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œuvre par des êtres infaillibles dans leurs mouvemens, il auroit fallu le laisser tel qu’il étoit. On s’est seulement menagé par les changemens qu’on y a faits, la commodité de tâtonner, & d’atteindre dans la pratique à cette précision geométrique que la machine avoit dans l’esprit de son inventeur. Passons au septieme assemblage.

Septieme Assemblage. Pl. VI.

La fig. premiere, Planche VI. montre ce septieme assemblage tel que nous l’allons detailler.

La piece qu’on voit 84. 84. fig. 2 & fig. 3. s’appelle barre à platine ; les grosses pieces 85. 85. auxquelles elle est fixée, fig. 2. s’appellent abattans.

La piece 86. 86. qu’on voit fig. 4. & qu’on n’apperçoit pas, fig. premiere, s’appelle le chaperon de la barre à platine ; il est placé à la partie supérieure postérieure de la barre à platine.

La piece 87. 87. qu’on voit fig. 5. mais qu’on n’apperçoit pas, fig. premiere, s’appelle queue d’aronde de la barre à platine. Cette queue d’aronde se fixe à la saillie 88. 88. ou au cordon qu’on voit à la barre à platine, fig. 3. nous parlerons de sa figure & de son usage plus bas. Il suffit de dire ici qu’elle sert à fixer les platines à plomb, & qu’elle en est couverte, de même que la queue d’aronde de la barre à aiguilles étoit couverte des plombs à aiguilles, & servoit à les fixer.

La barre à platine a pareillement ses deux étochios 89. 89. fig. 2. fixes aux extrémités de la queue d’aronde, & au niveau de la saillie, ou du cordon de la barre à platine. On voit, fig. 2. 89. 89. ces deux étochios ; ils ont la même figure & le même usage que sur la barre à aiguilles.

Les pieces qu’on voit, fig. 2. 90. 90. & fig. 6. 90. s’appellent porte-tirans ; ils ont une ouverture à la partie supérieure, par laquelle ils sont attachés, fig. 2. sermement au corps de la barre à platine, & une charniere à la partie inférieure, dont on verra l’usage.

Les pieces qu’on voit, fig. 2. 91. 91. 91. & fig. 7. 91. s’appellent platines à plombs avec leurs plombs à platines ; elles sont composées de deux parties, la supérieure qu’on voit fig. 8. & qu’on nomme plomb à platine, & l’inférieure qu’on voit fig. 9. qu’on nomme platine à plomb.

Le plomb à platine a deux fentes à sa partie large, & reçoit dans ces fentes deux platines à plomb qu’on y fixe, ensorte qu’il en résulte le tout de la fig. 7. ce tout a à sa partie postérieure un petit crochet qu’on voit fig. 8. la queue d’aronde a à sa partie postérieure une entaille en biseau, toute semblable à ce crochet, ensorte que tous les crochets des plombs à platines remplissent l’entaille ou le biseau de la queue d’aronde, à laquelle ils demeurent suspendus par leurs crochets ; ils sont appliqués du reste contre le corps de la barre à platines.

On les fixe contre le corps de la barre à platines par les plaques de barres à platines, 92. 92. & qui sont elles-mêmes fortement attachées par deux écrous & deux vis, comme on voit fig. 2.

Les pieces 93. 93. qu’on voit, fig. 2. attachées au corps de barres à platines par des éminences qui entrent dans une charniere qui tient au corps de barre à platines, & qui leur permet de se mouvoir, s’appellent pouces : on verra ci-après l’usage des pouces.

Passons aux grandes pieces 85, 85, fig. 2. on les appelle abattans ; il faut y distinguer plusieurs parties : on voit sur leur surface antérieure une piece 94, 94, qu’on appelle garde platine ; sur leur surface postérieure une piece 95, 95, qu’on appelle le crochet de dedans de l’abattant, & sous leur partie inférieure, une piece 96, 96, qu’on appelle le crochet de dessous des abattans. Il n’y a pas une de ces pieces qui n’ait son usage relatif à son lieu & à sa configuration : mais

cet usage ne s’entendra bien que quand la machine entiere sera formée, & que nous traiterons de la main-d’œuvre.

