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& alors x sera un nombre, & on n’aura que faire de division. Cette maniere de considérer les quantités de plus de trois dimensions, est aussi exacte que l’autre ; car les lettres algébriques peuvent toûjours être regardées comme représentant des nombres, rationels ou non. J’ai dit plus haut qu’il n’étoit pas possible de concevoir plus de trois dimensions. Un homme d’esprit de ma connoissance croit qu’on pourroit cependant regarder la durée comme une quatrieme dimension, & que le produit du tems par la solidité seroit en quelque maniere un produit de quatre dimensions ; cette idée peut être contestée, mais elle a, ce me semble, quelque mérite, quand ce ne seroit que celui de la nouveauté.

Dans les fractions algébriques la dimension est égale à celle du numérateur moins celle du dénominateur, ainsi ou est de deux dimensions. En effet on peut supposer Par la même raison ou est de dimension nulle ; & on appelle ainsi en général toute fraction où le numérateur a une dimension égale à celle du dénominateur. seroit de la dimension −1 ; ce qui ne signifie autre chose, sinon que cette quantité étant multipliée par une quantité de dimension positive m, le produit seroit de la dimension m − 1 ; car voilà tout le mystere des dimensions négatives & des exposans négatifs. Voyez Exposant. (O)

DIMESSES, s. m. pl. (Hist. ecclés.) congrégations de personnes du sexe, établies dans l’état de Venise. Elles ont eu pour fondatrice Déjanira Valmarana en 1572. On y reçoit des filles & des veuves ; mais il faut qu’elles soient libres de tout engagement, même de tutelle d’enfans. On y fait, à proprement parler, cinq ans d’épreuves : on ne s’y engage par aucun vœu : on y est habillé de noir ou de brun, & l’on s’occupe à enseigner le catéchisme aux jeunes filles, & à servir dans les hôpitaux les femmes malades.

DIMINUÉ, adj. intervalle diminué, est, en Musique, tout intervalle mineur, dont on retranche un semi-ton par un dièse à la note inférieure, ou par un bémol à la supérieure. Voyez Intervalle. (S)

DIMINUTIF, IVE, adj. terme de Grammaire, qui se prend souvent substantivement. On le dit d’un mot qui signifie une chose plus petite que celle qui est désignée par le primitif : par exemple, maisonette est le diminutif de maison, monticule l’est de mont ou montagne ; globule est le diminutif de globe : ce sont-là des diminutifs physiques. Tels sont encore perdreau de perdrix, faisandeau de faisan, poulet & poulette de poule, &c. Mais outre ces diminutifs physiques, il y a encore des diminutifs de compassion, de tendresse, d’amitié, en un mot de sentiment. Nous sommes touchés d’une sorte de sentiment tendre à la vûe des petits des animaux, & par une suite de ce sentiment, nous leur donnons des noms qui sont autant de diminutifs ; c’est une espece d’interjection qui marque notre tendresse pour eux. C’est à l’occasion de ces sentimens tendres, que nos Poëtes ont fait autrefois tant de diminutifs ; rossignolet, tendrelet, agnelet, herbette, fleurette, grassette, Janette, &c.

Viens ma bergere sur l’herbette,
Viens ma bergere viens seulette,
Nous n’aurons que nos brebietes
Pour témoins de nos amouretes. Boursaut.

Les Italiens & les Espagnols sont plus riches que nous en diminutifs ; il semble que la langue françoise n’aime point à être riche en babioles & en colifichets, dit le P. Bouhours. On ne se sert plus aujourd’hui de ces mots qui ont la terminaison de diminutifs, comme hommelet, rossignolet, montagnette, campagnette,

tendrelet, doucelet, nymphelette, larmelette, &c. « Ronsard, dit le P. Bouhours, remarques, tom. I. p. 199. la Noue auteur du dictionnaire des rimes, & mademoiselle de Gournai, n’ont rien négligé en leur tems pour introduire ces termes dans notre langue. Ronsard en a parsemé ses vers, la Noue en a rempli son dictionnaire, mademoiselle de Gournai en a fait un recueil dans ses avis, & elle s’en déclare hautement la protectrice ; cependant notre langue n’a point reçu ces diminutifs ; ou si elle les reçut en ce tems-là, elle s’en défit aussi-tôt. Dès le tems de Montagne on s’éleva contre tous ces mots si mignons, favoris de sa fille d’alliance : elle eut beau entreprendre leur défense & crier au meurtre de toute sa force, avec tout cela la pauvre demoiselle eut le déplaisir de voir ses chers diminutifs bannis peu-à-peu ; & si elle vivoit encore, je crois, poursuit le P. Bouhours, qu’elle mourroit de chagrin de les voir exterminés entierement ».

Les Italiens & les Espagnols font encore d’autres diminutifs des premiers diminutifs ; par exemple, de bambino, un petit enfant, ils ont fait bambinello, bamboccio, bambocciolo, &c. C’est ainsi qu’en latin de homo on a fait homuncio, & d’homuncio, homunculus, & encore homulus. Ces trois mots sont dans Cicéron. Le P. Bouhours dit que ce sont des pygmées qui multiplient, & qui font des enfans encore plus petits qu’eux. Remarques, tom. I. p. 199. (F)

DIMINUTION, s. f. figure de Rhétorique, ainsi nommée par antiphrase ; c’est une exagération ou augmentation de ce que l’on veut dire, en se servant néanmoins d’expressions qui semblent l’affoiblir & le diminuer, comme, par exemple, lorsqu’on dit d’une femme ou d’une étoffe, qu’elle n’est pas laide, pour faire entendre qu’elle est belle, ou d’un homme, qu’il n’est pas petit ou léger, pour marquer qu’il est grand ou pesant.

Quelques auteurs employent diminution dans un sens propre & plus strict, pour exprimer quelque chose de moins que ce qu’on dit ; par exemple, dire à un militaire, vous n’êtes point propre au commandement, c’est sous-entendre un reproche encore plus grand, & le soupçonner ou d’ignorance dans son métier ou de lâcheté. (G)

Diminution d’especes, (Jurisprud.) tombe sur celui auquel appartiennent les deniers, suivant la regle générale res domino perit. Le débiteur qui veut se libérer & ne pas supporter les diminutions d’especes qui peuvent arriver, ne doit pas se contenter de faire des offres réelles, il faut que les offres soient suivies d’une consignation effective. Voyez Argent, Especes, Monnoies. (A)

Diminution de feux, (Hist. anc. & Jurisprud.) étoit une réduction du nombre de feux ou portions d’un pays, qui contribuoient aux foüages & autres subsides. Dans l’origine par le terme de feux on entendoit chaque ménage ou famille ; dans la suite un feu comprenoit une certaine étendue de pays, & pouvoit comprendre plusieurs ménages. La diminution de feux s’accordoit aux pays dont la fertilité ou le commerce étoient diminués, ou lorsque le pays se trouvoit ruiné par la guerre ou par quelqu’autre accident. Lorsqu’une ville ou autre lieu demandoit une diminution de feux, on faisoit une information sur les lieux, qui étoit envoyée à la chambre des comptes, & en conséquence de laquelle on expédioit des lettres royaux portant diminution de feux : mais avant l’expédition de ces lettres il falloit payer un florin d’or pour chaque lieu, suivant l’ancien nombre des feux : ce droit étoit reçu par le payeur des bâtimens, & devoit être employé aux bâtimens. Il y a beaucoup de ces lettres portant diminution de feux, accordées à diverses villes & autres lieux du Languedoc, où l’imposition par feux avoit princi-