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de somme, & toute autre sorte de bétail : il se prend, selon les rabbins, dans Job, pour un bœuf d’une grandeur extraordinaire. Les docteurs talmudistes & les auteurs allégoriques des Juifs, & entr’autres R. Eliezer dans ses chapitres, disent que Dieu créa ce grand animal, appellé behemoth, le sixieme jour, & qu’il paît sur mille montagnes pendant le jour, que l’herbe de ces mille montagnes repousse pendant la nuit, & que les eaux du Jourdain lui servent pour boire. Ils ajoûtent que ce behemoth a été destiné pour faire un grand banquet aux justes à la fin du monde. Les Juifs les plus sensés savent bien à quoi s’en tenir sur ce conte : mais ils disent que c’est une allégorie qui désigne la joie des justes, figurée par ce festin. Cette théologie symbolique tient quelque chose du style des anciens prophetes : nous en voyons même des exemples dans le Nouveau-Testament. Mais les rabbins proposent trop cruement leurs allégories, & y ajoûtent certaines circonstances qui les rendent le plus souvent ridicules. Samuel Bochart a montré dans la seconde partie de son Hieroz. liv. V. chap. xv. que le behemoth de Job est l’hippopotame. Rab. Eliezer, Job, Ludolf, hist. de l’Abyssinie. (G)

* Behemoth, (Hist. nat.) c’est le nom que l’on a donné à l’animal, auquel on prétend qu’ont appartenu les os qui se trouvent en Russie & d’autres contrées, sur-tout du Nord ; ses dents sont d’un ivoire plus beau que celui qui vient des Indes. Les Turcs & les Persans en font des manches de poignards & des poignées de sabre, qu’ils estiment autant que si elles étoient d’argent. Voyez Élephant.

BEHEN, (en Pharmacie.) racine médicinale, en grande estime, sur-tout chez les Arabes, à cause de ses vertus cardiaques, aromatiques, & aléxitériales.

Il y a deux especes de behen ; savoir, le behen album ou blanc, qui est insipide, faisant peu d’impression sur la langue, ou celle d’une petite amertume seulement qu’il laisse après lui. Les botanistes modernes prétendent que c’est la même chose que notre lychnis terrestris ; d’autres veulent que ce soit proprement le papaver spumeum. Le behen rouge, behen rubrum, a des fibres, est brun par-dehors & rouge en-dedans : on présume qu’il n’est point différent de notre lemonium maritimum majus, ou lavande marine. L’un & l’autre viennent du Levant ; ils ont les mêmes vertus : on les substitue réciproquement ; il faut les choisir secs, & d’un goût aromatique astringent. (N)

* Le behen blanc est la racine d’une plante qui s’appelle jacea orientalis, patula, carthami facie, flore luteo magno ; elle est longue, noüeuse, sans chevelure ; elle s’étend de côté & d’autre comme la réglisse, à laquelle elle ressemble par sa figure & par sa grosseur, mais elle est plûtôt blanche que jaune. De la racine s’éleve une tige unique, de la hauteur d’une coudée, à la partie inférieure de laquelle naissent de grandes feuilles, longues, épaisses, semblables à celles de la patience, soûtenues par de longues queues. Les feuilles ont vers leur base quatre découpures, deux de chaque côté : mais les feuilles qui naissent de la partie supérieure de la tige l’embrassent sans queue, comme dans la perce-feuille ordinaire & le mouron de Crete. Le sommet de cette tige se partage en plusieurs rameaux garnis de petites feuilles, qui portent chacun une fleur composée de plusieurs fleurons, profondément découpés, jaunes, posés sur un embryon, & renfermés dans un calice écailleux, sans épines, jaune. Cet embryon se change dans la suite en une semence en aigrette.

On ne sait rien sur l’origine du behen rouge ; au sentiment des Arabes, l’un & l’autre fortifie, engraisse, forme la semence, est utile dans le tremblement, produit encore d’autres effets salutaires.

* BEHER, (Géog.) ville du Semigalle, en Courlande.