La piece qu’on voit, fig. 2. 97, 97, fixée au bas des abattans par ses extrémités, & recevant sur son milieu les queues des platines à plomb, s’appelle la barre à poignée. Les parties ab, AB, sont celles que l’ouvrier tient dans ses mains, dont les doigts passent en dessous, & le pouce en dessus, de maniere qu’il puisse être appliqué contre la partie que nous avons appellée pouce ; cette barre s’appelle aussi barre à boîte, parce qu’elle forme une espece de boîte dans laquelle les queues des platines à plomb sont enfermées.

On voit, fig. 10. le dessus de cette boîte : les extrémités de ce dessus sont faites en coin, & s’appliquent dans les lieux cd, CD de la barre, fig. 2. où elles sont retenues par deux goupilles dont on voit les trous en e, E, à la barre.

Ce dessus ne gêne pas les queues des platines à plomb. Voilà toutes les parties qui forment le septieme assemblage.

Il ne s’agit plus que d’ajoûter cet assemblage au sixieme assemblage pour avoir le huitieme : c’est cette addition que nous allons considérer.

Huitieme Assemblage. Planc. VI.}}

On voit dans cette fig. 1. le septieme assemblage joint au sixieme.

L’extrémité supérieure des abattans est ajustée dans la charniere des épaulieres ; les tirans sont pris dans la charniere des porte-tirans ; les pouces répondent au-dessous de la partie antérieure des contre-pouces ; les platines à plomb remplissent les intervalles vuides qui restoient entre les aiguilles. Il y a entre chaque aiguille une platine ; il ne s’agit plus que d’attacher en A, a, sur les bras de presse, la piece 98, 98, qu’on voit fig. 12. & qu’on appelle la presse ; que de placer toute cette machine sur le fût, ou sur le bois, & que de travailler.

Car voilà la machine entiere & complette : voilà ce qu’on appelle le métier à bas : voilà toutes ses parties, & la maniere dont elles s’assemblent ; il ne reste maintenant que d’en expliquer le jeu, ou que de traiter de la main-d’œuvre.

Observation.

Mais avant que de passer au dernier assemblage, celui du métier avec son fût, j’observerai qu’il faut une extrème précision dans la configuration des parties du métier. Il faut que les intervalles que laissent entr’eux les cuivres, répondent bien exactement aux ressorts de grille ; que l’épaisseur des plombs à aiguilles soit bien compassée pour qu’il n’y ait pas plus de plombs à aiguilles que de platines à ondes, & que chaque platine à onde laisse toûjours entr’elle & celle qui la suit trois aiguilles ; que les plombs à platines à plomb soient bien compassés, pour que l’épaisseur d’un de ces plombs soit double de l’épaisseur d’un plomb à aiguilles ; que les deux platines que porte chacun de ces plombs, se rencontrent bien dans les deux intervalles que laissent entr’elles les trois aiguilles prises entre chaque platine à ondes, & que toutes ces parties délicates se meuvent librement les unes entre les autres.


Corollaire IX.

J’ai dit que l’intervalle de barre fondue sur lequel sont disposés les cuivres étoit de quinze pouces : j’ai travaillé chez le sieur Barrat, le premier ouvrier dans son genre, & le dernier qu’on verra peut-être de la même habileté, sur un quarante-deux, c’est-à-dire, un métier qui portoit sur chaque trois pouces de barre fondue, quarante-deux cuivres. La barre fondue entiere avoit donc deux cens dix cuivres ; il y avoit donc deux cens dix ondes, deux cens dix platines à ondes, quatre cens vingt platines à plomb,