Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 4.djvu/327

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bouts en ligne droite. On applique cette regle par le rond du coupant, légerement sur une bande d’or, & on l’enleve pour la mettre sur les bords. Planche fig. 5.

Le couchoir pour les armes est de bois blanc, quarré & plat ; il a une poignée par-dessus, pour enlever ce couchoir tout entier lorsqu’on l’a mis sur la feuille d’or, & la porter à la place où on veut la mettre. Voyez Coucher l’Or & Pl. II. de la Reliure, fig. 10.

COUCHURE, s. f. en terme de Brodeur au métier ; c’est un point d’un fil cordonné ou simple, en soie, en or ou en argent, couché le long du dessein, & attaché d’un fil qui l’embrasse de distance en distance ; ensorte que les points qui lient le second couché, soient toûjours au milieu de ceux du premier, ceux du troisieme au milieu de ceux du second, &c.

Couchure en Point de compte, en terme de Brodeur au métier ; c’est un ornement en or, en argent ou en soie, couché en rond, en ovale, &c. dont les points liants sont fichés exactement vis-à-vis l’un de l’autre, & vont du centre à la circonférence, en forme de rayon.

COUCO, (Géog. mod.) pays d’Afrique dans la Barbarie, entre Alger & le Bugir. Le peuple qui est soumis à un roi ou chef particulier, habite dans des montagnes & des deserts.

COUCOU, s. m. cuculus, (Hist. nat. ornitholog.) genre d’oiseaux, dont les uns different, à ce que l’on prétend, pour la grosseur du corps, & les autres par les couleurs. Aldrovande rapporte, d’après les oiseleurs de Boulogne, qu’il y a des coucous différens pour la grandeur, quoique semblables pour les couleurs ; & d’autres au contraire qui se ressemblent pour la couleur, quoiqu’ils soient de grandeur inégale.

Willughby a donné la description du coucou le plus commun : celui qu’il a décrit, avoit onze pouces de longueur depuis la pointe du bec jusqu’à l’extrémité de la queue. La piece supérieure du bec étoit un peu crochue, plus longue que l’inférieure, & d’un brun noirâtre sur la plus grande partie de son étendue, & la piece inférieure de couleur jaune-blanchâtre. Il avoit la langue & le dedans de la bouche de couleur de safran ; la langue dure & transparente, & l’iris des yeux de couleur de noisette. L’ouverture des narines étoit ronde, grande, garnie de plumes, & élevée par les bords. Ce dernier caractere est, selon Willughby, particulier au coucou, & suffit pour le faire distinguer de tous les oiseaux que cet observateur a pû voir. La paupiere inférieure étoit grande, & les cils de couleur jaune. Ce coucou avoit la gorge, la poitrine & le ventre blancs, avec des lignes transversales brunes qui n’étoient point interrompues ; il s’en trouvoit sur la gorge en plus grand nombre, & plus près les unes des autres. Les bords des plumes de la tête étoient blancs, & le reste brun. Il y avoit sur la tête une ou deux taches blanches. Les plumes du dos & du milieu du cou, & les grandes plumes des épaules, étoient brunes dans le milieu, & blanchâtres sur les bords : dans quelques-unes il y avoit du roux mêlé avec le brun. Le croupion étoit de couleur de feuille-morte. Cet oiseau avoit les grandes plumes des aîles noires, & les bords extérieurs de ces plumes, à l’exception de la premiere, étoient tachés de roux, & il y avoit sur les bords intérieurs des premieres, de longues taches blanches : la pointe de toutes ces plumes étoit blanche, & les petites plumes des ailes étoient de la même couleur que le dos. Willughby n’a point décrit la queue du coucou. Selon Aldrovande dans la description qu’il a faite d’un second oiseau de ce nom, la queue est composée de dix plumes qui ont des taches blanchâtres, à-peu-près en forme de cœur, & qui

font un bel effet à l’œil : lorsque la queue est étendue, elles ont toutes l’extrémité marquée de blanc, de même que le bord intérieur, excepté les deux du milieu : les pattes & les ongles sont jaunes : il y a deux doigts en arriere dont l’intérieur est le plus petit de tous ; les doigts de devant sont unis ensemble par une membrane jusqu’à la premiere articulation.

