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1°. On ne doit pas les donner dans le cas d’une grande pléthore, & sur-tout si le cours des humeurs paroît principalement déterminé vers les reins, & qu’on craigne le pissement de sang, un engorgement inflammatoire des reins, ou des douleurs néphrétiques ; au moins faut-il faire précéder la saignée dans ce cas. Traduction libre du Conspectus Therapeiæ de Juncker.

2°. Les diurétiques sont contre-indiqués par la présence d’un corps étranger dans les voies urinaires, d’une carnosité, d’un grumeau de sang, d’une pierre, &c. Idem. ibid.

3°. On doit employer les diurétiques avec beaucoup de circonspection dans les affections goutteuses ; car la vûe de chasser par les urines une prétendue matiere tartareuse, regardée comme la cause de ces affections, est une indication très-précaire. Id. ib.

4°. Il faut s’abstenir de l’usage des forts diurétiques, si l’on veut tenter de chasser par ces remedes les petits calculs, & du gravier. Les remedes relâchans-nitreux, (c’est-à dire mucilagineux, émulsifs, doux, & en même tems nitreux, tels que la bourrache, les mauves, la citrouille, &c.) agissant très doucement, sont d’autant plus recommandables dans ce cas, que l’observation leur devient plus favorable de jour en jour. Id. ib. Juncker semble les recommander comme efficaces : mais si l’efficacité de ces remedes n’est pas bien évidente, on peut au moins assûrer qu’ils ne sont pas dangereux.

5°. On doit avoir d’autant plus de soin de faire couler les urines dans l’état de la maladie, que le sujet attaqué en rendoit plus abondamment dans l’état de santé.

6°. Il se trouve des sujets, qui dans de certains périodes reglés, par exemple, tous les mois, ou vers les équinoxes, rendent une grande quantité d’urine. Si cette évacuation qu’on doit regarder comme naturelle & nécessaire pour les sujets qui l’éprouvent, vient à essuyer quelque dérangement, il faut y remédier avec soin. Id. ib.

Voici la liste des diurétiques que donne Juncker, qui n’y a compris aucun des diurétiques froids, quoiqu’il ait fait une classe de diurétiques délayans, émolliens, & lubréfians. Cette liste est plus courte que celle qu’on pourroit dresser sur les prétentions de la plûpart des Pharmacologistes, & des auteurs des traités généraux de pratique : elle est cependant chargée encore du nom de plusieurs médicamens, dont la vertu diurétique n’est pas assez confirmée par l’observation. Voyez les articles particuliers.

Liste des Diurétiques.
Végétaux. Les racines de rave.
Les racines d’ail. de raifort.
d’ache. de saxifrage.
de pié-de-veau. de scille.
d’aristoloche. de valériane.
d’asperge. de petite ortie.
de bardane. Herbes ou Plantes.
de carline. Le capillaire.
de benoîte. Le cerfeuil.
d’oignon. Le lierre terrestre.
de panais sauvage. La linaire.
de fraxinelle. Le cresson.
de panicaut. La véronique.
de fraisier. La verge d’or.
de garence. Les Fleurs.
de chiendent. D’arnica.
d’aunée. De paquerette.
de turquette. De genêt.
d’impératoire. De millepertuis.
de livêche. De linaire.
de cresson. De violette.
d’arrête-bœuf. Semences & Fruits.
de pareira-brava. De bardane.
d’herbe aux poux. De carvi.
de persil. Les écorces d’orange & de citron.
de pimprenelle.
De cumin. Le clyssus d’antimoine tartarisé.
De daucus.
De millepertuis. La teinture d’antimoine tartarisée.
De gremil.
De seseli. Le borax.
De violete. L’esprit de chaux vive.
D’ortie. Le crystal préparé.
Les amandes ameres. La pierre judaïque.
Les bayes d’alkekenge. La pierre de lynce.
de genievre. La pierre néphrétique.
de laurier. Les crystaux de Lune.
Les grateculs. Le nitre purifié.
Les noyaux de pêche. Le nitre antimonié.
de cerise. Le nitre régénéré.
Gommes-résines. La liqueur de nitre.
La gomme ammoniac. L’esprit de nitre fixé.
Le bdellium. L’esprit de nitre dulcifié.
Le galbanum. Les sels neutres ; par exemple.
Le sandarac.
L’oliban. Le tartre vitriolé.
Le sagapenum. L’arcanum duplicatum.
Les Baumes. Le nitre antimonié.
La térébenthine. Le sel polychreste.
Le baume de copahu. Les sels volatils urineux.
Le baume du Pérou. Le sel commun régénéré.
Les Bois. L’esprit de sel.
Le frêne. Le succin & sa teinture.
Le gayac. Les Animaux.
Le genevrier. Les cloportes.
Le bois néphrétique. Les crapaux.
Le sassafras. La pierre de la vessie.
Les Sels végétaux. Les cantharides.
Les alcalis fixes. Les coquillages préparés.
Le sel de chardon benit. Les mêmes saturés d’acide.
de chardon à foulon. L’esprit de corne de cerf.
de genêt. L’esprit d’ivoire.
d’impératoire. Les pierres de perches.
d’arrête-bœuf. Les pierres de carpes préparées.
de tiges de feves.
Le tartre & ses préparations ; par exemple, La poudre de vers de terre.
L’esprit des mêmes vers.
Le tartre vitriolé. Les yeux d’écrévisses.
Le tartre tartarisé. Les grenouilles.
Les crystaux de tartre. Le sang de bouc.
La terre foliée. Les scarabés de May confits dans le miel.
La liqueur de terre foliée.
Le sel de tartre. Les scorpions.
L’esprit de tartre. Le pié de lievre.
La teinture de tartre. Les coquilles d’œufs.
Les Minéraux. Les coquilles d’œufs d’autruche.
L’antimoine crud.

De tous ces remedes les plus éprouvés sont, sans contredit les suivans : du regne végétal, les racines d’asperge, de pareira-brava, de chiendent, d’aunée, de persil, de rave, de raifort, les oignons ; l’herbe de cresson, de persil, de cerfeuil, l’asperge qu’on sert sur nos tables, les bayes d’alkekenge, la térébenthine, & tous les baumes naturels liquides ; les sels essentiels des végétaux, le tartre, & la plûpart de ses préparations mentionnées dans la liste ci-dessus, & sur-tout la terre foliée, les alkalis fixes : du regne minéral, le nitre, le tartre vitriolé, le sel de Glauber, & l’esprit de sel : du regne animal, les cantarides dont l’usage intérieur est très-dangereux, les cloportes, l’esprit de fourmis, & les esprits alkalis-volatils. Voyez les articles particuliers.

La forme la plus ordinaire sous laquelle on administre les diurétiques, est celle de tisane, d’apozeme, de suc, ou de boiullon ; on fait fondre les sels dans ces boissons aqueuses, & on peut même dissoudre les baumes à la faveur du sucre ou du jaune d’œuf ; mais on donne plus souvent ces derniers sous la forme solide avec quelqu’excipient approprié : les poudres, comme celle de cloportes, & les poudres diurétiques composées qu’on peut former, selon l’art, par le mélange de plusieurs des remedes que nous venons d’indiquer, ou s’ordonnent sous la forme même de poudre, ou s’incorporent avec quelque composition diurétique officinale, le syrop des cinq racines, par exemple.

On applique assez communément des diurétiques extérieurement ; par exemple, des oignons cuits sous la cendre, dans les ardeurs & les rétentions