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seur, & conserve au plâtre sa blancheur.

Vernis de plomb, (Arts.) on fait le vernis de plomb en jettant du charbon pilé dans du plomb bien fondu, & en les remuant long-tems ensemble. On en sépare le charbon en le lavant dans l’eau, & le faisant sécher. Les Potiers de terre se servent du vernis de plomb ou de plomb minéral pulvérisé, pour vernir leurs ouvrages. On voit par une lampe vernissée, que M. de Caylus a fait graver dans ses antiquités, que les anciens ont connu l’art de vernir avec le plomb les ouvrages de terre, comme nous le faisons aujourd’hui. Il est vrai qu’il y a peu d’exemples de leurs connoissances dans cette matiere ; mais celle-là suffit pour prouver que les anciens ont connu un très-grand nombre de pratiques des arts, que plusieurs modernes leur ont refusées. (D. J.)

Vernis, s. m. (Poterie de terre.) espece d’enduit brillant que l’on met sur les ouvrages de poterie, & sur ceux de fayance. Le plomb sert à la vernissure de la premiere, & la potée pour vernisser l’autre. (D. J.)

VERNISSÉ, adj. (Vernisseur.) ce qui est enduit de vernis ; on le dit aussi des ouvrages de poterie & & de fayance qui ont reçu le plomb fondu & la potée.

VERNISSER, v. act. terme de Poterie, chez les Potiers de terre, c’est donner à la poterie avec de l’alquifoux, ou bien du plomb fondu, une espece de croute ou d’enduit lisse ou brillant. On dit pareillement vernisser la fayance, ce qui signifie se servir de la potée pour lui donner l’émail. (D. J.)

VERNISSON, le, (Géog. mod.) petite riviere de France, en Orléanois. Elle prend sa source auprès de Gien, & tombe dans le Loing un peu au-dessus de Montargis. (D. J.)

VERNISSURE, s. f. application du vernis. Voyez ce mot.

VERNODURUM, (Géogr. anc.) sieuve de la Gaule narbonnoise, selon Pline, l. III. c. iv. C’est la Tet qui arrose Perpignan. (D. J.)

VERNON ou VERNON-SUR-SEINE, (Géog. mod.) ville de France, en Normandie, sur la gauche de la Seine, dans une plaine, à 6 lieues au levant d’Evreux, à 7 au sud-ouest de Gisors, & à 10 au-dessus de Rouen.

Cette ville a eu ses seigneurs particuliers jusqu’à ce que Philippe en ait fait l’acquisition, & depuis lors les rois de France ont plusieurs fois donné Vernon en apanage aux reines. Il a ensuite fait partie du bailliage de Gisors, qui fut cédé avec le duché de Chartres & plusieurs autres terres, par François I. à Renée de France, duchesse de Ferrare. Le tout passa à la fille de la duchesse Renée-Anne d’Est, qui épousa en secondes noces le duc de Nemours ; & c’est par-là que le comté de Gisors vint à cette maison de Savoie. Louis XIV. réunit le total au domaine, mais dans la suite il donna Gisors & ses dépendances en apanage, avec le titre de vicomte, à son petit-fils le duc de Berry, qui mourut sans enfans avant le roi son ayeul l’an 1714.

Il y a à Vernon une église collégiale, un hôpital, & plusieurs couvens. Elle est bien peuplée, a de bonnes murailles, des fossés profonds, un gouverneur, un maire, & un college où l’on enseigne les humanités. Son bailliage est dans le ressort du présidial d’Andely. Son commerce consiste principalement en blé, toiles & couvertures de laine.

C’est à Vern, jadis château royal entre Paris & Compiegne, & non pas à Vernon, que se tint en 755 un concile national sous le regne de Pepin, pour la discipline ecclésiastique, pour les droits de l’Eglise, & pour les immunités en faveur des pélerins. Long. 19. 8. latit. 49. 4. (D. J.)

