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J’aime à voir un homme zélé pour l’avancement des bonnes mœurs, & l’intérêt commun du genre humain ; mais lorsqu’il emploie son zèle à persécuter ceux qu’il lui plait de nommer hétérodoxes, je dis, sur la bonne opinion qu’il a de sa créance & de sa piété, que l’une est vaine, & que l’autre est criminelle. (Le chevalier de Jaucourt.)

Zèle, (Critiq. sacr.) ce mot se prend en plusieurs sens dans l’Ecriture. Il signifie une ardeur pour quelque chose. Phinée étoit plein de zèle contre les méchans qui violoient la loi du Seigneur, nomb. xxv. 13. Il désigne l’envie ; les Juifs sont remplis d’envie, Act. xiij. 45. ἐπλήθησαν ζήλου. Il veut dire la jalousie, Prov. vj. 34. la jalousie (zelus) du mari, n’épargne point l’adultere dans sa vengeance. L’oreille jalouse entend tout, Sage, j. 10. c’est Dieu qui s’appelle un Dieu jaloux. L’idole du zèle, Ezech. viij. 5. c’est ou l’idole de Baal, qui avoit été placée dans le temple du Seigneur, ou c’est celle d’Adonis ; quelques interpretes croyent aussi que le prophete Ezéchiel entend par idole du zèle, toutes sortes d’idoles en général, dont le culte allume le zèle de Dieu contre leurs adorateurs. (D. J.)

Zèle, jugement de, (Critiq. sacr.) Voyez Jugement de zèle. (D. J.)

ZELEIA, (Géogr. anc.) Ζέλεια, ville de l’Asie mineure, en Troade, au pié du mont Ida, dans le territoire des Cyzicéniens, auxquels Zéléia appartenoit. Strabon dit qu’il y avoit eu dans cette ville un oracle, mais qu’il ne parloit plus de son tems. (D. J.)

ZELEM, s. m. (Mat. méd. des Arab.) nom donné par Avicenne & autres Arabes, à un fruit commun de leur tems en Afrique, extrêmement recherché par les habitans, & nommé par quelques-uns le poivre des noirs. Avicenne dit que le zelem étoit une semence grasse, de la grosseur d’un pois chiche, fort odorante, jaune en-dehors, blanche en-dedans, & qu’on apportoit de Barbarie. (D. J.)

ZELL, (Géog. mod.) ville d’Allemagne au cercle de la basse Saxe, dans le duché de Lunebourg, sur l’Aller, & chef-lieu d’un duché auquel elle donne son nom. Elle est située à onze lieues de Hildesheim, à treize de Lunebourg, & à quatorze de la ville de Brunswick. C’est une place défendue par un château, où les ducs de Zell faisoient jadis leur résidence. Cette ville ainsi que le duché, a été réunie à l’électorat d’Hanovre. Long. 27. 55. lat. 52. 43.

Reinbeck (Jean Gustave), théologien de la confession d’Augsbourg, naquit à Zell en 1682, & mourut en 1741. Il est connu par un livre contre le concubinage, & par des considérations sur la confession d’Augsbourg, en quatre volumes in-8°. Ces deux ouvrages sont en Allemand : ses sermons sur divers sujets, ont été imprimés à Berlin, dans la même langue, & forment plusieurs volumes. (D. J.)

Zell, (Géog. mod.) petite ville impériale d’Allemagne, dans la Suabe, au pays d’Ortnaw, sur la riviere de Nagole, à sept lieues au midi de Bade. Elle est sous la protection de la maison d’Autriche. Long. 25. 46. latit. 48. 20. (D. J.)

Zell, lac, (Géog. mod.) lac d’Allemagne sur les confins de la Suabe & de la Suisse, au-dessus du lac de Constance, dont il fait partie. Il est formé par le Rhin, & renferme l’île & l’Abbaye de Reychenaw. (D. J.)

ZEMBLE, la nouvelle, (Géog. mod.) vaste pays situé dans l’océan septentrional, au nord de la Moscovie, dont il est séparé en tout ou en partie par le détroit de Weigats. Le mot nouvelle zemble, qui veut dire nouvelle terre a été donné à ce pays par les Russes. La découverte en a été faite en 1642, par le navigateur Abel Tasman.

