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prince regnant au nombre des interlocuteurs, ce qui étoit assez adroit.

Vossius & d’autres savans prétendent que l’école du palais a donné naissance à l’université de Paris, & que cette académie doit son origine à Charlemagne & à Alcuin, c’est une erreur ; il est seulement vrai que le prince & le savant Anglois prirent le soin de faire fleurir les lettres dans ce royaume & de les tirer de la barbarie. Alcuin possédoit passablement le latin & le grec, il étoit de son tems le plus habile écrivain après Bede & Adelme. Il mourut à Tours en 804, & y fut inhumé.

Ses ouvrages qui subsistent encore aujourd’hui, ont été recueillis en un vol. in-fol. par André Duchesne, & imprimés à Paris en 1617. Ils sont divisés en trois parties ; la premiere, contient ses traités sur l’écriture ; la seconde, ses livres de doctrine, de discipline & de morale ; la troisieme, comprend les écrits historiques, avec les lettres & les poésies. Depuis l’édition de Duchesne, on a imprimé à Londres, à Paris & ailleurs divers autres ouvrages d’Alcuin, ou qui lui sont attribués, la plûpart à tort. Tel est la purification de la B. Vierge Marie. Il faut convenir que ses vrais ouvrages sont tous assez médiocres, & à la légere ; il y travailloit quelquefois pendant ses voyages, & manquoit par conséquent, comme il le dit lui-même, du repos, du loisir & des livres nécessaires. Quoiqu’il ait écrit avec plus de pureté que les auteurs de son tems, son style est en réalité dur & barbare.

Ascham (Roger) naquit en 1515, & fit ses études à Cambridge, où il fut reçu maître-ès-arts en 1536. Il écrivoit parfaitement bien, & fut chargé par cette raison de transcrire toutes les lettres de l’université au roi ; en 1548, il fut nommé pour instruire la reine Elisabeth, qui fit pendant deux ans des progrès extraordinaires sous lui, en latin & en grec, & elle l’estima toujours infiniment. « Je lui apprends des mots, écrivoit il à l’évêque Aylmer, & elle m’apprend des choses : je lui apprends des langues mortes, & ses regards modesties m’apprennent à agir ». Il accompagna le chevalier Moryson auprès de Charles-Quint, & fut très-utile à ce ministere. A son retour, il devint secretaire de la reine Marie. Elisabeth à son événement au trône lui donna une prébende dans l’église d’Yorck, & il ne tenoit qu’à lui de se procurer de plus grands établissemens, s’il avoit voulu se prévaloir de son crédit auprès de cette reine. Il mourut en 1568, âgé de 53 ans, généralement regretté, sur-tout d’Elisabeth, qui dit qu’elle auroit mieux aimé perdre dix mille livres sterling que son Ascham. Ses ouvrages sont estimés : sa méthode d’enseigner le latin sut imprimée en 1570, & a été remise au jour en 1711, in-8o. Ses lettres latines sont élégantes, il y en a plusieurs éditions, mais la meilleure est celle d’Oxford, en 1703, in 8°. Son livre intitulé Toxophilus, ou l’art de tirer de l’arc, a paru à Londres en 1571 in-4o : il l’avoit dédié à Henri VIII. qui récompensa cette dédicace d’une bonne pension annuelle.

Briggs (Henri), un des grands mathématiciens du dix-septieme siecle, naquit vers l’an 1560, & fut nommé en 1596 premier professeur en mathématiques dans le college de Gresham. En 1619, le chevalier Savile le pria d’accepter la chaire de Géométrie qu’il venoit de fonder à Oxford : chaire qui étoit plus honorable que celle de Londres, & accompagnée de plus grands appointemens ; il mourut en 1631, âgé de 70 ans. Ses principaux ouvrages sont, 1°. les six premiers livres d’Euclide rétablis sur les anciens manuscrits, & imprimés à Londres en 1620 in-fol. 2°. On lui a l’obligation d’avoir perfectionné la doctrine des logarithmes par son bel ouvrage intitulé Arithmetica logarithmica, Londres 1624, in-fol.

