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litaire des batteries qui se croisent pour battre la même face ; ensorte que l’une acheve ce que l’autre a commencé d’ébranler. (Q)

Batteries (Marine.) c’est une quantité de canons placés des deux côtés du vaisseau, à son avant & à son arriere.

Les gros vaisseaux de guerre ont trois batteries ; la premiere qui est la plus basse, porte les canons du plus fort calibre. La seconde est au-dessus de la premiere, c’est-à-dire au second pont, & porte des canons d’un moindre calibre. La troisieme est sur le dernier pont, ou pont d’en-haut ; chaque rang étant ordinairement de quinze sabords, sans y comprendre ceux de la sainte barbe, & les batteries qui sont sur les châteaux. La premiere batterie, qui est la plus basse, doit être pratiquée assez haut, pour que dans le gros tems elle ne soit pas noyée, c’est-à-dire qu’elle ne se trouve pas sous l’eau, ce qui la rendroit inutile.

Voyez à la Pl. I. Mar. la maniere dont les batteries sont disposées dans un vaisseau du premier rang.

Batterie trop basse ou Batterie noyée, se dit d’un vaisseau qui a son premier pont, & ses sabords trop près de l’eau.

Batterie basse, se dit de la batterie du premier pont.

Batterie haute, se dit de la batterie du pont d’en-haut.

Batterie entre deux ponts ou seconde Batterie.

Mettez la batterie dehors, c’est-à-dire, mettez les canons aux sabords.

Mettez la batterie dedans, c’est-à-dire, ôtez les canons des sabords pour les remettre dans le vaisseau. (Z)

Batterie (terme d’Arquebusier) c’est un morceau de fer large d’un bon pouce, qui est reployé en équerre plate, dont les faces extérieures sont un peu arrondies ; les intérieures sont exactement plates : la face de dessous sert pour couvrir le bassinet & empêcher l’amorce de sortir : celle qui la surmonte sert pour faire sortir du feu de la pierre & allumer l’amorce. La partie qui couvre le bassinet a une petite oreille plate, qui est percée d’un trou ou se place une vis qui assujettit la batterie au corps de platine, & qui ne l’empêche point de se mouvoir en tournant dessus la vis. Le bout de cette oreille forme un petit talon qui est fait en rond, & qui pese sur le ressort de la batterie.

Batterie (en Boissellerie) c’est le pié, ou le dessous, ou fond du tamis. On l’appelle peut-être ainsi, parce que l’on remue le tamis en le battant par en bas sur une table, &c. pour mieux faire passer ce qui est dedans.

Batterie (terme de Chapelier) qui signifie l’endroit où on foule les chapeaux, & où sont établis le fourneau, la chaudiere & les fouloirs. On dit une batterie à deux, à quatre, à huit, &c. pour désigner une foulerie où deux, quatre, huit, &c. ouvriers peuvent travailler à la fois. Voyez Foulerie. Voyez aussi Chapeau.

Batterie, se dit dans les Manufactures à papier, à poudre, & autres, de la chûte des pilons dans les mortiers. Ainsi arrêter la batterie, c’est empêcher les pilons de tomber dans les mortiers. Voyez Moulin à Papier, Moulin à Poudre.

Batterie (chez les Chapeliers & Bonnetiers) est synonyme à soulerie. Voyez Chapelerie & Bonneterie.

BATTEURS D’ESTRADE, (Art militaire.) sont des cavaliers que le général envoye pour reconnoître les environs du camp qu’il occupe, & les avenues ou chemins par où l’ennemi pourroit s’avancer pour l’attaquer. Ces troupes doivent se porter en-avant avec beaucoup de circonspection, afin qu’elles

ne soient pas coupées par l’ennemi, qui pourroit ensuite tomber sur le camp & le surprendre. Elles doivent aussi fouiller exactement les bois & tous les endroits fourrés des lieux où elles passent, pour s’assûrer qu’il n’y a point d’ennemis cachés. Voyez Reconnoître. (Q)

Batteur, s. m. nom commun dans les Arts méchaniques, à un grand nombre d’ouvriers dont l’emploi est d’écraser, de pulvériser, ou d’étendre : & pour les distinguer les uns des autres, on ajoûte au terme batteur celui de la matiere, & l’on dit batteur de plâtre, de soude, d’étain, d’or, &c.

Le batteur de plâtre, est celui qui écrase le plâtre après qu’il est cuit : pour cet effet il en étend à terre une certaine quantité, qu’il frappe avec sa batte jusqu’à ce qu’il soit assez menu pour être gaché.

Le batteur de soude, est celui qui chez les Epiciers pile la soude dans un mortier de fer avec un pilon de même matiere.

Le batteur d’étain, est celui qui chez les Miroitiers étend sur un marbre l’étain qui doit être appliqué en feuilles très-minces derriere les glaces.

Le batteur d’or, est celui qui réduit sur le marbre l’or dans ces feuilles très-minces qu’on vend par livrets, & qui servent à dorer la plûpart des ouvrages qui se font en argent, en cuivre, en bois, &c. On trouvera à l’article une description étendue du métier du batteur d’or.

Les Batteurs-d’or à Paris sont un corps de maîtres-marchands, ayant des statuts, priviléges & reglemens, suivant lesquels ils se conduisent dans leur communauté : ils ne sont pas plus de trente environ, dont les uns ne battent que de l’or uniquement, & les autres l’argent ; ayant néanmoins le choix de l’un ou de l’autre commerce, & pouvant même les faire tous deux à la fois.

* Batteur en grange ; c’est à la campagne l’ouvrier ou l’homme de journée qui frappe le blé avec un fléau, pour faire sortir le grain de l’épi. V. Blé.

BATTITURES, s. f. (Mat. med.) écailles des métaux qui s’en séparent en les battant : elles ont les mêmes usages en Medecine que les métaux dont on les tire. (N)

BATTOIR, s. m. (Arts méchaniq.) instrument de bois plat, large & quarré, qui est plus ou moins épais, selon les différens usages auxquels il doit être appliqué, & qu’on tient à la main par le moyen d’un manche rond & tout d’une piece, avec l’autre partie que j’appelle la pelle. Les Blanchisseuses & autres ouvriers ont leurs battoirs. Voyez Batte.

Battoir, terme de Paume, est un instrument rond ou quarré par un bout, garni d’un long manche, le tout couvert d’un parchemin fort dur : on s’en sert à la longue paume pour chasser les balles.

Battorie, s. f. (Comm.) nom que les villes Anséatiques donnent aux comptoirs ou magasins qu’elles ont hors de chez elles. Les principales de ces batteries sont celles d’Archangel, de Novogrod, de Berghen, de Lisbonne, de Venise & d’Anvers. Elles en avoient aussi une à Londres : mais il y a déjà du tems qu’elles s’en sont retirées à cause des impositions excessives qu’on mettoit sur leurs marchandises. (G)

* BATTRE, frapper, (Gramm.) Battre marque plusieurs coups ; c’est avoir frappé que d’en avoir donné un. On n’est point battu qu’on ne soit frappé ; on est quelquefois frappé sans être battu. Battre suppose toûjours de l’intention ; on peut frapper sans le vouloir. Le plus violent frappe le premier ; le plus foible doit être battu. Frapper est toûjours un verbe actif ; battre devient neutre dans se battre : car se battre ne signifie point se frapper soi-même de coups redoublés, mais seulement combattre quelqu’un. La loi du prince défend de se battre en duel ; celle de Jesus-Christ défend même de frapper.