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par voie de nullité, ou par appel comme d’abus, auxquels cas on ne dissout point un mariage valablement contracté ; on déclare seulement qu’il n’y a point eu de mariage, ou ce qui est la même chose, que le prétendu mariage n’a point été valablement contracté, & conséquemment que c’est la même chose que s’il n’y avoit point eu de mariage.

Lorsqu’on se sert parmi nous du terme de divorce, on n’entend par-là autre chose que la mesintelligence qui peut survenir entre les conjoints, laquelle étoit autrefois une cause suffisante pour signifier le divorce ; au lieu que parmi nous, non-seulement il n’y a point de divorce proprement dit, mais la seule mesintelligence ne suffit pas pour donner lieu à la séparation de corps & de biens, il faut qu’il y ait de la part du mari des sevices & mauvais traitemens ; & il y a cette différence entre le divorce proprement dit, & la séparation de corps & de biens, que le premier pouvoit, comme on l’a dit, être provoqué par le mari ou la femme, & opéroit la dissolution du mariage, tellement que chacun pouvoit se marier ailleurs ; au lieu que la séparation de corps & de biens ne peut être demandée que par la femme, & n’opere point la dissolution du mariage.

Il y a encore des pays où le divorce se pratique, comme dans les états d’Allemagne de la confession d’Ausbourg. Voyez la loi 101. ff. de verborum signific. le titre de divortiis & repudiis au digeste ; celui de repudiis au code ; les novelles 22. & 117. le titre de divortiis au decret de Gratien ; Veselius, de repudiis ; Pontas, au mot divorce, & au mots répudiation & séparation. (A)

DIURÉTIQUE, adj. (Thérap. & mat. Méd.) on appelle ainsi tout médicament capable de provoquer la secrétion & l’excrétion de l’urine.

Parmi les médicamens qui font couler abondamment les urines, il en est qui excitent directement la fonction des organes qui la séparent, ou qui disposent les humeurs à cette excrétion de la façon la plus avantageuse : il en est d’autres qui n’occasionnent l’abondance d’urine que parce qu’ils portent dans la masse des humeurs une quantité de liquide proportionnée à la quantité de l’urine évacuée ; à la rigueur ce ne seroit que les premiers qu’on devroit regarder comme diurétiques : les derniers ne le sont pas plus, qu’une nourriture plus abondante que de coûtume n’est une purgation, quoiqu’elle soit suivie ordinairement d’une évacuation abdominale beaucoup plus copieuse. Cependant on appellera, si l’on veut, les premiers diurétiques vrais, ou proprement dits ; les seconds diurétiques faux, ou improprement dits : & cette distinction sera mieux entendue que celle que la plûpart des auteurs de matiere médicale ont établie entre les diurétiques qu’ils ont divisés en chauds & en froids, quoiqu’ils ayent ramené ces anciennes expressions de chaud & de froid aux notions modernes.

Les diurétiques chauds sont, selon ces auteurs, ceux qui agissent en excitant les solides, en stimulant, en irritant, ou en foüettant les humeurs, les brisant, les affinant, augmentant leur mouvement, soit intestin, soit progressif, &c. & les diurétiques froids, ceux qui produisent précisément l’effet contraire, qui calment, qui temperent, qui conservent ou augmentent la fluidité du sang, qui lui procurent un cours égal & paisible, un état doux & balsamique ; & aux solides des mouvemens souples, aisés, harmoniques, &c. ou qui corrigent les défauts contraires, éteignent l’incendie du sang, appaisent la fougue des humeurs, changent ou émoussent ses diverses acrimonies, &c. assouplissent des solides roides, crispés, agacés, calment le spasme, l’érétisme, &c.

Les diurétiques chauds sont les diurétiques vrais ;

l’observation décide leur qualité. Les prétendus diurétiques froids, ou ne sont que des diurétiques faux, ou ne peuvent être regardés que comme des remedes généraux, tels que la saignée, les vomitifs, les narcotiques, qui rétablissent très-efficacement le cours des urines dans plusieurs cas ; ou enfin ils agissent par des sels, ce qui les ramene dans la classe des diurétiques chauds, dont la plus grande partie n’agissent que par ce principe. Les aqueux purs, les émulsions, les très-légeres infusions de plantes diurétiques ; l’eau de poulet, de veau, de citrouille, la limonade, les tisanes aiguisées de-quelques gouttes d’un acide minéral, les légeres décoctions des farineux, &c. un grand nombre d’eaux prétendues minérales, &c. tous ces remedes, dis-je, regardés comme des diurétiques froids, sont des diurétiques faux, & ne sont utiles qu’à titre de remedes généraux. Les plantes, de la famille des bourraches, & les cucurbitacées, rangées par plusieurs auteurs parmi les diurétiques froids, sont éminemment nitreuses, & rentrent par-là dans la classe des diurétiques chauds, dont plusieurs doivent leur vertu à ce sel ; vertu qu’on peut appeller, si l’on veut, tempérante avec les Stahliens, ou antiphlogistique avec Boerhaave, mais qui est assez analogue par tous ses effets à celle de tous les sels neutres (& en général même à celle des médicamens que nous appellons purement irritans), pour qu’il soit au moins inutile de l’en séparer par ce titre très-indéterminé, & qu’il ne mérite que je sache par aucune qualité sensible. Voyez Tempérant, Rafraichissant, Médicament, Nitre.

Les diurétiques chauds sont assez communément confondus avec les remedes appellés apéritifs ; & ces derniers ne sont même ordinairement des remedes réels, ou du moins des remedes dont l’action soit manifeste, qu’autant qu’ils produisent l’effet diurétique.

Les diurétiques sont employés par les Medecins pour deux vûes générales, ou pour établir la secrétion de l’urine suspendue ou diminuée par un vice particulier des instrumens, ou de la matiere de cette secrétion : telles sont la plûpart des maladies des reins, & plusieurs maladies des ureteres & de la vessie (voyez les articles particuliers) ; ou pour procurer par cette voie une évacuation utile à la guérison de plusieurs maladies, & quelquefois même absolument curative : telles sont principalement un grand nombre de maladies chroniques, l’hydropisie, l’ictere, les fievres quartes, les suppressions de mois, les maladies de la peau, les maux à la tête habituels, &c. Les diurétiques ne sont mis ordinairement en usage dans les maladies aiguës, que comme secours secondaires : on se propose de faire couler les urines, d’entretenir cette évacuation, mais non pas de procurer par cette voie l’évacuation principale ou curative ; car quoique la nature termine quelquefois les maladies aiguës par une abondante évacuation d’urine, les Médecins agissans n’ont rien statué encore sur les cas où il seroit peut-être utile de la diriger dès le commencement du traitement vers les voies urinaires, plûtôt que vers le ventre, la peau, le poumon, &c.

Les diurétiques faux conviennent aussi-bien que les vrais dans les cas de la premiere classe : on donne même très-utilement dans ces cas les diurétiques vrais avec un véhicule aqueux fort abondant, c’est-à-dire avec les diurétiques faux. Dans les cas de la seconde classe, ce n’est qu’aux diurétiques vrais qu’on peut avoir recours.

Les diurétiques tempérés peuvent être donnés sans conséquence dans la plûpart des maladies, soit aiguës, soit chroniques ; mais l’administration des diurétiques forts demande de la part du praticien les considérations suivantes :