BEHIMA, (Hist. nat. bot.) herbe qui croît dans la province de Tremecen, en Afrique ; elle engraisse fort promptement les chevaux & le bétail, à qui on n’en laisse manger que jusqu’à ce qu’elle soit en épi ; car alors elle les étrangleroit.

BEHOURD ou BEHOURT ou BOHOURT, s. m. (Hist. mod.) mot dont l’origine & la racine sont assez obscures, mais qu’on rencontre fréquemment dans nos anciens romans, pour signifier un combat que l’on faisoit à cheval la lance au poing, ou une course de lances dans les réjoüissances publiques. Dans la basse Latinité on l’a appellé behordium, en vieux Gaulois behourt & tournoy, & l’on disoit behorder, behourder, & border, pour marquer les exercices où la jeune noblesse combattoit avec des lances & des boucliers. Les Espagnols en ont retenu quelque chose dans le jeu qu’ils nomment cannas. On appelloit aussi dies de behourdeis, ce que d’autres auteurs ont nommé en bonne Latinité dies hastiludii. Parmi les gens de la campagne & la bourgeoisie des petites villes, le behourd étoit un jour assigné pour joûter avec des cannes & de longs bâtons non ferrés, ce qui se pratique encore en Angleterre à certains jours de l’année ; & Monet assûre que le même usage avoit autrefois lieu en France le premier & le second Dimanche de carême ; & d’autres ajoûtent, que pour exprimer un exercice à peu près semblable, les Florentins se servent du terme bagordare. (G)

* BEJA ou BEJER, (Géog.) contrée de Barbarie, dans le royaume de Tunis.

* Beja, (Géog.) ville de Portugal, dans l’Alentejo, près du lac de même nom ; long. 10. 10. lat. 37. 58. On dit qu’il y a dans ce lac une espece de poisson bon à manger, qui présage la pluie & la tempête, & l’annonce par des mugissemens semblables à ceux du taureau ; d’autres attribuent ces mugissemens & le bruit, précurseurs des mauvais tems, à l’agitation des eaux du lac.

BÉJAUNE, sub. m. se dit, en Fauconnerie, des oiseaux niais & tout jeunes, qui ne savent encore rien faire ; béjaune ou bec-jaune signifie ignorance. Ce terme, béjaune, vient des petits oiseaux qui, avant d’être en état de sortir du nid, ont le bec jaune.

* BÉjaune ou Becjaune, (Hist. mod.) c’est ainsi qu’on nomme communément le régal qu’un officier donne à ses camarades en entrant dans un régiment : on dit payer son béjaune.

* BEICHLINGEN, (Géog.) ville d’Allemagne, au comté de même nom, dans le cercle de haute Saxe. Long. 29. 20. lat. 51. 20.

* BEID-EL-OSSAR ou BEID-EL-SSAR, plante Égyptienne, dont on trouvera la description & les propriétés dans Prosper Alpin & dans Veslingius. Elle croît aux environs d’Alexandrie ; ses feuilles coupées rendent un suc laiteux : on s’en sert pour dépouiller les peaux de leur poil ; pour cet effet on les laisse macérer dans ce suc.

Le fruit de la plante est environné d’un duvet ou coton fort doux, dont on fait des lits, des coussins, & des meches. Les abeilles se reposent volontiers sur le beid-el-ossar.

* BEIDHAH, (Géographie.) ville de la province de Perse proprement dite, proche Schiraz.

* BEIGE, s. f. (Commerce.) serge noire, grise ou tannée, que l’on fabrique en Poitou avec la laine, telle qu’on l’enleve de dessus le mouton, tant à la chaîne qu’à la trame. Elle doit avoir trente-huit à trente-neuf portées, & chaque portée vingt fils.

* BEILE ou BEIE, (Géog. anc. & mod.) ville d’Afrique, au royaume de Tunis, entre Constantine & Tunis. On croit que c’est la Bulla regia des anciens.

* BEILSTEIM, (Géog.) petite ville d’Allemagne, dans la Veteravie, avec titre de comté, entre Marpourg, Nassau, & Coblentz.