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& mod. ce sont les écueils du golfe de Sedra, que les anciens appelloient Syrtis magna ou major. On entend aussi par ce nom, quelquefois, le golfe de Sedra même.

BARBARIN, s. m. (Hist, nat. Zoolog.) poisson de mer, mieux connu sous le nom de surmulet. V. Surmulet.

Barbarin, poisson de riviere, petit barbeau. V. Barbeau. (I)

BARBARISME, s. m. (terme de Gramm.) le barbarisme est un des principaux vices de l’élocution.

Ce mot vient de ce que les Grecs & les Romains appelloient les autres peuples barbares, c’est-à-dire, étrangers ; par conséquent tout mot étranger mêlé dans la phrase greque ou latine étoit appellé barbarisme. Il en est de même de tout idiotisme ou façon de parler, & de toute prononciation qui a un air étranger ; par exemple, un Anglois qui diroit à Versailles, est pas le roi allé à la chasse, pour dire le roi n’est-il pas allé à la chasse ? ou je suis sec, pour dire j’ai soif, feroit autant de barbarismes par rapport au françois.

Il y a aussi une autre espece de barbarisme ; c’est lorsqu’à la vérité le mot est bien de la langue, mais qu’il est pris dans un sens qui n’est pas autorisé par l’usage de cette langue, ensorte que les naturels du pays sont étonnés de l’emploi que l’étranger fait de ce mot : par exemple, nous nous servons au figuré du mot d’entrailles, pour marquer le sentiment tendre que nous avons pour autrui ; ainsi nous disons il a de bonnes entrailles, c’est-à-dire, il est compatissant. Un étranger écrivant à M. de Fenelon, archevêque de Cambrai, lui dit : Mgr, vous avez pour moi des boyaux de pere. Boyaux ou intestins pris en ce sens, sont un barbarisme, parce que selon l’usage de notre langue nous ne prenons jamais ces mots dans le sens figuré que nous donnons à entrailles.

Ainsi il ne faut pas confondre le barbarisme avec le solécisme ; le barbarisme est une élocution étrangere, au lieu que le solécisme est une faute contre la régularité de la construction d’une langue ; faute que les naturels du pays peuvent faire par ignorance ou par inadvertance, comme quand ils se trompent dans le genre des noms ou qu’ils font quelqu’autre faute contre la syntaxe de leur langue.

Ainsi on fait un barbarisme, 1°. en disant un mot qui n’est point du dictionnaire de la langue. 2°. En prenant un mot dans un sens différent de celui qu’il a dans l’usage ordinaire, comme quand on se sert d’un adverbe comme d’une préposition ; par exemple, il arrive auparavant midi, au lieu de dire avant midi. 3°. Enfin en usant de certaines façons de parler, qui ne sont en usage que dans une autre langue.

Au lieu que le solécisme regarde les déclinaisons, les conjugaisons, & la syntaxe d’une langue, 1°. les déclinaisons, par exemple, les émails au lieu de dire les émaux : 2°. les conjugaisons, comme si l’on disoit il allit pour il alla : 3°. la syntaxe, par exemple, je n’ai point de l’argent, pour je n’ai point d’argent.

J’ajoûterai ici un passage tiré du IVe livre ad Herennium, ouvrage attribué à Cicéron : La latinité, dit l’auteur, consiste à parler purement, sans aucun vice dans l’élocution. « Il y a deux vices qui empêchent qu’une phrase ne soit latine, le solécisme & le barbarisme ; le solécisme, c’est lorsqu’un mot n’est pas bien construit avec les autres mots de la phrase ; & le barbarisme, c’est quand on trouve dans une phrase un mot qui ne devoit pas y paroître, selon l’usage reçû ». Latinitas est quæ sermonem purum conservat, ab omni vitio remotum. Vitia in sermone, quominus is latinus sit, duo possunt esse ; solecismus & barbarismus. Solecismus est, cum verbis pluribus consequens verbum superiori non accommodatur. Barbarismus est,

cum verbum aliquod vitiose effertur. Rhetoricorum ad

Herenn. Lib. IV. cap. xij. (F)

* BARBATA ou BARBUE, (Mytholog.) surnom qu’on donnoit à Venus ; en effet, on la représentoit quelquefois avec de la barbe & avec les deux sexes.

