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ordinairement 120 brasses de longueur ; ils sont goudronnés en fil ; on ne les roüe point ; on les porte au magasin de la garniture & aux vaisseaux, ou sur l’épaule, ou sur des rouleaux. Il y en a qui prétendent qu’il faut commettre les cables les plus longs qu’il est possible : mais ce n’est pas l’avis de M. Duhamel ; il pense que le tortillement a trop de peine à se faire sentir dans une piece d’une grande longueur. Ces cables seroient donc plus tortillés par les bouts que par le milieu, ce qui seroit un grand défaut.

Pieces en grelin. On commet aussi des pieces en grelin depuis trois pouces de grosseur jusqu’à treize, dont les usages ne sont point déterminés, & que les maîtres d’équipage employent à différens usages. On en commet de goudronnées en fil & en blanc pour le service des ports.

Haubans. On commet quelquefois en grelin des pieces pour les haubans, depuis 80 brasses de longueur jusqu’à 130, & depuis 5 pouces de grosseur jusqu’à 10 ; elles sont toutes goudronnées en fil. Il est inutile que les haubans soient souples & flexibles, mais ils doivent être forts & ne doivent pas s’allonger ; c’est le cas où on les pourroit faire en grelin commis trois fois.

Tournevires. La plûpart des tournevires sont commis en grelin ; on en commet depuis 40 brasses jusqu’à 67 de longueur, & depuis 7 pouces jusqu’à 12 de grosseur : quelques-uns font mal-à-propos les tournevires en aussieres, disant qu’ils s’allongent moins & qu’ils sont plus souples ; mais on peut procurer aux grelins ces avantages en ne les tordant pas trop, & en multipliant les torons ; alors ils seront bien meilleurs que les aussieres.

Itagues. On commet des itagues de grandes vergues en grelin, qui ont de grosseur depuis 7 pouces jusqu’à 12, & de longueur depuis 26 jusqu’à 44 brasses.

Drisses & écoutes. On commet aussi en grelin toutes les drisses & les écoutes de grande voile & de misene, depuis 3 pouces jusqu’à 7 de grosseur, & depuis 46 jusqu’à 110 brasses de longueur.

Guinderesses. On commet en grelin toutes les guinderesses de grand & de petits mâts de hune, & en en fait depuis 4 jusqu’à 8 pouces, qui ont depuis 40 jusqu’à 75 brasses.

Orins. On fait des orins en grelins, qui ont depuis 4 pouces de grosseur jusqu’à 8 pouces, & 90 brasses de longueur.

Etais. On fait des étais en grelins, qui ont depuis 4 jusqu’à 15 pouces de grosseur, & depuis 25 jusqu’à 36 brasses de longueur.

Des cordages en queue de rat. On donne ce nom à un cordage qui ayant moins de diametre à l’une de ses extrémités qu’à l’autre, va toûjours en diminuant ou en grossissant.

Des aussieres en queue de rat. Pour les ourdir, on commence par étendre ce qu’il faut de fils pour faire la grosseur du petit bout, ou la moitié de la grosseur du gros bout, comme nous l’avons expliqué en parlant des aussieres ordinaires ; on divise ensuite cette quantité de fils en trois parties, si l’on veut faire une queue de rat à trois torons, ou en quatre, si l’on veut en avoir une à quatre torons. Ainsi si l’on se propose de faire une écoute de hune à trois torons, de neuf pouces de grosseur au gros bout, sachant qu’il faut pour avoir une aussiere de cette grosseur, 384 fils, il faut diviser en deux cette quantité de fils pour avoir la grosseur de la queue de rat au petit bout, & étendre 192 fils de la longueur de la piece, mettant en outre ce qu’il faut pour le raccourcissement des fils. On apperçoit que chaque piece doit faire sa manœuvre, c’est-à-dire que chaque piece ne doit pas avoir plus de longueur