L’an 1725, la czarine Catherine envoya le capi-

taine Béering, qui navigea vers l’Océan septentrional,

& qui étant de retour de Kamtschatka, dans la mer du Japon, à Pétersbourg, en 1730, rapporta qu’il avoit trouvé un passage au nord-est, par lequel on pourroit aller du détroit de Weigats au Japon, à la Chine, & aux Indes orientales, si les neiges n’y mettoient un obstacle invincible pendant la plus grande partie de l’année ; ce rapport a été confirmé par des relations postérieures. Comme la nouvelle Zemble n’est pas jointe à la terre ferme, du moins dans sa partie méridionale, on croit qu’elle tient par les glaces au Spitzberg, & que les premiers habitans de l’Amérique, peuvent y avoir passé de notre continent par cette voie.

Quoi qu’il en soit, la nouvelle Zemble s’étend dans sa partie méridionale, le long des côtes septentrionales de la Russie & de la Tartarie moscovite, ou pays des Samoyèdes, dont elle est séparée par le détroit de Weigats, qui est presque toujours glacé, ensorte qu’on peut y aller sur la glace.

Dans cette partie méridionale, près des bords où l’Oby a de la peine à rouler ses flots glacés, l’humanité revêtue de la forme la plus grossiere, privée du soleil, n’est qu’à demi animée. Là, cette race brute, retirée dans des caveaux, à l’abri de la saison terrible de l’hiver, prend une triste nourriture près d’un feu languissant, & sommeille entourée de fourrures. Ces êtres infortunés ne respirent ni la tendresse, ni les chants, ni le badinage ; ils ne connoissent dans la nature que des ours leurs alliés, qui errent au dehors de leurs tanieres, jusqu’à ce qu’enfin un jour ressemblant à l’aurore, jette un long crépuscule sur leurs champs, & appelle à la chasse ces sauvages armés de leur arc.

Les habitans de cette partie méridionale de la nouvelle Zemble, sont des hommes de petite taille, & qui ont les cheveux noirs ; ils sont basanés & vêtus de peaux de veaux marins, ou de pingoins, qui sont de grands oiseaux ; ils vivent de chasse & de pêche, & adorent le soleil & la lune ; ils se retirent l’hiver dans de petites huttes sous terre, & sont visités en été par les Samoyedes qui habitent le long de la côte de la mer Glaciale, au nord de la Sibérie.

Voila pour la partie méridionale de la nouvelle Zemble. La partie septentrionale est absolument inhabitée, parce qu’elle est couverte de neiges & de glaces éternelles ; ce n’est même que dans la partie méridionale qu’on voit des ours blancs ; mais les curieux seront bien aises de trouver ici quelques remarques que firent les Hollandois, lorsqu’ils navigerent dans cette partie de la zone glaciale.

Le 13 Juin 1594, à environ six milles de la nouvelle Zemble, où le soleil ne se couchoit point, ils mesurerent sa moindre hauteur à minuit, & trouverent 73 degrés 25 minutes de latitude.

D’autres observerent le même jour, mais à 77 degrés 20 minutes de latitude, quantité de glaces dont la mer sembloit couverte, autant que la vue pouvoit s’étendre du haut du mât de perroquet.

Le 21 Août, ils ne purent passer le détroit de Weigats, à cause de la quantité de glaces qui venoient de la mer de Tartarie pendant tout l’été ; de sorte qu’ils furent obligés de revenir sans rien faire.

Dans un autre voyage ils trouverent le 5 Juin la hauteur méridienne d’un degré au nord, d’où leur latitude étoit de 74 degrés, & la mer étoit couverte de glaces.

Le 19 Juin ils trouverent par la hauteur du soleil, qu’ils étoient à 80 degrés 11 minutes de latitude, vers le Groenland ou le Spitzberg. Les Anglois examinerent les côtes à 82 degrés de latitude ; mais ils trouverent la mer bordée de tant de glaces, qu’elle paroissoit être une partie de la terre, quoique dans le milieu de l’été ; & il y avoit au-dessus de la mer