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man fut vaincu. Ormusd créa un bœuf qu’Ahriman tua. Ce bœuf engendra le premier homme, qui s’appella Gaiomard ou Kaio-morts. Avant la création du bœuf, Ormusd avoit formé une goutte d’eau, appellée l’eau-de-santé ; puis une autre goutte, appellée l’eau-de-vie. Il en répandit sur Kaio-morts, qui parut tout-à-coup avec la beauté, la blancheur, & la force d’un jeune homme de quinze ans.

La semence de Kaio-morts répandue sur la terre produisit un arbre, dont les fruits contenoient les parties naturelles des deux sexes unies ; d’un de ces fruits naquirent l’homme & la femme ; l’homme s’appelloit Meschia & la femme Meschine. Ahriman vint sur la terre sous la forme d’un serpent, & les séduisit. Corrompus, ils continuerent de l’être jusqu’à la résurrection ; ils se couvrirent de vêtemens noirs, & se nourrirent du fruit que le diable leur présenta.

De Meschia & de Meschine naquirent deux couples de mâles & de femelles, & ainsi de suite jusqu’à ce qu’une colonie passa l’Euphrate sur le dos du bœuf Staresscok.

Ce livre est terminé par le récit d’un événement qui doit précéder & suivre la résurrection ; à cette grande catastrophe, la mere sera séparée du pere, le frere de la sœur, l’ami de l’ami ; le juste pleurera sur le réprouvé, & le réprouvé pleurera sur lui-même. Alors la comete Goultcher se trouvant dans sa révolution au-dessous de la lune, tombera sur la terre ; la terre frappée tremblera comme l’agneau devant le loup ; alors le feu fera couler les montagnes comme l’eau des rivieres ; les hommes passeront à-travers ces flots embrasés, & seront purifiés ; le juste n’en sera qu’effleuré ; le méchant en éprouvera toute la fureur, mais son tourment finira, & il obtiendra la pureté & le bonheur.

Ceux qui desireront en savoir davantage, peuvent recourir à l’ouvrage anglois intitulé, the annual register, or a view of the history politicks and litterature of the year 1762. C’est de ce recueil qu’on a tiré le peu qu’on vient d’exposer.

ZENDEROUD, le, ou ZEMDERN, (Géogr. mod.) fleuve de Perse. Il prend sa source dans les montagnes de Jayabat, à trois journées de la ville d’Ispahan, près de laquelle il coule, & va se rendre dans la mer des Indes ; son eau est douce, légere, bonne à boire.

ZENDICISME, (Hist. mod.) c’est le nom d’une secte, qui du tems de Mahomet avoit des partisans en Arabie, & sur-tout dans la tribu de Koreishites, qui s’opposa le plus fortement aux progrès de la religion mahométane. On croit que les opinions de cette secte avoient beaucoup de ressemblance avec celles des Saducéens parmi les juifs ; les Arabes qui professoient le zendicisme étoient des especes de déistes, qui nioient la resurrection, la vie à venir, & qui croyoient que la providence ne se mêloit point des affaires des hommes. M. Sale, auteur d’une excellente traduction angloise de l’alcoran, dit de ces Arabes, qu’ils adoroient un seul Dieu sans se livrer à aucune espece d’idolatrie & de superstition, & sans adopter aucune des religions que suivoient leurs compatriotes. On prétend que ces sectaires admettoient ainsi que les disciples de Zoroastre & de Manès, un bon & un mauvais principe, qui se faisoient continuellement la guerre.

ZENDIK, ZENDIKS ou ZENDAK, (Littérat. orient.) est un mot arabe ; il désigne, selon les uns, un homme qui ne croit point une vie à venir ; & selon d’autres, ce mot signifie un mage. Quoi qu’il en soit, il est certain que ce mot chez les mahométans, désigne un impie, qui n’est ni musulman, ni juif, ni chrétien, ou qui n’observe pas les préceptes de la religion dans laquelle il est né. Quelques mahomé-

tans entendent specialement par zendik, celui qui nie

la résurrection du corps. Ils ont appellé les Manichéens zendiks ; & Mardak un de leurs principaux chefs, est toujours surnommé alzendik dans l’histoire des rois de Perse de la dynastie des Sassanides, sous lesquels le manichéisine a pris naissance.

