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ser sur la masse de notre globe de grandes altérations. Whiston a prétendu que cette comete, dont la période paroît être d’environ 575 ans, avoit dû paroître l’année du déluge, & qu’elle en a peut-être été la cause. Quoi qu’il en soit de tous ces systèmes physiques, il faut toûjours y reconnoître la volonté divine comme cause premiere : Dieu saura bien réduire notre terre en cendres quand il lui plaira ; il n’aura besoin pour cela, ni de feu central, ni de comete ; sa seule volonté suffira. Et pourquoi ne pas vouloir que la fin du monde & sa destruction soit un miracle ? la création en est bien un : il n’est pas plus difficile de détruire que de construire. Dieu même, suivant plusieurs Théologiens, ne fait que créer continuellement quand il conserve. Il n’a qu’à cesser de créer pour que tout soit anéanti. (O)

CONFLANS-EN-JARNISY, (Géog.) petite ville de France, en Lorraine, sur les frontieres de la Franche-Comté, au confluent des rivieres d’Iron & d’Orn. Long. 23. 50. lat. 47. 45.

CONFLIT de jurisdiction, (Jurisp.) c’est la contestation qui s’éleve entre les officiers de différentes jurisdictions, qui prétendent respectivement que la connoissance d’une affaire leur appartient.

Lorsque le conflit est formé entre deux jurisdictions inférieures, indépendantes l’une de l’autre, mais ressortissantes toutes deux devant un même juge, on peut se pourvoir devant ce juge supérieur, pour faire regler dans laquelle des deux jurisdictions inférieures on doit procéder. Si ces deux jurisdictions ne ressortissent pas l’une & l’autre en une même cour, il faut se pourvoir en reglement de juge au conseil ; c’est ce que l’ordonnance de 1681, titre commun pour toutes les fermes, artic. 37. ordonne pour les conflits qui surviennent entre les juges ordinaires & les élûs.

Les conflits qui surviennent entre les deux chambres des requêtes du palais, sont jugés par les doyens des deux chambres, auxquels on remet les pieces.

Si c’est entre la grand’chambre & une chambre des enquêtes, ou entre deux chambres des enquêtes, le conflit se plaide au parquet devant les trois avocats généraux.

A l’égard des conflits formés entre deux cours, comme entre le parlement & la cour des aides, les avocats généraux de la cour des aides viennent au parquet du parlement, où la cause se rapporte par le ministere d’un substitut du procureur général du parlement, & les avocats généraux des deux cours décident ; s’ils se trouvent partagés, on se pourvoit au conseil en reglement de juges. Voyez l’ordonnance de 1669. tit. 2. art. j. (A)

CONFLUENT, s. m. (Géog.) lieu où deux rivieres se joignent & mêlent leurs eaux. Voyez Riviere.

Le village nommé Conflans, proche de Paris, est ainsi nommé parce que c’est proche de ce village que se fait la réunion de la Seine & de la Marne.

Quand deux rivieres se rencontrent, il faut qu’elles se joignent pour aller desormais ensemble avec une direction commune, qui ne sera ni l’une ni l’autre des deux différentes qu’elles avoient auparavant. L’angle du confluent, c’est-à-dire celui sous lequel les deux rivieres se rencontrent, étant posé, il est clair que si elles se rencontrent avec des forces parfaitement égales, la direction commune qu’elles prendront divisera cet angle exactement en deux moitiés égales ; mais hors de ce cas-là, qui est unique & extrèmement rare, l’angle ne sera point divisé également, parce que la direction commune formée ou résultante des deux particulieres, tiendra plus de celle qui aura appartenu à la riviere plus forte que de l’autre ; & cela d’autant plus que l’inégalité de forces sera plus grande. Donc la direction commune s’approchera plus de l’une des deux par-

ticulieres que de l’autre ; donc elle ne coupera pas

en deux également l’angle du confluent formé par ces deux directions. Il s’agit ici de déterminer en général quelle sera la division de cet angle, ou, ce qui est le même, la position de la direction commune. Voici, selon M. Pitot, comment on la détermine.

Les deux rivieres ne prennent une direction commune, qu’après avoir en quelque sorte combattu, & s’être mises en équilibre ; de maniere qu’il n’y aura plus de combat, & qu’elles suivront paisiblement le même cours : la ligne de la direction commune est l’axe de cet équilibre, puisqu’il se fait à ses deux côtés & sur lui, comme sur une suite continue de points d’appui. Les deux forces des deux rivieres sont donc égales aux deux côtés de la ligne de direction commune, & il ne faut plus que les exprimer algébriquement. Ce sont l’une & l’autre les produits de trois quantités : 1°. la masse d’eau de l’une ou de l’autre riviere ; 2°. sa vitesse ; 3°. sa distance à l’axe de l’équilibre ; car cette distance est à considérer toutes les fois qu’il s’agit d’équilibre : or ici l’axe d’équilibre est la même ligne que la direction commune.

De ces trois quantités les deux premieres sont connues, ou supposées connues : reste la troisieme, que l’on tirera aisément d’une équation algébrique.

La distance de l’une des rivieres, ou plûtôt celle de son action sur l’axe d’équilibre, étant perpendiculaire à cet axe ou à la ligne de la direction commune, ce sera aussi le sinus de l’angle que fait avec cette direction la direction primitive de la riviere. On aura donc l’une des deux parties de l’angle du confluent divisé par la direction commune, & l’on aura en même tems l’autre partie.

Si les forces que les deux rivieres ont par elles-mêmes, c’est-à-dire les produits des masses par les vitesses, sont des quantités égales, il est évident que la direction commune divise en deux moitiés égales l’angle du confluent.

Pour prendre de tout ceci une idée encore plus nette, il sera bon de voir quelle sera la position de la direction commune par rapport aux directions particulieres ou primitives, toûjours dans la supposition de cette égalité de force des rivieres, mais en y ajoûtant celle de différens angles du confluent.

Si cet angle est infiniment petit ou aigu, la direction commune sera infiniment inclinée, ou, ce qui est le même, parallele aux deux directions particulieres, ou même confondue avec elles.

Si l’angle du confluent est droit, la direction commune fait un angle de 45 degrés avec chacune des deux particulieres.

Si l’angle du confluent est infiniment obtus, c’est-à-dire si les directions des deux rivieres ne font qu’une même ligne droite, si elles se rencontrent de front, on concevra, ou qu’il ne se forme point de direction commune, ou que s’il y en a une, elle traversera les deux rivieres perpendiculairement à l’une & à l’autre des deux directions particulieres.

Donc la direction ayant commencé par le premier des deux cas extrèmes par avoir la même position que les directions particulieres, & finissant dans le second cas par en avoir une la plus opposée à la leur qui soit possible, il faut que dans tous les cas moyens, à commencer par le premier extrème, elle en ait une toûjours plus différente, & en un mot d’autant plus différente, que l’angle du confluent sera plus grand.

Si l’on ne suppose plus l’égalité des forces naturelles des deux rivieres, il est clair en général que la direction commune n’aura plus la même position à l’égard des deux particulieres, mais qu’elle se portera vers le côté le plus fort.

La direction commune des deux rivieres étant déterminée & connue, la vîtesse commune qu’elles prendront ne l’est pas encore : cette vîtesse sera,