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d’argent & de munitions pour son contingent. Par le nouveau traité d’Hanovre il est stipulé qu’en cas de rupture avec l’empereur, les rois de Prusse & de la Grande-Bretagne fourniront leurs contingens comme vassaux de l’Empire, quoiqu’ils soient en guerre avec l’empereur. Chambers.

La lenteur ordinaire avec laquelle ces contingens sont reglés & fournis, fait échoüer la plûpart des entreprises que formeroit l’Empire, & facilite le succès de celles de ses ennemis. (G)

CONTINU, adj. (Physiq.) Nous appellons ainsi ce qui a des parties rangées les unes auprès des autres, ensorte qu’il soit impossible d’en ranger d’autres entre-deux dans un autre ordre ; & généralement on conçoit de la continuité par-tout où l’on ne peut rien placer entre deux parties.

Ainsi nous disons que le poli d’une glace est continu, parce que nous ne voyons point de parties non polies entre celles de cette glace, qui en interrompent la continuité ; & nous appellons le son d’une trompette continu, lorsqu’il ne cesse point, & qu’on ne peut point mettre d’autre son entre-deux. Mais lorsque deux parties d’étendue se touchent simplement & ne sont point liées ensemble, ensorte qu’il n’y a point de raison interne, comme celle de la cohésion ou de la pression des corps environnans, pourquoi l’on ne pourroit point les séparer & mettre quelque chose entre-deux, alors on les nomme contiguës. Ainsi dans le contigu la séparation des parties est actuelle, au lieu que dans le continu elle n’est que possible. Deux hémispheres de plomb, par exemple, sont deux parties actuelles de la boule, dont ils sont les moitiés ; & ces deux parties seront contiguës, si on les place l’une auprès de l’autre, ensorte qu’il n’y ait rien entre-deux : mais si on joignoit les deux hémispheres ensemble, de maniere à former un seul tout, ce tout deviendroit un continu, & la contiguité de ses parties seroit alors simplement possible, en tant que l’on conçoit qu’il est possible de séparer cette boule en deux hémispheres, comme avant la réunion. Il résulte de-là, suivant quelques Métaphysiciens, que l’idée de l’espace absolu doit nous le représenter comme un continu ; mais ce n’est qu’une abstraction. Voyez Espace & Contigu. Article de M. Formey.

Les Philosophes demandent si le continu est divisible à l’infini, c’est-à-dire, s’il est divisible dans une infinité de parties. Voyez Divisibilité.

Les anciens attribuoient l’élevation de l’eau dans les pompes, à l’amour de la nature pour la continuité, & à son horreur pour le vuide, la pesanteur & l’élasticité de l’air leur étant inconnues. Voy. Air & Vuide.

Les Mathématiciens divisent la quantité en discrete & continue. Voyez Quantité.

La quantité continue est l’étendue, soit des lignes, soit des surfaces, soit des solides ; elle est l’objet de la Géométrie. Voyez Ligne & Géométrie.

La quantité discrete, c’est les nombres qui sont le sujet de l’Arithmétique. Voyez Nombre. L’étendue est une quantité continue, parce qu’on ne remarque point d’intervalle entre ses parties ; qu’entre deux portions d’étendue on ne peut en imaginer une autre : au lieu que les nombres sont une quantité discrete, & dans laquelle il n’y a point de continuité : car il n’y a point de nombres si peu différens entre lesquels on n’en puisse imaginer un, plus grand que le moindre des deux nombres donnés, & plus petit que le plus grand.

La proportion continue, en Arithmétique, est celle dans laquelle le conséquent de la premiere raison est l’antécedent de la seconde, comme 3. 6 ∷ 6. 12 : Voyez Proportion.

Si au contraire le conséquent de la premiere rai-

son est différent de l’antécedent de la seconde, la

proportion s’appelle discrete, comme 3 : 6 ∷ 4. 8. (O)

CONTINUATEURS, s. m. pl. (Litt.) on appelle ainsi dans la Littérature, ceux qui continuent des ouvrages laissés imparfaits par leurs auteurs. On remarque que les continuations sont presque toûjours inférieures aux ouvrages commencés. La continuation de Dom Quichotte, celle du Roman comique, sont misérables ; celle de l’Histoire universelle de M. Bossuet ne peut pas se lire. Il en est de même de beaucoup d’autres. Deux raisons font que les continuations sont presque toûjours mauvaises : la premiere, c’est que les ouvrages qu’on continue, & qui en valent la peine, sont pour l’ordinaire de bons ouvrages, faits par des hommes de génie ou de mérite, difficiles à remplacer : la seconde, c’est que le continuateur, même quand il est homme de mérite, se trouve gêné en travaillant d’après les idées d’autrui ; on ne réussit guere qu’en travaillant d’après les siennes. Cela est si vrai, que souvent des ouvrages médiocres ont eu des continuateurs plus médiocres encore. Au reste on a continué quelquefois des ouvrages finis ; témoin le treizieme livre ridiculement ajoûté à l’Enéide par un poëte moderne. (O)

CONTINUATION, SUITE, (Gramm.) termes qui désignent la liaison & le rapport d’une chose avec ce qui la précede.

On donne la continuation de l’ouvrage d’un autre, & la suite du sien. On dit la continuation d’une vente, & la suite d’un procès : on continue ce qui n’est pas achevé ; on donne une suite à ce qui l’est. (O)

Continuation du Mouvement, (Physiq.) c’est une loi de la nature, que tout corps une fois mis en mouvement par quelque cause, continue à se mouvoir de lui-même uniformément, à moins que quelque cause ne l’en empêche, en accélérant ou en retardant son mouvement primitif. Voyez Mouvement & Projectile. (O)

Continuation de Communauté, voy. Communauté de biens. (A)

Continuation, (lettres de) c’est ainsi qu’on a quelquefois appellé des especes de lettres d’état. Dans une ordonnance du roi Jean du 28 Décembre 1355, il est accordé en faveur de ceux qui payeront l’aide octroyé ci-devant, que toutes dettes seront poursuivies nonobstant lettres d’état, de répit, & de continuation, accordées par le roi, ses lieutenans, ou autres, pourvû qu’il paroisse que les débiteurs y ayent renoncé. (A)

* CONTINUEL, adj. (Gramm.) terme qui est relatif aux actions de l’homme & aux phénomenes de la nature, considérés par rapport à toute la durée successive du tems, ou seulement à une portion indéterminée de cette durée, & qui marque qu’il n’y a aucun instant de la durée prise sous l’un ou l’autre de ces aspects, pendant lequel l’action ou le phénomene ne subsiste pas. Un seul exemple suffira pour éclaircir cette définition. Quand on parle du mouvement continuel d’un corps céleste, on n’entend pas la même chose que quand on parle du mouvement continuel d’un enfant, il me semble qu’on rapporte l’un à une portion successive indéterminée de la durée, & l’autre à la durée en général. Il y a cette différence entre continu & continuel, que continu se dit de la nature même de la chose, & que continuel se dit de son rapport avec le tems ; l’exemple en est évident dans un mouvement continu & un mouvement continuel.

* CONTINUER, (Gramm. & verbe.) s’employe diversement, mais il a toûjours rapport à une chose commencée & à un tems passé. On dit : Il a commencé ses études, & il les continue ; il a eu avec moi de bons