Le coucou ne fait point de nid, mais il s’empare de celui d’un autre oiseau ; il en écarte les œufs, s’il y en trouve ; il met le sien à la place, & l’abandonne : car il n’en pond qu’un. L’oiseau auquel appartient le nid, couve l’œuf du coucou, soigne le petit lorsqu’il est éclos, & le nourrit jusqu’à ce qu’il soit assez fort pour prendre l’essor. Avant la mûe les petits coucous ont le plumage de différentes couleurs disposées par taches, qui le rendent fort beau. C’est ordinairement dans le nid de la fauvette brune que le coucou pond son œuf ; il s’empare aussi des nids des alouettes, des pinçons, des bergeronettes, &c. Willughby n’assûre pas si les coucous restent pendant l’hyver cachés & engourdis dans des arbres creux, dans des trous de roche, dans la terre, &c. ou s’ils passent dans des pays chauds ; cependant il y a des gens qui prétendent avoir entendu chanter des coucous dans des trous d’arbres au milieu de l’hyver, lorsque l’air étoit doux. Le nom de cet oiseau vient de son cri. Willughby, Ornith. Voyez Oiseau. (I)

Coucou, (Matiere medic.) On se sert en Medecine de cet oiseau en entier, & de sa fiente ; on recommande ses cendres pour la gravelle, pour les douleurs & l’extrème humidité de l’estomac.

On les ordonne avec succès dans les paroxysmes des fievres. Schroder dit que la fiente du coucou prise en boisson, est bonne contre la morsure du chien enragé. Il ne manque à ces prétendues vertus, que d’être confirmées par des observations.

* Coucou, (Myth.) Cet oiseau est consacré à Jupiter : il est difficile d’en deviner la raison sur ce qu’on en raconte. On dit que ce fut sous cette forme que Jupiter transi de froid, s’alla reposer un jour d’hyver sur le sein de Junon. Le mont Thornax sur lequel la déesse eut la complaisance de réchauffer le dieu, fut depuis appellé dans le Péloponnese, le mont du coucou.

Coucou, (Jeu de cartes.) L’on peut joüer à ce jeu depuis cinq jusqu’à vingt personnes. Lorsqu’on est un grand nombre, on joüe avec un jeu de cartes entier, c’est-à-dire où sont toutes les basses ; autrement on joüe avec le jeu de piquet ordinaire, en observant que les as sont les dernieres & les moindres cartes du jeu. Comme il y a un grand avantage à avoir la main, on voit à qui l’aura. Après avoir pris chacun huit ou dix jettons, qu’on fait valoir ce qu’on veut, celui qui a la main ayant fait couper à sa gauche, donne une carte, sans la découvrir, à chaque joüeur, qui l’ayant regardée, dit, si sa carte lui paroît bonne, je suis content ; mais si sa carte est un as, ou une autre carte dont il soit mécontent, il dit, contentez-moi à son voisin à droite, qui doit prendre sa carte & lui céder la sienne, à moins qu’il n’ait un roi ; auquel cas il ne peut être contraint à échanger, & il répond, coucou : alors le mécontent garde sa carte, tandis que les autres continuent à se faire contenter de la même maniere, c’est-à-dire à changer de carte avec leur voisin à droite & à gauche, jusqu’à ce qu’on en soit venu à celui qui a mêlé, qui, lorsqu’on lui demande à être contenté, doit donner la carte de dessus le talon, à moins que, comme il a déjà été dit, ce ne soit un roi. Enfin la regle générale, c’est que chaque joüeur peut, s’il le croit avantageux à son jeu, & que ce soit à son tour à parler, forcer son voisin à droite de changer de carte avec lui, à moins qu’il n’ait un roi. Après