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Centaure, centaurus, en Astronomie, constellation de l’hémisphere méridional, représentée par une figure moitié homme & moitié cheval, & qui d’ordinaire se joint au Loup. Voyez Loup. (O)

Les étoiles de cette constellation sont au nombre de dix-neuf dans le catalogue de Ptolemée ; au nombre de quatre, dans celui de Tycho, & au nombre de treize dans le catalogue Anglois.

CENTAURÉE, (Grande) s. f. Hist. nat. bot. centaurium majus, genre de plante dont la fleur est un bouquet à plusieurs fleurons découpés, portés chacun par un embryon, & soûtenus par un calice écailleux & sans épine : les embryons deviennent dans la suite des semences garnies d’aigrettes. Ajoûtez aux caracteres de ce genre la grandeur des fleurs qui le rend différent de la jacée. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Le centaurium majus folio helenü incano, Tourn. Inst. 443. a la racine dessiccative, astringente, apéritive, fortifiante : on en fait usage dans la cure des plaies. Elle doit son nom, selon Pline, au centaure Chiron, qui se guérit par son usage d’une blessure qu’il avoit reçûe d’une des fleches d’Hercule. On en fait peu d’usage. (N)

Centaurée, (petite) s. f. Hist. nat bot. centaurium minus, genre de plante à fleur monopétale faite en forme d’entonnoir, & découpée : il sort du calice un pistil qui perce le fond de la fleur, & qui devient dans la suite un fruit presque cylindrique ou oval, qui s’ouvre en deux parties, qui est partagé en deux loges, & qui renferme des semences ordinairement assez menues. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

La petite centaurée est très-amere au goût ; elle est apéritive, détérsive ; elle leve les obstructions du foie & de la rate, provoque les regles & les urines, soulage dans la jaunisse & dans les fievres intermittentes, fortifie l’estomac, & tue les vers. On s’en sert à l’extérieur en fomentation dans les enflures.

L’extrait que l’on en tire est la seule préparation officinale qu’elle fournisse.

La vertu fébrifuge de cette plante vient d’un sel amer, analogue à celui de la terre ; il est mêlé avec du soufre & de la terre, de façon que le sel ammoniac y est plus dégagé que les autres principes : ainsi la petite centaurée a beaucoup de rapport avec l’aloès, le quinquina, & l’ipecacuanha.

Dans les fievres on peut ordonner son infusion dans du vin blanc : mais comme elle est fort amere, il est plus à propos de joindre l’extrait de petite centaurée avec autant de quinquina en poudre. L’usage de l’infusion de fleurs de petite centaurée prise en guise de

thé le matin à jeun, soulage la migraine. (N)

CENTENIERS, s. m. pl. (Hist. mod.) officiers de l’ancienne monarchie Françoise subordonnés aux comtes, & chargés de mener à la guerre les hommes libres du bourg, ou leurs centaines. Voyez Esp. des Lois, liv. XXX. chap. xvij. (O)

CENTIEME-DENIER, est un droit que le Roi s’est attribué par l’édit du mois de Décembre 1703, sur tous acquéreurs d’immeubles à quelque titre que ce soit : c’est la centieme partie du prix de l’acquisition. (H)

* CENTOBRIGUES, s. m. pl. (Géog.) ancienne ville des Celtibériens en Espagne. Les machines de Métellus qui l’assiégeoient ayant renversé un pan de muraille, les habitans exposerent sur la breche les enfans de Réthogene qui s’étoit rendu dans son camp : Métellus aima mieux lever le siége, que de faire périr la famille du brave Celtibérien, qui exhortoit à continuer l’attaque. Cette action toucha tellement les assiégés, qu’ils ouvrirent leurs portes aux Romains.

CENTON, s. m. en Poësie, piece de vers composée on entier de vers ou de passages pris de côtés & d’autres, soit dans le même auteur, soit dans différens écrivains, & disposés seulement dans une nouvelle forme ou un nouvel ordre qui compose un ouvrage, & donne à ces lambeaux un sens tout différent de celui qu’ils ont dans l’original.

Ce mot est Latin, cento, & signifie à la lettre un manteau fait de pieces rapportées : il vient du Grec {{lang[grc|κέντρον}}, qui veut dire la même chose. Les soldats Romains dans les siéges se servoient de centons, ou de vieilles étoffes rapetassées, pour se garantir des traits de l’ennemi ; & l’on couvroit aussi au même dessein les machines de guerre, les galeries, & autres choses nécessaires aux approches, de peaux de bêtes fraîchement écorchées, que les auteurs appellent centons. Voyez Centonaires.

Ausone a donné des regles de la composition des centons ; & lui-même en a fait un très-obscene tiré des vers de Virgile : il faut prendre, dit-il, des morceaux détachés du même poëte, ou de plusieurs : en peut prendre les vers entiers, ou les partager en deux, & lier une moitié empruntée d’un poëte à la moitié qu’un autre aura fournie : mais il n’est pas permis d’insérer deux vers de suite, ni d’en prendre moins que la moitié d’un.

Proba Falconia a écrit la vie de Jesus-Christ en centons tirés de Virgile, aussi bien qu’Alexandre Rosso, & Etienne de Pleurre chanoine régulier de Saint-Victor de Paris. Voici un exemple de ces centons dans l’adoration des Mages. V. Chamb. & le Dict. de Trév.
Adoratio Magorum. Matth. 2.
VI. Æneïd. v. 255. Ecce autem primi sub lumina solis, & ortus,
II. Æneïd. v. 694. Stella facem ducens, multà cum luce cucurrit.
V. Æneïd. v. 526. Signavitque viam * coeli in regione serenâ : VIII. Æneïd. v. 528.
VIII. Æneïd. v. 330. Tum reges * (credo quiæ sit divinitus illis I. Georg. v. 415.
I. Georg. v. 416. Ingenium & rerum fato prudentia major)
VII. Æneïd. v. 98. Externi veniunt * quæ cuique est copia, coeti, V. Æneïd. v. 100.
II. Æneïd. v. 333. Munera portantes * molles sua thura Sabœi I. Georg. v. 57.
III. Æneïd. v. 464. Dona dehinc auro gravia * myrrhaque madentes, XII. Æneïd. v. 100.
IX. Æneïd. v. 659. Agnovere Deum regem * regumque parentem. VI. Æneïd. v. 548.
I. Georg. v. 418. Mutavere vias * ; perfectisque ordine votis, X. Æneïd. v. 548.
VI. Æneïd. v. 16. Insuetum per iter * spatia in sua quisque recessit. XII. Æneïd. v. 126.

CENTONAIRES, s. m. pl. (Hist. anc.) officiers dans les armées Romaines, qui avoient soin de fournir les étoffes que l’on appelloit centones, & qui servoient à couvrir les tours & les autres machines de guerre dans les siéges, pour les défendre des traits ou du feu des ennemis. Vegece, liv. IV. parlant d’u-

ne galerie couverte qui servoit à faire les approches ; dit que par dehors, de peur qu’on n’y mît le feu, elle étoit revêtue de cuirs fraîchement écorchés, & de centons, centonibus ; c’est-à-dire de quelques vieilles étoffes, qui étant mouillées pouvoient ou résister au feu, ou amortir les armes de trait. César, dans ses