VERNOSOLA, (Géog. anc.) lieu de la Gaule

aquitanique, sur la route de Tarbes à Toulouse, entre Aquæ-Siccæ & Toulouse, à quinze milles de chacun de ces lieux. On croit que c’est aujourd’hui Vernoux, bourg entre Rieux & Toulouse, élection de Cominges, & à une lieue de la Garonne. (D. J.)

VEROLAMIUM, (Géog. anc.) ville de la grande Bretagne. L’itinéraire d’Antonin la marque sur la route du retranchement à Portus-Rutupis, entre Durocobrivæ & Sulloniacæ, à douze milles du premier de ces lieux, & à neuf milles du second. Tout le monde convient que cette ancienne ville étoit près de S. Albans, qui s’est accrue de ses ruines. Tacite, an. l. XIV. c. xxxiij. donne à Verolamium le titre de municipe. C’étoit, selon Dion Cassius, l. LX. p.779. la capitale des Catuellani, que Ptolomée, l. II. c. iij. appelle Catyenchlani, & auxquels il donne la ville Violanium qui est la même que Verolamium.

Cette ville, l’une des premieres & des plus considérables colonies romaines dans la grande Bretagne, fut premierement ruinée par les Bretons dans le soulevement de la reine Boodicia ; mais elle se rétablit bientôt, & elle devint plus puissante que jamais. Elle fut ruinée une seconde fois durant les guerres des Saxons & des Bretons, & elle ne se releva pas de cette chûte.

On voit encore les vestiges des anciennes murailles, & des fossés qui ont douze cens soixante-dix pas de circuit. On a trouvé dans ces mazures quantité de monumens, comme des médailles, des petites figures d’or & d’argent, des colonnes, des pavés de mosaïque, des souterreins, & autres choses semblables. Il paroît outre cela qu’elle étoit située sur une grande route pavée autrefois par les légions romaines, & que les Saxons nommerent Vatling-Streat. Ces peuples s’étant rendus maîtres de Verolamium, l’appellerent Watlingacester, à cause du grand chemin dont il vient d’être parlé. Depuis on lui donna le nom de Werlamcester, & de-là vient qu’encore aujourd’hui on lui donne communément celui de Werlam.

En 429, on tint à Verolamium un concile, où saint Germain évêque d’Auxerre, & saint Loup évêque de Troyes, furent appellés de France pour aider à éteindre l’héresie pélagienne, qui recommençoit à être goûtée dans les églises de la grande Bretagne. Ce fut auprès de Verolamium, selon le vénérable Bede, hist. eccles. l. I. c. vij. que S. Albans ou S. Albin souffrit le martyre le 10 des calendes de Juillet. Dans la suite, les habitans s’étant convertis, fonderent un magnifique monastere à l’honneur de ce saint ; & c’est ce monastere qui a donné l’origine & le nom au bourg de S. Albans. (D. J.)

VÉROLE, petite, (Hist. de la Médecine.) il ne s’agit ici que de l’historique de cette étrange maladie, qui est aujourd’hui répandue dans tout le monde connu, & qui saisit tôt ou tard toutes sortes de personnes, sans avoir égard au climat, à l’âge, au sexe, ni au tempérament du malade. Soit que les ravages de cette maladie procedent de la violence qui lui est propre, ou des mauvaises méthodes dont on se sert pour la traiter, elle ne cede point à la peste par les désastres qu’elle cause.

On a tout lieu de présumer que la petite vérole a été inconnue aux Grecs & aux Romains, puisqu’aucun médecin de ce tems-là ne nous en a laissé la description. Des auteurs tels qu’Hippocrate, Aretée, Celse, Coelius l’Africain, & Soranus d’Ephese, qui réussissoient si bien dans les descriptions des maladies, qu’on peut les regarder plutôt comme des peintures achevées que comme des histoires, car les anciens n’excelloient pas moins dans les descriptions que dans la poésie, la sculpture & la peinture, n’auroient pas négligés de nous parler de la petite vérole, si elle eût existé de leur tems. Il peut cependant se