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insectes les resserrent successivement, en commençant par celui qui est le plus près du ventre, & font tomber les œufs d’un anneau à l’autre par une espece de mouvement péristaltique. La fente de ce canal est presque invisible pendant que les insectes sont en vie ; mais elle s’ouvre un peu davantage quand ils sont morts.

Toutes les femelles n’ont pas un pareil canal : celles qui déposent leurs œufs sur la surface des corps, les font passer immédiatement par les parties génitales. Il n’y a que celles qui les déposent dans la chair, dans d’autres insectes, dans les feuilles, ou dans la terre, qui ayent besoin d’un semblable tuyau, afin qu’elles puissent les introduire aussi profondément qu’il est nécessaire.

Ce tuyau ne sert pas toûjours de canal aux œufs. L’on trouve certains insectes aquatiques, dont les mâles ont ce canal aussi-bien que les femelles ; ils s’en servent comme d’un soûpirail, par lequel ils respirent un air frais. On les voit souvent avancer sur la superficie de l’eau l’ouverture de ce canal ; & l’on remarque même que quand ils sont rentrés sous l’eau, il s’éleve de petites bulles d’air qu’ils en laissent échaper.

Pour ce qui concerne en particulier chaque partie du corps des insectes, voyez-les chacune dans leur ordre alphabétique. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Corps étranger, (Chirurgie.) on entend par corps étrangers, toutes les choses qui n’entrent point actuellement dans la composition de notre corps. On les partage en deux classes : on met dans la premiere ceux qui se sont formés au-dedans de nous ; dans la seconde, ceux qui sont venus du dehors. Les uns & les autres peuvent être animés ou inanimés.

Ceux qui se sont formés chez nous, sont de deux especes. Les uns se sont formés d’eux-mêmes : telles sont la pierre dans les reins, ou dans les ureteres, ou dans la vessie, ou dans la vésicule du fiel, ou dans tout autre endroit du corps ; la mole dans la matrice, les vers, & d’autres insectes dans les intestins, ou dans quelque autre partie du corps. Les autres sont devenus corps étrangers, parce qu’ils ont séjourné trop long-tems dans le corps : tel est un enfant mort dans la matrice ; ou parce qu’ils se sont séparés du tout : telles sont les esquilles d’os, une escarre, &c.

Les corps étrangers venus de dehors, sont entrés dans le corps en faisant une division, ou sans faire de division. Ceux qui entrent en faisant une division, sont tous les corps portés avec violence : tels qu’un dard, une balle de fusil, un éclat de bombe, de la bourre, &c. Ceux qui entrent sans faire de division sont de toutes especes, & s’introduisent dans les ouvertures naturelles, dans les yeux, dans le nez, dans le gosier, dans les oreilles, dans l’anus, dans l’urethre, & dans la vessie.

On doit mettre parmi les corps étrangers l’air qui peut causer, en s’insinuant dans l’interstice des parties, des tumeurs qui prennent des noms différens, selon les parties où elles se trouvent. La tumeur faite d’air qui se trouve au ventre, s’appelle hydropisie tympanite ; celle qui se trouve aux bourses, se nomme pneumatocele ; celle qui se trouve à l’ombilic, s’appelle pneumatomphale. Si l’air s’est insinué dans tout le tissu cellulaire de la peau, le gonflement universel qui en résulte s’appelle emphyseme universel ; si l’air ne s’est insinué que dans une certaine étendue, on appelle la tumeur qu’il produit, emphyseme particulier. Le détail de toutes ces maladies appartient à une Pathologie particuliere. Voyez-en les articles.

Tous les corps étrangers doivent être tirés, dès qu’il est possible de le faire, de peur que ceux qui sont engendrés dans le corps, tels, par exemple, que les pierres contenues dans la vessie, n’augmentent en volu-

me, ou que ceux qui sont venus en-dehors, n’occasionnent

par leur pression des accidens qui empêchent leur extraction, ou qui la rendent difficile. Mais il y a différentes manieres d’extraire les corps étrangers ; on ne peut tirer les uns que par une ouverture qu’on est obligé de faire ; on peut tirer les autres sans faire aucune division.

Si on tire un corps par l’endroit par lequel il est entré, cette maniere s’appelle attraction ; si au contraire on le fait sortir par une ouverture opposée à celle où il est entré, cette maniere s’appelle impulsion.

La diversité des corps étrangers qui peuvent entrer, les différens endroits où ils se placent, les moyens singuliers qu’il faut quelquefois inventer pour en faire l’extraction, enfin les accidens que ces corps étrangers occasionnent, demandent quelquefois de la part des Chirurgiens, beaucoup de génie & d’adresse.

Avant que de faire l’extraction d’un corps de quelque espece que ce soit, on doit se rappeller la structure de la partie où il est placé ; s’informer & s’assurer, s’il est possible, de la grosseur, de la grandeur, de la figure, de la matiere, de la quantité, de la situation du corps étranger, & de la force avec laquelle il a été poussé dans le corps, s’il est venu de dehors : il faut outre cela mettre le malade & la partie dans une situation commode, & telle que les muscles soient dans un état de relâchement, & faire choix des instrumens les plus convenables pour en faire l’extraction.

Les corps étrangers entrés & engagés dans quelque ouverture naturelle, doivent être tirés promptement. On doit auparavant faire des injections d’huile d’amande douce, pour lubrifier le passage & faciliter par ce moyen la sortie du corps. Quant aux corps étrangers qu’on ne peut tirer sans faire de division, ou sans aggrandir l’ouverture déjà faite par le corps, il faut, en faisant cette division, éviter les gros vaisseaux, les tendons, & les nerfs, la faire suivant la rectitude des fibres, des muscles, & proportionnée au volume du corps étranger, & même plus grande que petite, sur-tout si la partie qu’on ouvre est membraneuse & aponévrotique, pour éviter les accidens qui accompagnent presque toûjours les petites divisions.

Les instrumens dont on se sert pour faire l’extraction des corps étrangers, sont des curettes pour tirer ceux qui sont engagés dans l’oreille, ou dans l’urethre ; les différentes especes de repoussoir & de pincettes pour tirer ceux qui sont engagés dans le gosier ; les tenettes, les pinces, les tire-bales de différentes especes, grandeur, & figure, pour tirer les pierres, les balles, & les corps étrangers semblables. On employe encore plusieurs autres instrumens, suivant les circonstances qui s’y rencontrent : mais on préfere toûjours la main à tout instrument, lorsque le corps étranger est situé de façon qu’on peut le saisir avec les doigts.

On jugera par ce précis court, net, & méthodique, que j’ai tiré de M. de la Faye, combien cette partie de l’art est étendue, combien le chirurgien doit posséder de talens, de connoissances, & d’instrumens différens, pour ce genre particulier d’opérations. Mais il y a plus : quelques lumieres que le chirurgien ait acquises par ses études, quelques instructions qu’il ait prises dans les écoles, dans les hôpitaux, & dans les armées, quelques sommes qu’il ait pû employer pour se fournir d’un arsenal complet d’instrumens, il faut qu’il compte souvent davantage sur son génie, que sur toutes autres ressources ; parce qu’il se présente plusieurs cas extraordinaires & imprevûs, dans lesquels il ne peut être guidé que par son bon sens & son invention. Il faut alors qu’il sache tirer de son industrie seule, les moyens de