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la stagnation du sang dans la partie affectée, produite par la rupture d’une infinité de petits vaisseaux, à l’occasion de l’impression de quelque corps orbe.

Les contusions sont ou internes ou externes. Quand par quelqu’accident externe il vient une maladie interne, comme un asthme, un crachement de sang, &c. la contusion est dite interne ; s’il ne paroît que des symptomes externes, comme une tumeur, de la lividité, &c. elle est dite externe.

Dans les contusions internes il faut saigner le malade, & lui donner intérieurement des balsamiques, tels que sont le blanc de baleine, la poudre de rhubarbe, l’ardoise d’Irlande, les potions pectorales & oléagineuses, & autres semblables. Les remedes externes propres pour les contusions, sont les linimens ou les onguens d’althéa, de l’huile d’amandes douces, de l’esprit de vin avec du camphre, des fomentations convenables, & des emplâtres fortifians, comme celui d’oxycroceum, &c. selon que la nature de la contusion & que la partie contuse le requierent.

Les repercussifs s’employent avec succès dans les premiers tems de la contusion sans plaie ; les saignées plus ou moins répetées, selon le cas, contribuent beaucoup à la résolution du sang épanché. Lorsque la contusion est considérable, on prévient la pourriture du sang épanché, par l’incision de la tumeur. Si la partie contuse, suffoquée par l’extravasation du sang, étoit menacée de gangrene, il faudroit faire plusieurs scarifications, & appliquer des remedes spiritueux sur les endroits scarifiés, dont on entretient la chaleur avec des flanelles imbibées de quelque décoction lixivieuse. Voyez Mortification.

Les plaies contuses ne peuvent se guérir sans suppuration ; elle est plus ou moins abondante, selon la grandeur de la contusion. Les plaies d’armes à feu sont des plaies contuses, & non cautérisées, comme l’ont crû quelques anciens, & même comme le croyent quelques modernes. (Y)

CONTY, (Géog.) petite ville de. France, avec titre de principauté, en Picardie sur la Seille. Long. 19. 34. Lat. 49. 54.

CONVAINCU, adj. (Jurispr.) En matiere criminelle, quand il y a preuve suffisante contre un accusé, le juge le déclare dûement atteint & convaincu du crime qu’on lui impute. Ce style paroît assez bisarre en effet ; c’est plûtôt le juge qui est convaincu du crime, que non pas l’accusé, lequel dénie ordinairement le crime. Quand il en seroit intérieurement convaincu, on ne peut pas l’assûrer, parce qu’il ne le manifeste pas extérieurement. Il arrive même quelquefois, mais rarement, que des innocens sont condamnés comme coupables, soit sur de fausses dépositions, ou sur des indices trompeurs. Il est bien certain dans ce cas que l’accusé n’est point convaincu intérieurement du crime. Il semble donc que la forme de déclarer un accusé atteint & convaincu, ne conviendroit que dans le cas où il avoüe le crime, & que quand il le nie, on devroit seulement le réputer coupable ; cependant on ne fait aucune distinction à cet égard, & l’usage a prévalu. (A)

CONVALESCENCE, s. f. (Medec.) recouvrement insensible de la santé.

C’est l’état dans lequel, après la guérison d’une maladie, le corps qui en a été consumé n’est pas encore rétabli, mais commence à reprendre ses forces ; alors il n’a point encore acquis l’entiere faculté : l’aisance, la promptitude de ses fonctions naturelles, les esprits nécessaires manquent, il faut du tems pour leur élaboration ; la matiere qui les produit ne peut y être rendue propre que par le secours

lent des actions naturelles & animales. Les alimens fournissent la matiere de la réproduction de ces esprits : mais comme le ton des visceres est affoibli, la nature n’est pas assez forte pour la digestion qui fatigue les organes chylopoïetiques ; une légere sueur par tout le corps en est la preuve, & le moindre excès en ce genre suffit quelquefois pour causer des rechûtes dangereuses. L’image d’un convalescent est une bougie dont la lumiere se ranime, le même degré de vent l’éteint beaucoup plus aisément que quand elle est bien allumée.

Les remedes convenables pour procurer dans cette position le parfait retour de la santé, sont de ne se point impatienter, de n’avoir que des idées douces & agréables, de choisir une nourriture facile à digérer, d’en user en petite quantité & souvent, de respirer un air pur, d’employer les frictions, l’exercice modéré, sur-tout celui du cheval, les stomachiques, & les corroborans. Les facultés de l’ame qui s’étoient éclipsées dans la maladie, reparoissent dans la convalescence. Bien-tôt après les yeux reprennent leur vivacité, les joües leur coloris, les jambes la facilité de leurs mouvemens ; pour lors il n’est déjà plus question de convalescence, la santé où la nature tendoit d’elle-même, la santé, dis-je, qui consiste dans l’exercice agréable & facile de toutes les actions corporelles, a succédé. Ainsi la convalescence est à la santé, ce que l’aurore est au jour, elle l’annonce. Art. de M. le Chevalier de Jaucourt.

* CONVENABLE, adj. (Grammaire & Morale.) J’observerai d’abord que convenance n’est point le substantif de convenable, si l’on consulte les idées attachées à ces mots. La convenance est entre les choses, le convenable est dans les actions. Il y a telle maniere de s’ajuster qui n’est pas convenable à un ecclésiastique : on se charge souvent d’une commission qui n’est pas convenable au rang qu’on occupe ; ce n’est pas assez qu’une récompense soit proportionnée au service, il faut encore qu’elle soit convenable à la personne. Le convenable consiste souvent dans la conformité de sa conduite avec les usages établis & les opinions reçues. C’est, s’il est permis de s’exprimer ainsi, l’honnête arbitraire. Voyez Convenance, Décence, Honnête, Vertu.

* CONVENANCE, s. f. (Gramm. & Morale.) Avant que de donner la définition de ce mot, il ne sera pas hors de propos de l’appliquer à quelques exemples qui nous aident à en déterminer la notion. S’il est question d’un mariage projetté, on dit qu’il y a de la convenance entre les partis, lorsqu’il n’y a pas de disparates entre les âges, que les fortunes se rapprochent, que les naissances sont égales ; plus vous multiplierez ces sortes de rapports, en les étendant au tempérament, à la figure, au caractere, plus vous augmenterez la convenance. On dit d’un homme qui a rassemblé chez lui des convives, qu’il a gardé les convenances s’il a consulté l’âge, l’état, les humeurs, & les goûts des personnes invitées ; & plus il aura rassemblé de ces conditions qui mettent les hommes à leur aise, mieux il aura entendu les convenances. En cent occasions les raisons de convenance sont les seules qu’on ait de penser & d’agir d’une maniere plutôt que d’une autre, & si l’on entre dans le détail de ces raisons, on trouvera que ce sont des égards pour sa santé, son état, sa fortune, son humeur, son goût, ses liaisons, &c. La vertu, la raison, l’équité, la décence, l’honnêteté, la bienséance, sont donc autre chose que la convenance. La bienséance & la convenance ne se rapprochent que dans les cas où l’on dit, cela étoit à sa bienséance ; il s’en est emparé par raison de convenance. D’où l’on voit que la convenance est souvent pour les grands & les souverains un principe d’injustice, & pour les petits le motif de plusieurs sottises. En effet, y a-t-il dans les