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en composition avec un grand nombre de mots de la langue.

Contre, (parer au) Escrim. c’est parer en dégageant. Voyez Dégager. Ainsi lorsque l’ennemi dégage en allongeant l’estocade, vous dégagez & la parez ; d’où il suit que vous parez de quarte une estocade de tierce, & de tierce une estocade de quarte.

Pour bien parer au contre, il faut, aussi-tôt que l’ennemi dégage, dégager aussi, & au même instant parer comme il a été enseigné, suivant le coup qu’il vous porte, de quarte ou de tierce, &c.

Contre du Contre, (parer au) ou Parade du cercle, Escrim. c’est parer au contre du contre-dégagement ; ou pour mieux m’expliquer, c’est doubler, tripler, &c. la parade au contre.

Contre, en terme de Formier, est un instrument long & large, peu tranchant, avec lequel les Formiers fendent leur bois. Voyez Pl. du Form. fig. 3.

CONTRE-AMIRAL, s. m. (Marine.) c’est un officier qui commande l’arriere-garde ou la derniere division d’une armée navale. Il n’y a point de contre-amiral en France sur l’état de la Marine ; c’est une simple qualité qui ne subsiste que pendant un armement considérable où les officiers généraux sont employés. Dans ces occasions le plus ancien chef d’escadre porte le pavillon de contre-amiral, qui est blanc, de figure quarrée, & qui s’arbore à l’artimon. (Z)

CONTRE-APPEL, s. m. (Escrime.) appel contraire à celui que l’ennemi a fait : ainsi si l’appel a été d’engagement à l’épée par le dedans, le contre-appel sera d’engagement à l’épée par le dehors.

CONTRE-ALLÉE, (Jardinage.) voyez Allée.

CONTRE-APPROCHES, subst. f. pl. dans l’Art militaire, sont des lignes ou tranchées que font les assiégés pour venir attaquer ou reconnoître les lignes des assiégeans.

La ligne de contre-approche est une tranchée que font les assiégés, depuis leur chemin couvert jusqu’à la droite & à la gauche des attaques, pour découvrir ou envelopper les travaux des ennemis. On la commence à l’angle de la place d’armes de la demi-lune qui n’est point attaquée, à cinquante ou soixante toises des attaques, & on la continue aussi loin qu’il est nécessaire pour voir l’ennemi dans ses tranchées & dans ses lignes. Cette ligne doit partir précisément du chemin-couvert & de la demi-lune, afin que si l’ennemi vient à s’en emparer, elle ne lui soit d’aucune utilité. Le gouverneur enverra souvent pendant la nuit, au moyen de cette ligne, des partis de cavalerie ou d’infanterie, pour faire quitter aux travailleurs leurs postes, & enlever si l’on peut les ingénieurs qui conduisent les travaux. Savin, nouv. écol. milit. p. 280.

La ligne de contre-approche ne se pratique guere, parce qu’elle devient trop dangereuse en s’éloignant de la place. M. Goulon propose au lieu de cette ligne, de placer pendant la nuit une rangée de tonneaux ou de gabions, en s’avançant dans la campagne à la distance de 30 ou 50 pas de l’angle saillant du chemin-couvert de la demi-lune collatérale de l’attaque, afin de pouvoir le matin enfiler la tranchée de derriere ces tonneaux. Mais pour faire cette manœuvre, il faut que l’ennemi n’ait pas de batteries tournées de ce côté-là ; autrement il culbuteroit avec son canon toute cette espece de ligne. On remplit ces tonneaux ou gabions de matiere combustible, pour être en état de les brûler lorsqu’on ne peut plus les soûtenir, & que l’ennemi vient pour s’en saisir. Celui qui est le plus près de la palissade du chemin-couvert, en doit être au moins éloigné de la longueur d’une hallebarde, afin qu’il ne puisse y mettre le feu.

M. le chevalier de Folard dit, dans son traité de la défense des places des anciens, qu’il n’y a aucun exemple formel des lignes de contre-approche depuis le siége de Belgrade par Mahomet II. en 1456, c’est-à-dire depuis environ 300 ans. Cependant elles ont été employées fort utilement au siége de Bergopzoom, en 1622. Fritach le rapporte en ces termes dans son traité de fortification.

« Au siége de Bergopzoom il y avoit quantité de contre-approches, desquelles les assiégés travaillerent tellement l’ennemi, qu’il ne s’en pouvoit approcher que d’un pié ; outre qu’ils avoient avancé dans la campagne toutes sortes d’ouvrages extérieurs, par le moyen desquels, comme aussi du secours, les Espagnols furent contraints de quitter le siége, &c. » Voilà évidemment les contre-approches en usage depuis Mahomet II. Il y a grande apparence que cet exemple n’est pas le seul. Mais quoi qu’il en soit, si l’on est en état de soûtenir une ligne de contre-approche, on le sera encore davantage de faire de bonnes sorties qui pourront faire plus de mal à l’assiégeant. Le Blond, traité de la défense des places. (Q)

CONTREBANDE, s. f. (Comm. & Police.) La contrebande est en général tout commerce qui se fait contre les lois d’un état. Mais dans l’usage ordinaire on distingue la contrebande proprement dite, de la fraude.

Chaque société a deux objets principaux dans son administration intérieure. Le premier est d’entretenir dans l’aisance le plus grand nombre d’hommes qu’il est possible : le second, fondé sur le premier, est de lever sur les peuples les dépenses nécessaires, non à l’aggrandissement des domaines de la société, ce qui seroit le plus souvent contraire à son bonheur, mais celles qu’exigent sa sûreté & le maintien de la majesté de ceux qui gouvernent.

Pour remplir le premier objet, il a été nécessaire de prohiber l’entrée de plusieurs denrées étrangeres, dont la consommation intérieure eût privé le peuple de son travail ou de son aisance, & l’état de sa population : cette prohibition s’est même étendue à la sortie de quelques denrées nationales en conséquence du même principe.

Pour satisfaire aux besoins publics de la société, on a imposé des droits, soit sur les marchandises étrangeres permises, soit sur les marchandises nationales.

Le mot de contrebande s’applique aux contraventions de la premiere espece ; le mot de fraude à celles de la seconde espece.

Il est clair que la contrebande proprement dite est réputée telle, uniquement par la volonté du législateur ; dès qu’il a parlé, tout homme qui joüit des avantages de la société, doit se soûmettre à ses lois ; s’il ose les enfreindre, il est criminel, quoique souvent digne de pitié : mais il est toûjours très méprisable, si l’intérêt seul d’un vain luxe ou d’une singularité frivole, le rend complice de la contrebande au préjudice du travail des pauvres.

Quoique la loi doive être sainte pour tous dans un état, il est possible que ses motifs ne soient pas toûjours également favorables au bien général.

On a pû remarquer qu’il y a deux sortes de prohibitions, l’une d’entrée, & l’autre de sortie : examinons-en les motifs.

Les prohibitions utiles sur l’entrée des denrées étrangeres, sont celles que dicte une connoissance profonde des balances particulieres du commerce, de ses diverses circulations, & de la balance générale ; c’est-à-dire celles qu’un examen sérieux & médité prouve être nécessaires à l’aisance ou au travail du peuple.

Prohiber l’entrée des grains étrangers, lorsque les