que la manœuvre qu’elle doit faire ; car s’il falloit couper une manœuvre en queue de rat, on l’affoibliroit beaucoup en la coupant par le gros bout, & elle deviendroit trop grosse si l’on retranchoit du petit bout. Sachant donc qu’une écoute de hune de 9 pouces de grosseur doit servir à un vaisseau de 74 canons, & que pour un vaisseau de ce rang elle doit avoir 32 brasses de longueur, on étend 192 fils à 48 brasses, si on se propose de la commettre au tiers, & à 43 brasses, si on se propose de la commettre au quart. Ensuite on divise les 192 fils en trois, si l’on veut faire une aussiere à trois torons, & l’on met 64 fils pour chaque toron ; ou bien on divise le nombre total en 4, pour faire une aussiere à 4 torons, & l’on met 48 fils pour chaque toron. Jusque-là on suit la même regle que pour faire une aussiere à l’ordinaire ; mais pour ourdir les 192 fils restans, il faut allonger seulement quatre fils assez pour qu’ils soient à un pié de distance du quarré, & au moyen d’une ganse ou d’un fil de quarret, on en attache un à chacun des torons, & voilà l’aussiere déjà diminuée de la grosseur de 4 fils. On étend de même quatre autres fils, qu’on attache encore avec des ganses à un pié de ceux dont nous venons de parler, & la corde le trouve diminuée de la grosseur de huit fils ; en répétant quarante-huit fois cette opération, chaque toron se trouve grossi de quarante-huit fils ; & ces 192 fils étant joints avec les 192 qu’on avoit étendus en premier lieu, la corde se trouve être formée au gros bout de 384 fils, qu’on a supposé qu’il falloit pour faire une aussiere de neuf pouces de grosseur à ce bout. Suivant cette pratique, l’aussiere en question conserveroit neuf pouces de grosseur jusqu’aux quatre cinquiemes de sa longueur, & elle ne diminueroit que dans la longueur d’un cinquieme. Si un maître d’équipage vouloit que la diminution s’étendît jusqu’aux deux cinquiemes, le cordier n’auroit qu’à raccourcir chaque fil de deux piés au lieu d’un, &c. car il est évident que la queue de rat s’étendra d’autant plus avant dans la piece, qu’on mettra plus de distance d’une ganse à une autre ; si on jugeoit plus à propos que la diminution de grosseur de la queue de rat ne fût pas uniforme, on le pourroit faire en augmentant la distance d’une ganse à l’autre, à mesure qu’on approche du quarré. Voilà tout ce qu’on peut dire sur la maniere d’ourdir ces sortes de cordages ; il faut parler maintenant de la façon de les commettre.

Quand les fils sont bien ourdis, quand les fils qui sont arrêtés par les ganses sont aussi tendus que les autres, on démarre le quarré ; mais comme les torons sont plus gros du côté du chantier que du côté du quarré, ils doivent se tordre plus difficilement au bout où ils sont plus gros : c’est pour cette raison, & afin que le tortillement se répartisse plus uniformément, qu’en tordant les torons on ne fait virer que les manivelles du chantier, sans donner aucun tortillement du côté du quarré. Quand les torons sont suffisamment tortillés, quand ils sont raccourcis d’une quantité convenable, on les réunit tous à l’ordinaire à une seule manivelle qui est au milieu de la traverse du quarré ; on place le cochoir ou toupin dont les rainures ou gougeures doivent être assez ouvertes pour recevoir le gros bout des torons, & on acheve de commettre la piece à l’ordinaire, ayant grande attention que le toupin courre bien ; car comme l’augmentation de grosseur du cordage fait un obstacle à sa marche, & comme la grosseur du cordage du côté du quarré est beaucoup moindre qu’à l’autre bout, il arrive souvent, sur-tout quand on commet ces cordages au tiers, qu’ils rompent auprès du quarré.

Des grelins en queue de rat. Ayant fait les cordons comme les aussieres dont nous venons de parler, les grelins se commettent tout comme les grelins ordi-