M. Jones de la société royale, a plusieurs manuscrits latins de Briggs sur les mathématiques, écrits de la main de l’illustre M. Jean Colins.

Gale (Thomas), savant écrivain du dix-septieme siecle, naquit en 1636, & devint professeur en langue grecque à Cambridge. C’est-là qu’il publia en 1671 in-8o. un recueil en grec & en latin intitulé Opuscula mythologica, ethica & physica, réimprimés à Amsterdam en 1688 in-8o. Ce recueil précieux contient plusieurs traités, & entr’autres, 1°. Palaphatus de incredibilibus historiis, de inventione purpuræ, & de primo ferri inventore. 2°. Phornuti ou Cornuti de naturâ deorum. Ce Cornutus, grec de nation & Stoïcien, fleurissoit à Rome sous l’empire de Néron, qui lui demanda son sentiment sur un poëme de sa main ; mais Cornutus s’étant expliqué avec trop de liberté au gré du prince, il fut banni. 3°. Sallustius, philosophus, de diis & mundo, avec des notes. 4°. Ocellus Lucanus, philosophus, de universa natura, avec la version latine & les notes de Louis Nogarola. 5°. Sextii Pythagorei sententioe, è græco in latinum à Ruffino versæ. M. Gale dit que l’auteur de ces sentences vivoit du tems de Jules César, & que c’est ce même Sextius, philosophe romain, que Plutarque loue dans ses traités de morale, aussi-bien que Sénéque dans sa 59 lettre, où il l’appelle virum acrem, græcis verbis, romanis moribus philosophantem. Enfin, on trouve dans ce recueil des fragmens d’Archytas, diverses lettres de Pythagore & autres, ainsi que Heliodori Larissœi capita opticorum.

En 1675, M. Gale publia à Paris en grec & en latin Historiæ poëticæ antiqui scriptores in-8o. & l’année suivante à Oxford, Rhetores selecti, Scil. Demetrius Phalereus, Tiberius rhetor, anonymus sophista, Severus Alexandrinus. Tiberius le rétheur, qui au jugement de M. Gale est un écrivain ancien, élégant & concis, n’avoit point encore paru avant que l’illustre éditeur le publiât avec une version latine. Suidas donne à ce Tiberius le titre de philosophe & de soph ste, & il lui attribue divers écrits.

En 1678, Gale mit au jour à Oxford in-fol. Jamblichus chalcidensis, de mysteriis. L’année suivante, parut à Londres, in-fol. son édition d’Hérodote. En 1687, il donna à Oxford, in fol. Historiæ anglicanoe scriptores quinque, nunc primùm in lucem editi ; & en 1691, Historiæ britannicæ, saxonicæ, anglo-danicæ, scriptores quindecim. Oxoniæ, in-fol.

Le docteur Gale a ajouté à ces quinze historiens un appendix, où il donne divers passages touchant la grande-Bretagne ; un catalogue des terres (hydes) de quelques provinces en-deçà l’Humber, avec une relation des lois & des coutumes des Anglo-Saxons, tirée du livre appellée le Doom’s-Day-Book, une table alphabétique des anciens peuples, des villes, des rivieres & des promontoires, d’après Cambden, & la généalogie des rois bretons, tirée du texte de Rochester (textus Roffensis). Enfin on trouve une ample table pour tout l’ouvrage.

En 1697, il fut instalé doyen d’Yorck, & mourut dans cette ville en 1702, dans la 67 de son âge. Il étoit non-seulement géometre, mais très-versé dans la connoissance de la langue grecque, & de l’histoire de son pays. M. Roger Gale son fils a publié sur ses manuscrits, à Londres en 1709 in-4°. un fort bel ouvrage intitulé Antonini iter britannicum, avec plusieurs conjectures, & les noms anglois des lieux autant que la chose étoit possible. Mais comme les distances des lieues sont marqués dans l’itinéraire par milles romains, M. Gale a indique sur la carte dressée sur l’itinéraire même, la proportion entre les milles romains & anglois, telle qu’elle a été déterminée par le docteur Edmond Halley.

Les premieres notes du docteur Gale regardent le titre de l’ouvrage qu’il commente, Antonini iter