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donner lorsqu’il y a de la fievre ; & quand même il n’y auroit pas de fievre, il seroit contraire s’il y avoit de la secheresse : dans ce cas la térébenthine sans soufre convient mieux. Ou bien on fait le baume de soufre avec l’huile d’amandes douces : mais pour peu qu’il y ait disposition à la fievre, autre que la fievre lente, ces remedes ne conviennent point.

Il est bon de remarquer que les baumes de soufre mettent le sang en mouvement, & qu’ils sont pernicieux lorsqu’il y a érésipele ou disposition à l’érésipele.

Lorsque pour faire le baume de soufre on se sert de l’huile d’anis, on le nomme baume de soufre anisé. Ce baume est bon dans les maladies d’estomac & des intestins : il est moins desagréable que les autres. Lorsqu’on fait le baume de soufre avec l’huile de succin, on le nomme baume de soufre succiné : on l’employe lorsqu’il y a complication par maladies de nerfs.

On fait aujourd’hui un grand usage du baume blanc de Canada ; mais les baumes de soufre m’ont paru beaucoup plus efficaces, dans la pratique de la Medecine, pour les ulceres du poumon, & pour ceux des reins. Lorsqu’on destine le baume de soufre pour être employé dans les maladies des reins, de la vessie & de la matrice, on le prépare avec l’huile de genievre.

On fait peu d’usage extérieurement du baume de soufre, quoiqu’il y fût fort utilement employé dans plusieurs occasions : il est vulnéraire & détersif en vuidant les extrémités des vaisseaux rompus ; il divise les humeurs visqueuses & purulentes, & les fait couler ; ce qui s’appelle déterger.

On peut faire un baume de soufre pour l’usage externe : on prend pour cela une once de fleurs de soufre ; on verse dessus de l’huile de lin, ou de l’huile de noix six onces, des huiles de milpertuis, de jusquiame & de pavot blanc, de chaque deux gros ; & on fait digérer le tout ensemble pour faire la dissolution du soufre. Malouin, Traité de Chimie. (M)

Baume du Pérou artificiel : prenez huile d’olive une livre & demie, santal rouge une demi-once : faites bouillir jusqu’à ce que l’huile soit d’un rouge foncé : dissolvez-y cire jaune une livre, térébenthine fine une livre & demie, baume du Pérou une once.

Ces baumes tiennent lieu des naturels, & sont en grand usage pour l’extérieur. La plûpart des pharmacopées sont remplies de ces especes de baumes. Voici la description de ceux dont on se sert le plus ordinairement.

Baume d’Arceus : prenez suif de bouc deux livres ; térébenthine de Venise, gomme élemi, de chaque une livre & demie ; graisse de porc une livre : faites fondre le tout ensemble, passez, & vous aurez le baume : c’est un très-bon digestif, & le plus en usage dans la cure des plaies.

Baume du Commandeur : prenez racine d’angélique de Bohème, sechée & coupée par petits morceaux, une demi-once ; fleurs de milpertuis séchées, une once ; esprit-de-vin rectifié, deux livres quatre onces : faites-les digérer au soleil ou au bain-marie dans un vaisseau fermé, en remuant de tems à autre le mêlange, jusqu’à ce que la teinture soit parfaitement tirée : passez ensuite ; & dans la colature ajoûtez myrrhe, oliban, de chaque demi-once : faites digérer comme auparavant ; & ensuite prenez styrax calamite deux onces, benjoin choisi trois onces, baume de Tolu une once, aloès succotrin demi-once : ajoûtez, si vous le jugez à propos, ambre gris six grains : mettez en poudre ces drogues, & les jettez ensuite dans la teinture ci-dessus énoncée ; faites-les encore digérer pendant quarante jours au soleil ; filtrez, & conservez la colature pour l’usage.