Hadi, quatrieme kalife de la maison des Abassides, poursuivit violemment les zendiks ou sectateurs de Manès. Ces gens-là enseignoient d’abord à se préserver des péchés, & à travailler pour l’autre vie, sans rechercher les biens de celle-ci ; mais dans la suite ils introduisirent le culte des deux principes ; savoir, de la lumiere & des ténebres ; ils permettoient aussi le mariage entre les plus proches parens, & même dans les premiers degrés de consanguinité. Enfin, ils défendoient l’usage de la viande aux élûs. (D. J.)

ZENDRO, (Géog. mod.) petite ville détruite de la haute Hongrie, au comte de Tolna, elle fut brûlée en 1684, par les Turcs & les mécontens.

ZENECHDON, s. m. (Médec. des Arabes.) terme employe par les médecins arabes, pour une préparation d’arsenic d’usage exterieur, car zeech veut dire en arabe, arsenic.

ZENÈTES, les, (Géog. mod.) peuples d’Afrique, qui forment l’une des cinq tribus des Béreberes, & qui habitent les campagnes de Tremecen, qui est la derniere province, & la plus occidentale du royaume de Fez. Le pays des Zenètes est bon pour le blé & les pâturages ; l’on y recueilleroit aussi beaucoup d’orge, si toutes les terres étoient cultivées, mais ces peuples ne labourent que ce qui est autour de leurs habitations. (D. J.)

ZENG, (Géog. mod.) mot arabe qui désigne cette côte orientale de l’Afrique, sur la mer des Indes que nous appellons aujourd’hui le Zanguebar ; c’est une partie de ce qu’on nomme la Cafrerie, ou côte des Caffres ; les peuples qui l’habitent s’appellent aussi en arabe Zengi, & en persien Zenghi ; ce sont proprement ceux que les Italiens appellent Zingari, & que l’on nomme ailleurs Egyptiens ou Bohémiens.

On ignore par quelle révolution un grand nombre de ces habitans du Zanguebar passerent de l’Afrique dans l’Arabie par la mer Rouge, dont la traversée n’est pas bien longue, ou par les terres, ce qui a été le plus long : car l’extrémité septentrionale du Zanguebar est limitrophe de l’Egypte. De quelle façon que les Zinghiens soient parvenus en Arabie, tous les historiens arabes s’accordent à dire que les Africains se répandirent dans l’Irak arabique, & qu’ils s’y maintinrent sous des chefs électifs.

Sous Mostadhi, kalife Abasside, ils prirent un nommé Ali pour leur chef, qui se disoit descendu d’Ali, gendre de Mahomet ; ils lui donnerent le surnom d’Habib, qui signifie l’ami & le bien-aimé, & sous sa conduite se rendirent maîtres des villes de Bassora, de Ramlach, de Wasset, & de plusieurs bourgades, tant dans l’Irak que dans l’Ahvaz. Ils défirent même plusieurs fois les armées des kalifes. Mais enfin quatorze ans après qu’ils eurent commencé à paroître, Mouaffec, frere du kalife Matamed, les dissipa entiérement l’an 207 de l’Hegire, qui répond à l’année de Jesus-Christ 885 ou 886.

On croit que le titre de Zengi ou Zenghi, ajouté souvent au nom des Atabeks, vient de ce qu’il y a eu quelques capitaines d’un rare mérite, originaires de ces peuples dispersés, & qui s’étant élevés par les armes obtinrent l’emploi d’Atabek parmi les Selgincides. (D. J.)

ZENICON, s. m. (Hist. nat. Botan) nom d’un poison que les chasseurs de la Gaule celtique employoient autrefois pour tuer les bêtes qu’ils poursuivoient à la chasse ; c’est par cette raison qu’on le nommoit en latin venenum cervinum. Il agissoit avec