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sont faites en forme de tuyaux, & la seconde celles qui ont la figure d’un vase. La premiere classe est divisée en deux branches ; les coquilles qui forment la premiere sont celles qui n’ont qu’une seule cavité, qui s’étend en ligne droite ou courbée irrégulierement, comme les dentales, les antales, les tubes vermiculaires, &c. ou contournées en spirale réguliere, comme les nautiles papiracées, les nérites, les limas, les buccins, les porcelaines, & en un mot toutes les turbinées. La seconde branche est composée des coquilles dont l’intérieur est divisé en plusieurs cellules, comme les nautiles chambrés, les cornes d’Ammon, &c. La seconde classe est aussi divisée en deux parties ; les coquilles de la premiere partie sont appellées simples, parce qu’elles n’ont qu’une seule piece, telles sont les patelles. Les coquilles de la seconde partie de cette division ont plusieurs pieces : il y en a de quatre sortes : 1°. les coquilles bivalves : 2°. celles qui ont deux pieces principales & quelques autres plus petites, comme les pholades, les conques anatiferes : 3°. les coquilles qui ont une piece principale & d’autres plus petites, comme le gland de mer : 4°. celles qui sont formées de façon qu’elles n’ont que deux ouvertures, dont l’une est la bouche & l’autre l’anus, & qui sont hérissées de piquans de matiere testacée ; ce sont les oursins.

M. Linnæus, dans son ouvrage intitulé systema naturæ, imprimé à Leyde in-fol. en 1735, & dont il y a eu depuis plusieurs éditions, met les coquillages au rang des vers. Dans les dernieres éditions, dont la plus récente est de 1748, il les divise en neuf ou dix classes. La premiere comprend les pateles ; la seconde les turbinées, telles que les volutes ou cornets, les buccins, les casques, les pourpres, les lambis, les nérites, les sabots, &c. la troisieme les porcelaines ; la quatrieme les oreilles de mer ; la cinquieme les dentales, les vers à tuyaux, l’arrosoir, l’orgue de mer ; la sixieme les nautiles, &c. la septieme les moules, les dails ou pholades, les coutellieres, les tellines ou tenilles, les cames lavignons ou palourdes, les huîtres, les cœurs de bœuf, les jamboneaux, les pinnes marines, les petoncles ou sourdons, &c. la huitieme les glands de mer, les bernacles, &c. la neuvieme les oursins ; enfin le microscome est dans la dixieme classe. Syst. nat. &c. Parisiis, 1744.

M. Gualteri, dont nous avons déjà cité le nom & l’ouvrage sur la division des coquilles, & l’auteur de l’histoire naturelle éclaircie dans deux de ses principales parties, la Lithologie & la Conchyliologie, ont publié en 1742 chacun une méthode pour la distribution des coquilles. Dans celle de M. Gualteri elles sont divisées en cinq classes générales ; la premiere comprend celles qui ne sont pas de mer ; cette classe est sous-divisée en deux branches, dont l’une s’étend à toutes les coquilles de terre, & l’autre aux coquilles d’eau douce : l’auteur distingue deux sortes de coquilles de terre, qui toutes sont turbinées ; les unes sont applaties & les autres allongées. Il établit trois sortes de coquilles d’eau douce, savoir, les coquilles qui ne sont pas turbinées, celles qui le sont, & les coquilles bivalves. La seconde classe renferme les coquilles de mer qui ne sont pas turbinées, elles sont sous-divisées en coquilles simples & en coquilles dont la structure intérieure est cachée : les premieres sont en forme de petit plat, comme les patelles, ou en forme de tuyaux divisés en plusieurs cellules ; les autres sont aussi en forme de vase comme les porcelaines, ou en forme de tuyaux divisés en plusieurs loges, comme les nautiles, les cornes d’Ammon, &c. La troisieme classe comprend les turbinées de mer, qui sont soûdivisées dans cette méthode comme dans celle de Langius, que j’ai rapportée plus

haut. Les bivalves de mer font dans la quatrieme classe, & les caracteres de leur soûdivision sont les mêmes que dans la méthode de Langius. La cinquieme classe de M. Gualteri renferme les coquilles de mer composées de plusieurs pieces ; il les distingue en trois sortes, parce que les différentes pieces sont articulées par des cartilages, comme dans les pholades, &c. ou par des sutures écailleuses, comme dans les glands de mer ; ou enfin par des vraies sutures, comme dans les oursins.

L’auteur de la Conchyliologie dont il a déjà été fait mention, distribue les coquilles en trois classes : la premiere renferme les coquilles de mer ; elles y sont divisées en coquilles univalves, coquilles bivalves, & coquilles à plusieurs pieces. Il y a quinze familles de coquilles univalves ; savoir, les patelles, les oreilles de mer, les tuyaux de mer, les vaisseaux ou nautiles, les limaçons à bouche ronde, les limaçons à bouche demi-ronde, les limaçons à bouche applatie, les trompes, c’est-à-dire les buccins, les vis, les cornets, les rouleaux, les rochers, les pourpres, les tonnes & les porcelaines. Les familles des coquilles bivalves sont au nombre de six ; savoir les huîtres, les cames, les moules, les cœurs, les peignes & les manches de couteaux. Enfin les coquilles à plusieurs pieces forment aussi six familles, savoir les oursins ou boutons, les vermisseaux de mer, les glands de mer, les poussepiés, les conques anatiferes, & les pholades. La seconde classe, qui est celle des coquilles d’eau douce, renferme huit familles d’univalves & trois de bivalves. Les univalves sont les patelles, les nérites, les petits sabots, les vis, les buccins, les conques sphériques ou tonnes, & les cornes d’Ammon. Les bivalves sont les cames, les moules, & les peignes. Dans la troisieme classe les coquilles terrestres sont divisées en coquillages vivans & en coquillages morts ; il ne doit être question ici que des premiers ; car quoiqu’on trouve les autres, c’est-à-dire les coquilles fossiles ou pétrifiées sur la terre & dans ses entrailles, elles ne doivent pas toutes être regardées pour cette raison comme des coquilles terrestres, puisque la plûpart viennent originairement de la mer. Les vraies coquilles de terre sont divisées par l’auteur de la Conchyliologie, &c. en cinq familles, qui sont les patelles, les limaçons, les buccins, les vis, & les conques sphériques ou tonnes.

Voilà les principales méthodes qui ont été faites pour la distribution des coquilles en classes, genres, familles, &c. Je n’ai pû rapporter que les principales branches de chacune de ces méthodes ; mais on peut juger sur cet exposé, que les principaux caracteres de la distribution méthodique en ce genre sont ceux que rapporte Aristote, lorsqu’il divise les coquilles en univalves, bivalves, & turbinées. C’est sur les principes de ce grand naturaliste, que les méthodistes dont je viens de faire mention ont établi leur méthode ; chacun a modifié à son gré les détails des soûdivisions : on pourra les varier encore de bien des façons, mais quelque méthode que l’on employe, l’art de l’auteur ne pourra jamais suppléer aux représentations. Ainsi l’ouvrage qui contiendra le plus grand nombre de figures sera toûjours préférable, d’autant plus que chaque coquille y est représentée en entier ; car heureusement les méthodistes n’ont pas encore imaginé pour les coquilles, comme pour les plantes, de ne représenter dans les figures qu’une partie de l’objet ; par exemple, des pistils, des étamines au lieu de la plante entiere. Voy. Méthode. (I)

* Coquille, (Matiere med.) toutes les coquilles sont alkalines, terreuses ou absorbantes. Voy. Calcaire, Cendres & Chaux. Les seules dont on fasse usage en Pharmacie, sont la nacre de perle,