Ce baume est un grand vulnéraire, détersif & incarnatif, appliqué à l’extérieur ; & pris à l’intérieur

dans du vin ou dans quelqu’autre liqueur, il est excellent contre les coliques, les dévoiemens, les vomissemens ; il est propre pour exciter les regles : enfin on lui attribue, comme à tous les nouveaux remedes, de grandes vertus, qui sont toûjours relatives aux indications qui se présentent dans les maladies : on peut en faire un alexitaire, un stomachique, & enfin un diaphorétique.

Baume ou Onguent de genievre : prenez huile d’olive trois livres, eau rose une livre, cire neuve demi-livre, térébenthine une livre, santal rouge en poudre deux onces : faites bouillir le tout dans un pot de terre neuf, avec trois demi-septiers de vin rouge ; étant refroidi, on séparera le baume du vin. Voyez Mémoires de l’Académie 1702.

Baume de Lucatelli : prenez de la meilleure huile d’olive que vous pourrez trouver, deux livres  ; vin de Canarie, deux livres ; sang de dragon pulvérisé, une once : faites bouillir ces drogues jusqu’à consomption du vin : ajoûtez-y cire jaune une livre, térébenthine de Venise une livre & demie, santal rouge en poudre deux onces, baume du Pérou deux onces ; mêlez-les & faites-les fondre ensemble, & ne mettez le baume qu’après avoir retiré le mêlange du feu.

Ce baume est un excellent vulnéraire employé dans les ulceres internes & externes, dans les tubercules, & dans les ulceres & les hémorrhagies internes. On l’applique sur les plaies & les contusions.

Baume odorisérant : prenez pommade sans odeur une once ; faites-la fondre à petit feu dans une tasse de porcelaine, & ajoûtez-y peu-à-peu cire blanche un gros ; le tout étant bien mêlé, retirez le vaisseau : lorsque le mêlange commencera à s’épaissir, versez-y huile essentielle de citron un gros : remuez la matiere, pour que le mêlange soit plus parfait : mettez le vaisseau dans l’eau froide, pour qu’il se refroidisse plûtôt ; & le baume étant tout-à-fait froid, serrez-le dans de petites boîtes, où il soit bien bouché.

Il se garde plusieurs années sans se corrompre : on peut au lieu de pommade & de cire, employer l’huile exprimée de noix muscade, après l’avoir lavée si long-tems dans l’eau qu’elle devienne blanche. Ce baume est propre à ranimer ; c’est un grand cordial : on en peut faire un pareil avec toutes les especes d’huile essentielle.

Baume pectoral : prenez benjoin, myrrhe, baume du Pérou, safran, muscade, teinture de sel de tartre, gomme ammoniaque, de chaque deux gros ; huile d’anis, de macis, de fenouil, de chaque dix gouttes. Cette composition peut se donner liquide, en l’étendant davantage avec l’esprit-de-vin.

Baume polychreste : prenez esprit-de-vin quatre livres ; faites-y infuser à petit feu en remuant, gomme de gaiac douze onces ; ajoûtez-y ensuite baume du Pérou, térébenthine, de chaque deux onces.

Baume préparé par la décoction des bois résineux balsamiques : prenez râpures de santal, de bois de rose, de genevrier, de sassafras, de bois de vie, racine de salsepareille, de chaque une once ; racine de pimprenelle, d’angélique, canelle, clous de girofle, râpures de bois d’aloès, de chaque deux gros ; mêlez ces drogues, & faites-les bouillir avec du vin rouge dans un vaisseau fermé. Cette décoction peut être d’usage comme les baumes.

Baume solide & astringent : prenez baume de Copahu, de Tolu, succin, mastic, oliban, cachou, terre sigillée, antimoine diaphorétique, corail préparé, de chaque un gros ; huile de sassafras dix gouttes : préparez ces drogues selon l’art ; il produit des effets admirables dans la gonorrhée.

Baume verd de Mets ou de Mademoiselle Feuillet : prenez huile de lin par expression, d’olive, de chaque une livre, de laurier une once, térébenthine de