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que le soleil fut fait le quatrieme jour, & les poissons le cinquieme. Mais on auroit tort de taxer d’impiété un physicien qui penseroit que les poissons ont habité le globe avant l’homme, puisqu’il est écrit que l’homme ne fut créé que le dernier. Ainsi l’auteur d’une gazette périodique a sottement accusé l’illustre secrétaire de l’académie des Sciences d’avoir dit que les poissons ont été les premiers habitans du globe ; car cela est très-conforme au récit de Moyse.

C’est encore une chose qu’il est très-permis de soûtenir, suivant le récit même de Moyse, que le chaos a existé avant la séparation que Dieu a faite de ses différentes parties. Voyez l’article Chaos.

Il doit être très-permis de dire avec Descartes, que les planetes, & la terre en particulier, ont commencé par être des soleils qui se sont ensuite encroûtés, parce que le récit de Moyse n’a rien de contraire à cette supposition. La Physique peut la réprouver ; mais la religion l’abandonne à nos disputes. Il doit être permis de dire que la formation de ce Monde n’a dépendu que du mouvement & de la matiere différemment combinés ; parce que Dieu auteur seul de la matiere & du mouvement n’a employé certainement que ces deux principes pour l’arrangement du Monde ; mais les a employés avec une intelligence dont lui seul est capable, & qui seule est une preuve de son existence. On doit donc être extrèmement reservé à taxer d’irréligion les philosophes qui proposent un système de Cosmogonie, lorsque ce système peut s’accorder avec le récit de Moyse ; & il ne faut pas craindre qu’on leur donne par-là trop d’avantage. Dans le système de Newton, par exemple, l’impulsion une fois donnée aux planetes, & l’attraction supposée, le système du Monde doit subsister en vertu des seules lois du mouvement. Il semble d’abord que ce système favorise l’Athéisme, en ce qu’il ne suppose autre chose qu’un premier mouvement imprimé, dont tout le reste est une suite, & qu’il n’a pas recours à l’action continue de l’Être supreme. Mais qui a pû donner ce premier mouvement, & qui a établi les lois en vertu desquelles il se conserve ? Ne sera-ce pas toûjours l’être suprème ? Il en est ainsi des autres. La philosophie de Démocrite qui attribuoit tout au hasard & au concours fortuit des atomes, étoit impie ; mais une physique qui, en réduisant tout au mouvement différemment combiné & à des lois simples & générales, explique la formation de l’Univers, est très-orthodoxe, quand elle commence par reconnoître Dieu pour auteur seul de ce mouvement & de ces lois. V. Création, Mouvement, Percussion, &c.

Après ces observations, nous n’entrerons point dans le détail des différens systèmes des anciens & des modernes sur la formation du Monde, tous ces systèmes étant des hypothèses purement conjecturales, & plus ou moins heureuses, à proportion qu’elles sont plus ou moins appuyées sur les faits & sur les lois de la méchanique ; nous en exposerons les principaux à l’article Terre. Car c’est principalement la formation de ce globe que nous habitons qui est l’objet de la Cosmogonie. (O)

COSMOGRAPHE, adj. pris subst. se dit d’une personne versée dans la Cosmographie. Voyez Cosmographie. Les anciens qui nioient l’existence des antipodes, étoient de mauvais Cosmographes. Voyez l’article Antipodes, où nous avons exposé l’affaire de Virgile, & que nous rappellons ici, parce qu’il nous paroît que nous y avons discuté avec exactitude le jugement que le pape Zacharie porta en cette occasion, & répondu d’avance aux mauvaises objections qu’on nous a faites là-dessus. (O)

COSMOGRAPHIE, s. f. description du monde, ou science qui enseigne la construction, la figure, la disposition, & le rapport de toutes les parties qui

composent l’Univers. Voyez Monde. Ce mot vient du grec κόσμος, monde, & γράφω, je décris.

La Cosmographie differe de la Cosmologie, en ce que celle-ci raisonne sur la construction & la formation de l’Univers, au lieu que la Cosmographie en est seulement la description historique.

La Cosmographie dans sa définition générale embrasse, comme l’on voit, tout ce qui est de l’objet de la Physique. Cependant on a restraint ce mot dans l’usage à désigner la partie de la Physique qui s’occupe du système général du monde. En ce sens la Cosmographie a deux parties ; l’Astronomie, qui fait connoître la structure des cieux & la disposition des astres, voyez Astronomie ; & la Géographie, qui a pour objet la description de la Terre, voyez Géographie.

Quoique nous donnions dans les différens articles de cette Encyclopédie le détail des différens points du système du monde, nous allons ici exposer ce système fort en abregé, pour en présenter l’idée générale à ceux qui n’en sont pas instruits, nous réservant à entrer dans un plus grand détail aux articles dont il s’agit. Voyez Copernic, Planete, &c.

Le Soleil est au centre de notre système. C’est un globe lumineux, environ un million de fois gros comme la Terre ; il tourne sur son axe en 25 jours ; on y voit des taches qui disparoissent. Voyez Soleil, Tache, &c.

Mercure tourne autour du Soleil en trois mois ; on ne sait s’il tourne sur lui-même. Son diametre est de celui du Soleil ; sa distance au Soleil la plus grande est de 5137 diam. de la Terre, la plus petite de 3377. Voyez Mercure.

Venus a un diametre qui est le de celui du Soleil. Elle tourne sur son axe, selon quelques-uns, en 24 jours, selon d’autres en 24 heures. Sa plus grande distance est de 8008 diam. terr. la moindre de 7898. Voyez Venus.

La Terre est dans sa plus grande distance à 11187 diam. & dans la plus petite à 10813. Elle tourne en 24 heur. sur son axe, & cet axe a outre cela un mouvement conique, dont la révolution est de 25000 ans ; il fait un angle de 66° avec l’écliptique. V. Ecliptique, Précession des Equinoxes, Terre.

Mars tourne sur lui-même en 25 heures, & autour du Soleil en deux ans ; sa plus grande distance est de 18315 diam. de la Terre, & la moindre de 15213 ; son diametre est de de celui du Soleil. V. Mars.

Jupiter tourne en 10 heures sur son axe, & autour du Soleil en douze ans ; son diametre est de celui du Soleil, sa plus grande distance est de 59950 diam. terr. sa moindre de 54450. Voyez Jupiter.

Saturne tourne en trente ans autour du Soleil ; on ignore s’il tourne sur son axe. Sa plus grande distance est de 110935 diam. terr. sa moindre de 98901, Voyez Saturne.

Outre ces six planetes principales, il en est de secondaires ou satellites. La Lune est satellite de la Terre ; elle tourne autour d’elle-même & autour de la Terre en un mois ; elle est éloignée de nous de 30 diametres de la Terre. Son diametre est le de diam. de la Terre. Voyez Lune, Satellite.

Jupiter a de même quatre satellites, & Saturne cinq. De plus, cette derniere planete a un anneau très-singulier. Voyez Anneau. Les éclipses des satellites sont d’une grande utilité pour les longitudes. Voyez Longitude.

Notre Terre est couverte de deux grands fluides : l’un est la mer, dans lequel l’action de la Lune & du Soleil cause un flux & reflux continuel ; l’autre est l’air, dans lequel on a remarqué beaucoup de propriétés. Voyez Mer, Marée, Air, &c.

La lumiere des planetes, matte & foible en comparaison de celle du Soleil, leurs phases, leurs ta-