* BARBATH ou MARBATH (Géog. anc. & mod.), ville de l’Arabie heureuse, dans une petite province nommé Sehagt ou Hadhramuth, qui est l’Adramytene des anciens,

* BARBATO (Géog.), riviere de l’Andalousie, en Espagne, qui coule dans l’évêché de Cadis, & se jette dans l’océan Atlantique à Porto-Barbato.

* BARBATO ou PORTO-BARBATO (Géog. anc. & mod.), petite ville d’Espagne, dans l’Andalousie, sur l’Océan Atlantique, à l’embouchûre de la riviere Barbato. C’est, selon quelques Géographes, la ville Belo ou Bello des anciens ; d’autres veulent que Belo ou Bello des anciens soit Conil ou Belona.

BARBE, le poil qui croît au menton & autres parties du visage, sur-tout des mâles adultes. V. Poil.

La barbe est la premiere marque de puberté ; c’est un indice que la semence commence à se faire ; elle continue, si le sang produit la même humeur prolifique : elle cesse de pousser, ou tombe, si cette secrétion importante est empêchée. On connoît par-là pourquoi la barbe & les cheveux tombent souvent dans la vieillesse. La voix d’un garçon ressemble à celle d’une fille avant la secrétion de la semence, après quoi elle devient grave & rauque, & ce symptome paroît avant la barbe. (L)

La barbe a été assujettie à diverses coûtumes & cérémonies. Kingson nous assûre qu’une partie considérable de la religion des Tartares consiste dans le gouvernement de leur barbe ; qu’ils ont fait une longue & sanglante guerre aux Persans, & les ont déclarés infideles, quoique de leur communion à d’autres égards, précisément à cause que ceux-ci ne se faisoient point la moustache à la mode ou suivant le rit des Tartares.

Athenée remarque, d’après Chrysippe, que les Grecs avant Alexandre, avoient toûjours conservé leur barbe, & que le premier Athénien qui coupa la sienne, fut toûjours après cela dans les médailles surnommé le tondu, κόρσης. Plutarque ajoûte qu’Alexandre ordonna aux Macédoniens de se faire raser, de peur que les ennemis ne les prissent par la barbe.

Quoi qu’il en soit, nous voyons que Philippe son pere, ainsi que ses prédécesseurs Amyntas & Archelaiis, sont représentés sans barbe sur les médailles.

Pline observe que les Romains ne commencerent à se raser que l’an de Rome 454, quand P. Ticinus leur amena de Sicile une provision de barbiers ; il ajoûte que Scipion l’Africain fut le premier qui fit venir la mode de se raser chaque jour.

Ce fut encore une coûtume parmi les Romains de se faire des visites de cérémonie, à l’occasion de la premiere coupe de la barbe. Les jeunes gens commençoient à se faire couper la barbe depuis l’âgê de 21 ans, jusqu’à celui de 49 ; passé 49 ans, il n’étoit plus permis, selon Pline, de ne pas porter la barbe longue. Ils enfermoient leur premiere barbe dans une petite boîte d’or ou d’argent, qu’ils consacroient à quelque divinité, & sur-tout à Jupiter Capitolin, comme Suétone le remarque de Néron. Les 14 premiers empereurs se firent raser jusqu’au tems de l’empereur Adrien, qui retablit l’usage de porter la barbe : Plutarque dit que le motif de ce prince fut de cacher les cicatrices qu’il avoit au visage.

Tous ses successeurs l’imiterent jusqu’à Constantin. Les barbes reparurent sous Héraclius, & tous les empereurs Grecs l’ont portée depuis. Les Goths & les Francs ne portoient qu’une moustache, jusqu’à Clodion, qui ordonna aux François de laisser croître leur barbe & leurs cheveux, pour les distinguer des