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lement leur ordonne, judicetis & consultationes vestras atque judicia pronuncietis, &c. (A)

Consultation, (Medecine.) συμβούλευσις, consultatio, deliberatio : on entend par ce terme la partie de l’exercice de la profession du medecin, qui consiste dans l’examen qu’il fait, soit en particulier soit en commun, avec un ou plusieurs de ses confreres, de l’état présent d’une personne en santé ou en maladie, des causes & des conséquences qu’on peut tirer de cet état, & des moyens qu’il convient d’employer relativement aux indications que présentent ces considérations ; pour conserver la santé si elle est actuellement existante, pour préserver des maladies que l’on peut avoir à craindre & que l’on peut prévenir ; pour guérir celles qui troublent présentement l’œconomie animale, ou au moins pour les pallier si elles ne sont pas jugées susceptibles de guérison, lesquels moyens doivent être dirigés par la juste application de la méthode prescrite par les regles de l’art.

Cet examen, qui forme la consultation & d’où resulte un jugement porté sur le cas proposé, peut être fait, soit sur l’exposé de la personne qui a besoin de conseil pour sa santé & qui le demande elle-même, soit sur la relation qui est faite de son état de vive voix ou par écrit.

Ce jugement d’un ou de plusieurs medecins, qui est le résultat de la consultation, est ce qu’on appelle l’avis du ou des medecins. Ceux de cette profession qui sont actuellement ou habituellement consultés, sont dits conséquemment medecins consultans : on donne particulierement cette épithete à ceux qui ont spécialement la fonction de donner leurs avis sur la santé ou sur les maladies des princes. Voyez sur tout ce qui regarde la consultation & les regles qui la concernent, la préface de Fréderic Hoffman à la tête du tome IV. de ses œuvres, qui sert d’introduction à son recueil de consultations & de réponses médicinales. Voyez Medecin, Medecine. Article de M. d’Aumont.

* CONSULTEUR, s. m. (Hist. eccl. & prof.) à Rome, on donne ce nom à des théologiens chargés par sa sainteté d’examiner les livres & les propositions déferées à ce tribunal ; ils en rendent compte dans les congrégations où ils n’ont point voix déliberative : à Venise, à des jurisconsultes dont la république prend les avis dans des cas difficiles, tant en matiere ecclésiastique que civile : dans certains ordres monastiques, à des religieux qui transmettent des avis au général, & qui sont comme son conseil.

* CONSUMER, v. act. qui marque destruction, dissolution : il se dit du tems, du feu, du mal ; mais ce n’est le propre que du feu. Consommer marque fin, perfection, accomplissement. Le substantif consommation est commun aux deux verbes, & participe de leurs différentes acceptions. Voyez Consommer.

* CONSUS, s. m. (Mythol.) dieu du conseil ; il avoit un autel dans le cirque. Cet autel étoit couvert, ce qui n’a pas besoin d’être expliqué. Ce fut, à ce qu’on dit, pendant les fêtes qu’on célebroit à son honneur, que Romulus fit enlever les Sabines. Ces fêtes s’appellent consuales ; voyez Consuales. Il y en a qui prétendent que Consus est le même que Neptune équestre.

CONTACT, s. m. (Géom.) point de contact, punctum contactûs, est le point où une ligne droite touche une ligne courbe, ou dans lequel deux lignes courbes se touchent.

Angle de contact. Voyez Angle de contingence au mot Contingence.

Contact, (Physiq.) est l’état relatif de deux choses qui se touchent, ou de deux surfaces qui se joignent l’une & l’autre sans laisser d’interstices. Le contact de deux spheres n’est qu’un point, de même

que celui de la tangente d’un cercle & de sa circonférence.

Comme il y a peu de surfaces capables de se toucher de toutes parts, & que la cohésion des corps est proportionnelle à leur contact, les corps qui sont capables du plus grand contact, sont ceux qui adherent ensemble le plus fortement. V. Cohésion. (O)

Contact, (Medec.) attouchement ; c’est une des causes externes de quelques maladies très-fâcheuses.

On range le contact parmi les causes extérieures de diverses maladies, parce que par l’attouchement ou la respiration, sorte d’attouchement involontaire, il se fait dans le corps humain l’introduction de matieres morbifiques ou de myasmes contagieux.

Quatre especes de contact peuvent produire les maladies : 1°. la respiration d’un mauvais air : 2°. l’attouchement simple d’une personne mal saine, ou de quelque chose qu’elle aura touché récemment : 3°. le congrès d’une personne saine avec une personne gâtée : 4°. l’attouchement accompagné de piqûure ou de morsure d’animaux vénimeux, comme de la vipere ou d’un animal enragé, &c. La premiere espece de contact donne la peste, le scorbut, &c. La seconde fait naître la gale ou quelque accident analogue. La troisieme occasionne encore la vérole, qu’on me passe ce terme ; il doit être permis au medecin de ne point périphraser par écrit. La quatrieme espece de contact cause l’introduction dans le sang, d’une humeur vénéneuse ou d’un virus hydrophobique.

Plusieurs auteurs sont persuadés que le virus vérolique ne fait point d’impression sur les parties du corps qui sont revêtues de la peau toute entiere, mais seulement sur celles qui en sont dépourvûes, comme le fondement, la vulve, le gland de la verge, la face interne du prépuce, l’intérieur de la bouche, la langue, le fonds du nez, le gosier, & les parties voisines.

Il seroit à souhaiter que cette expérience fût certaine & sans exception ; cependant elle devient très douteuse par quelques attestations contraires, & on en cite de singulieres dans la personne de ceux qui accouchent fréquemment des femmes gâtées. En voici deux exemples particuliers que nous fournit le traducteur françois du traité des maladies vénériennes de Charles Musitan, cet auteur Italien né pour la pratique de ce genre de maladies, qu’il exerça si noblement, & même quoique prêtre, en vertu de la permission du pape Clement IX.

Le premier de ces exemples est celui du sieur Simon, l’un des chirurgiens de l’hôtel-Dieu de Paris, qui fut attaqué d’un ulcere vérolique à l’un de ses doigts, après avoir accouché une de ces femmes de mauvaise vie qui vont faire leurs couches à cet hôpital ; & cet ulcere fut suivi de si fâcheux symptomes, qu’après avoir souffert un traitement de la vérole sans aucun succès, il eut le malheur de périr dans un second traitement. L’autre exemple est celui de madame de la Marche, maîtresse sage-femme de cet hôpital, qui fut attaquée à un de ses doigts d’un semblable ulcere, après avoir fait un accouchement tout pareil, & qui se trouva bientôt toute couverte de pustules véroliques, dont elle ne guérit que par le traitement qui convient à ce mal.

En effet, l’expérience de la communication d’autres maladies par l’attouchement, la connoissance du nombre prodigieux de petits vaisseaux exhalans situés sous toute l’épiderme, la purgation des enfans par de simples frictions extérieures de coloquinte & semblables purgatifs, tout cela rend probable la possibilité des faits qu’on allegue sur cette matiere : & quoique les exemples de ce genre soient des phénomenes très-rares, il peut être cependant quelquefois avantageux aux gens du métier d’en