru que le nom Ustica, convenoit aussi-bien à la vallée qu’à la montagne, & cela peut être. Ce qui nous intéresse le plus, c’est la maison de campagne d’Horace ; Mécénas la lui procura par la faveur d’Octavien, l’an de Rome 716 ; le poëte avoit alors 28 ans, & fit à cette occasion l’ode laudabunt alii clarum Rhodon aut Mitylenem, dont il ne nous reste plus qu’un fragment. Il ne pouvoit guere manquer après cela de nous donner une description poëtique de sa jolie terre d’Ustique ; & c’est ce qu’il a fait quelquefois, mais particulierement dans son épître à Quintius, epître xvj. livre I.

Ne perconteris, fundus meus, optime Quinti,
Arvo pascat herum, an baccis opulentet olivæ,
Pomisne & pratis, an amictâ vitibus ulmo,
Scribetur tibi forma loquaciter, & situs agri.
Continui montes, nisi dissocientur opaca

Valle : sed ut veniens dextrum latus aspiciat sol,
Lævum discedens curru fugiente vaporet.
Temperiem laudes. Quid si rubicunda benignè
Corna vepres & pruna ferant ? si quercus & ilex
Multa frugo pecus, multa dominum juvet umbra ?
Dicas abductum propius frondere Tarentum.
Fons etiam rivo dare nomen idoneus, ut nec
Frigidior Thracam, nec purior ambiat Hebrus.
Infirmo capiti fluit utilis, utilis alvo.
Hæ latebræ dulces, etiam (si credis) amœnæ
Incolumem tibi me præstant septembribus horis.

« Vous êtes donc curieux, mon cher Quintius, de savoir en quoi consiste le revenu de ma terre, si c’est en blé, en olives, en fruits, en prés, ou en vins. Afin que vous ne me fassiez plus de pareilles questions, je vais vous faire une description complete de sa nature & de sa situation. Imaginez-vous une chaîne de montagnes, interrompue seulement par une vallée bien couverte, de maniere que j’ai le soleil levant à ma droite, & le couchant à ma gauche. L’air y est fort tempéré ; vous en seriez charmé vous-même. Mais si vous voyiez nos haies & nos buissons étaler la pourpre des prunes & des cornouilles dont ils sont chargés, & nos chênes fournir en abondance du gland à nos troupeaux, & nous donner une ombre agréable, vous jureriez sans doute qu’on auroit transporté aux environs de ma maison la campagne de Tarente avec ses délicieux bocages. Outre cela j’ai une fontaine assez considérable pour donner son nom à un ruisseau, dont elle est la source. Ses eaux ne sont ni moins fraîches ni moins pures, que celles de l’Hébre qui baigne la Thrace ; & elles ont encore cet avantage, qu’elles sont souveraines contre les maux de tête, & contre les chaleurs d’entrailles. Ce sont ces paisibles retraites, (le dirai-je, & m’en croirez-vous enfin ?) c’est ce séjour enchanté qui garantit votre ami contre l’intempérie de l’automne ».

Cette terre d’Ustie d’Horace, devoit être réellement fort jolie ; le ruisseau qui la traversoit & qui y prenoit sa source, s’appelloit la Digence. D’ailleurs c’étoit une terre assez considérable, puisqu’il y occupoit toute l’année huit esclaves, & qu’elle avoit suffi autrefois à l’entretien de cinq familles. Elle avoit entre autres choses des vergers, des bois, & des prairies ; Horace fit faire à sa maison plusieurs changemens à différentes fois, & il la fit enfin rebâtir toute entiere de belles pierres blanches de Tivoli, qui étoit dans le voisinage. (Le chevalier de Jaucourt.)

USTION, s. f. (Méd. thérap.) en latin ustio, inustio, du verbe urere ou inurere, brûler. L’ustion se prend encore pour cautérisation, comme brûler se prend pour cautériser ; ce dernier terme est même plus de l’art : mais il semble qu’on pourroit établir cette différence entre ces deux premiers mots, que ustion désigne plus absolument l’action du feu actuel ; au lieu que cautérisation peut désigner quelquefois l’effet du cautere actuel, comme celle-ci du cautere potentiel.

L’ustion est un des plus puissans secours & des plus généraux, dont la Médecine ait jamais fait usage contre les maladies obstinées. On pourroit l’appeller le vésicatoire par excellence, ses effets réunissant tous ceux des vésicatoires dans la plus grande célérité & intensité d’action & de vertu. Voyez Vésicatoire. Les instrumens qui servent à l’ustion ont été appellés par les anciens καυτήριον, cauterium, cautere, c’est-à-dire instrument dont on se sert pour brûler quelque chose ; on les divise en actuels & en potentiels. (Voyez Cautere.

Les cauteres actuels dont il s’agit ici peuvent être d’or, d’argent, de cuivre, de fer, ou de quelqu’au-