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l’espece de l’aliment & de la boisson, leur degré de chaleur, manger & boire chaud, froid, à la glace ; dormir après le repas, se promener, faire un exercice plus violent, &c. (voyez Stomachique & Régime.) En général le caffé, les sucs acidules parfumés, comme la limonade aromatisée avec l’oléosaccharum de citron, l’infusion théiforme des plantes aromatiques ameres ; les extraits amers, comme le cachou, les alkalis volatils végétaux, comme la moutarde, les ratafia, les vins appellés cordiaux ou doux & spiritueux, l’eau fraîche & même à la glace prise deux heures après le repas, les eaux thermales, & sur-tout celles qui contiennent du sel marin & du sel catartique amer, les acidules martiales, & les acidules salées telles que celles de Selters, &c. (voyez Stomachiques.) sont des remedes dont on tente l’usage avec succès, & qu’on combine quelquefois diversement. La digestion difficile accidentelle, n’est proprement qu’une espece ou un degré d’indigestion. Voyez Indigestion. (b)

Digestion, terme de Chirurgie : action de la nature, qui convertit & change en pus les humeurs arrêtées dans les vaisseaux dont la continuité est rompue. La digestion est aux plaies & aux ulceres, ce que la suppuration est aux humeurs. Voyez Suppuration & Digestifs. (Y)

Digestion, (Chimie.) opération chimique qui consiste à appliquer un feu doux & continu à des matieres contenues dans un unique vaisseau ordinairement fermé, ou dans des vaisseaux de rencontre. Voyez Vaisseaux de rencontre.

Les sujets de la digestion peuvent se ranger sous deux classes : car, ou l’on fait digérer, avec un menstrue approprié, un corps qu’on veut dissoudre, ou d’où l’on veut tirer une teinture ; ou l’on expose à la digestion un liquide homogene, mais composé, que l’on se propose d’altérer par cette opération.

Dans le premier cas, on ne fait autre chose que favoriser l’action menstruelle, par le secours de la chaleur. Voyez Menstrue.

L’effet de la digestion est, dans le second cas, un peu plus essentiel, c’est-à-dire plus particulier à cette opération. Les plus grands maîtres de l’art ont prétendu qu’un feu doux & long-tems continué excitoit dans un liquide composé, expose à son action, des mouvemens qui étoient suivis des changemens les plus merveilleux, d’exaltations, d’améliorations, de transmutations même : tous ces miracles de la digestion célébrés par de très-grands chimistes sur ce haut ton hyperbolico-alchimique, qui a été presque le ton de l’art jusqu’à Stahl, quoique évalués un peu moins avantageusement par les chimistes dogmatiques, ont paru à ceux-ci même assez considérables, pour leur faire regretter que ce moyen fût presque absolument négligé, & pour le leur faire recommander comme une source nouvelle d’une infinité de connoissances.

Il est à présumer effectivement qu’un mouvement intestin leger & très-long-tems continué, & des alternatives d’approximation & d’éloignement dans les particules d’un corps agité doucement par une chaleur continuelle, supérieure à celle que ces corps pourroient recevoir de l’atmosphere ; que ces causes, dis-je, peuvent produire dans ces corps des dégagemens & des combinaisons nouvelles, en un mot les altérer chimiquement de différentes façons.

L’analogie des corps fermentans & de la fermentation confirme les idées avantageuses qu’on nous a données des effets de la digestion : car un corps propre à être altéré par la fermentation, ne differe d’un sujet propre à la digestion, que par le degré de constance de sa mixtion ; & la chaleur agissant dans l’une & l’autre de ces opérations, ne differe aussi que par le degré.

C’est la longueur de cette opération, la lenteur, & pour ainsi dire l’insensibilité de ces effets, qui a sans doute empêché les Chimistes de la mettre en œuvre. Cet inconvénient est encore plus considérable pour nous que pour les autres nations chimistes, les Allemans, les Suédois.

La circulation ne differe de la digestion que par la forme de l’appareil. Voyez Circulation.

La macération differe de la digestion de la premiere classe, en ce que dans la macération on n’excite point l’action du menstrue (qui est ordinairement de l’eau) par une chaleur artificielle. Voyez Macération.

L’infusion est une courte digestion de la premiere classe. Voyez Infusion.

Les vaisseaux les plus ordinaires dans lesquels on exécute les digestions de la premiere classe, aussi usitées en Chimie que celles de la seconde le sont peu, sont des matras de verre, des cucurbites à bouche étroite, & des bouteilles de verre mince sans pontis, comme celles dans lesquels on apporte à Paris certains vins d’Italie, & les eaux aromatiques de Toscane, ou de la côte de Genes. On ferme ces vaisseaux avec un morceau de vessie moüillée, ou de parchemin moüillé, que l’on tend bien sur l’ouverture, & que l’on ficelle autour du cou ; on fait dans le parchemin un trou avec une épingle qu’on laisse dans ce trou, & qu’on peut retirer si on veut donner de l’air au vaisseau, ce qui est rarement nécessaire. On se sert aussi des vaisseaux de rencontre, dont nous avons parlé plus haut. (b)

Digestion, (Jard.) se dit dans les plantes comme dans les animaux, de la bonne seve qui leur sert de nourriture, & qui est parfaitement digérée dans les entrailles de la terre. (K)

DIGESTOIRE ou DIGESTEUR de Papin, est une machine très-connue en Physique, & dont on a dejà parlé à l’article Digesteur, où l’on a expliqué l’usage de cette machine & son effet. On en voit ici la figure, Pl. de Physiq. fig. 26. Elle est tirée des Essais de Physique de M. Musschenbroek, p. 427, 428. On y voit le pot de métal AB qui fait le corps & la partie principale du digestoire ; le couvercle que l’on applique fortement sur le vase par le moyen des deux pieces mobiles D, D, & sur-tout par le secours de plusieurs vis E, que l’on serre au moyen d’une manivelle F. Cette machine à laquelle on a donné le nom de machine de Papin, est, comme l’on voit, fort simple, & ne mérite guere le nom de machine : ce n’est absolument qu’un vase bien fermé d’où il ne peut sortir d’exhalaison. (O)

DIGITALE, digitalis, s. f. (Hist. nat. bot.) genre de plante à fleur monopétale, anomale, & faite en forme de tuyau ouvert par les deux bouts, & découpée en deux levres. Il sort du calice un pistil, qui entre comme un clou dans la partie postérieure de la fleur, & qui devient dans la suite un fruit, ou une coque arrondie & terminée en pointe. Ce fruit se partage en deux parties, est divisé en deux loges, & renferme des semences qui sont petites pour l’ordinaire. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante. (I)

Digitale, (Matiere medic.) J. Rai dit que la digitale est émétique. Dodonée rapporte que quelques personnes ayant mangé des gâteaux & des œufs où il y avoit de cette plante, s’étoient trouvées mal, & avoient vomi. Lobel dit aussi que le peuple de Sommerset en Angleterre, est dans l’usage de faire vomir avec la décoction de cette plante, ceux qui ont la fievre, & qu’elle leur cause quelquefois des super-purgations. Parkinson assûre qu’elle est efficace contre l’épilepsie, prise en décoction dans de la bierre, à la dose de deux poignées, auxquelles on ajoûte quatre onces de polipode de chêne ; mais comme l’observe J. Rai, ce remede ne convient qu’aux per-