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pece de grosse épingle d’acier d’égale grosseur dans toute sa longueur ; par l’un de ses bouts elle porte une petite tête de même matiere, pour lui servir de prise ; son autre extrémité est terminée en angle aigu, est mince, plate, & extrèmement tranchante, pour pouvoir couper net les soies sans bavures ni effiloques. Voici son usage : l’ouvrier met l’un de ses couteaux dans le pas de la levée de figure ; ce couteau se trouve arrêté lorsque l’ouvrier enfonce une autre marche ; ayant ainsi marché quatre coups de fond, la même levée s’ouvre encore, où il est mis un autre couteau, ainsi de même trois ou quatre fois de suite & guere plus, parce que les coups réitérés du battant entassant & serrant à chaque coup la trame contre ces couteaux, en rendroit la sortie presqu’impossible si on en mettoit davantage. Ces trois ou quatre couteaux étant ainsi employés dans l’ouvrage, lorsqu’il est besoin d’y en mettre un nouveau, l’ouvrier tire de l’ouvrage, & cela du pouce & de l’index de la main droite par la tête, le couteau qui est le plus près de lui, c’est-à-dire le plus éloigné du battant ; en tirant ce couteau avec une certaine violence il coupe les soies qui le tenoient enfermé ; lorsqu’il est dégagé, il est remis tout de suite dans le pas actuel de la levée pour attendre son tour ; les soies de la chaîne formant la figure, ainsi coupées près-à-près, forment ce qu’on appelle velours.

Couteau, en terme de Rafinerie de sucre, est un morceau de bois taillé en lame d’épée à deux tranchans. Il porte environ 4 piés de hauteur, & sert à opaler & à monder le sucre dans la forme. Voyez Monder.

Il faut que ce couteau soit d’une grandeur proportionnée aux formes, pour ménager le tems & la peine des ouvriers.

Couteau, en terme de Rafineur de sucre, s’entend encore d’un couteau ordinaire dont on se sert pour grater le sucre qui est tombé sur les bords des formes en emplissant & en mondant, voyez Emplir & Monder ; on le gratte au-dessus d’une espece de cofre de sapin appellé caisse. Ce couteau est encore récessaire pour nettoyer les formes en plamotant. Voyez Plamoter.

Couteau croche, en terme de Rafineur de sucre, est un couteau que l’on plie sur le plat de la lame pour couper le sucre lorsque la patte du pain est plus haute d’un côté que de l’autre, afin d’unir le fond & de le rendre bien de niveau. Voyez Foncer.

Couteaux ou Dilles, (Pêche.) sorte de coquillage ; ils se pêchent dans le fond des sables ordinairement vaseux, qui se trouvent dans les achenaux, crassats ou petites gorges ; d’où les pêcheurs les retirent avec une baguette de fer faire en maniere de tire-bourre, & dont le bout a la forme d’un ain ou hameçon. Voyez Coutelier.

COUTELAS, s. m. (Art milit.) épée de fin acier fort tranchante, large, & courte.

Coutelas, (Marine.) V. Bonnette en étui.

COUTELIER, solen, (Hist. nat. Conchiolog.) coquillage auquel on a donné le nom de couteau, parce que sa coquille ressemble en quelque façon à un manche de couteau. Elle est composée de deux pieces, dont chacune est creusée en gouttiere ; lorsqu’elles sont réunies elles forment un cylindre ; elles sont attachées près de l’extrémité inférieure par un ligament à ressort. Depuis ce ligament jusqu’à l’autre bout de la coquille, il y a sur le joint qui se trouve entre les deux pieces, une membrane colée sur le bord de l’une & l’autre, & sur le joint qui est de l’autre côté aux bords opposés une pareille membrane. Ces membranes peuvent être comparées à du parchemin, & ont assez de ressort pour que les deux pieces de la coquille puissent s’éloigner l’une de l’autre de deux ou trois lignes & se rapprocher alterna-

tivement, de sorte que la coquille n’est jamais ouverte

que par les deux bouts.

Ces coquillages restent dans le sable, & s’y enfoncent souvent à plus d’un pié & demi ou deux piés de profondeur, sans que la longueur de leur coquille s’éloigne beaucoup de la direction verticale ; dans cette situation ils remontent & redescendent successivement, voilà en quoi consiste leur mouvement progressif. Dans les grandes marées, lorsque la mer a laissé à découvert le sable où ces coquillages habitent, on voit les orifices de leurs trous, & on les distingue aisément de ceux des autres coquillages, parce qu’ils sont d’une figure oblongue. Alors les couteliers sont enfoncés dans le sable, mais les pêcheurs les font sortir en partie de leur trou en jettant du sel dedans, il tombe sur la partie de l’animal qui se trouve à l’extrémité supérieure de la coquille : cette partie est composée de deux canaux dans lesquels l’eau circule ; elle entre par l’un & sort par l’autre, mais sa route n’est pas constante ; car ce n’est pas toûjours par le même canal qu’elle entre ou qu’elle sort. Le sel affecte cette partie de façon qu’il en détache des morceaux ; aussi dès que le coquillage en sent l’impression, il remonte au-dessus du sable pour s’en délivrer ; & en effet il ferme autant qu’il le peut les orifices des canaux, & il fait tomber le sel en gonflant la partie qui les environne. Lorsque les couteliers paroissent au-dessus du sable, on les prend à la main ; mais comme ils ne restent à découvert qu’un instant, on les manque quelquefois, ou on ne les saisit pas assez fortement ; enfin s’ils peuvent rentrer dans leur trou, on prétend qu’il n’y a plus moyen de les faire remonter en leur jettant du sel ; il faut employer des instrumens que l’on appelle dards ou dardillons ; ce sont de longs ferremens pointus, que l’on enfonce dans le sable pour enlever le coutelier.

Lorsqu’on a tiré ce coquillage de son trou, & qu’on l’étend sur le sable, on lui voit faire des mouvemens qui font connoître la maniere dont il descend dans le sable & dont il remonte. Il fait sortir de l’extrémité inférieure de la coquille une petite partie de son corps, à laquelle on a donné le nom de jambe, qui dans ce moment est plate, terminée en pointe, & pour ainsi dire tranchante par les bords ; il l’allonge & l’enfonce dans le sable en la recourbant. A l’aide de ce point d’appui, il fait mouvoir sa coquille & la mene à une position verticale ; alors il redresse sa jambe, il l’allonge de nouveau, & l’enfonce verticalement dans le sable. Lorsqu’elle est parvenue à une longueur égale à celle de la moitié ou des deux tiers de la coquille, sa forme change, elle se gonfle & devient cylindrique sans se raccourcir ; de plus, l’extrémité est terminée par un bouton dont le diametre est plus grand que celui de la coquille. Dans cet état le coutelier raccourcit la partie de la jambe qui est entre le bouton & l’extrémité inférieure de la coquille, où il fait rentrer cette partie dans la coquille, ce qui ne se peut pas faire sans que le bouton remonte ou que la coquille descende ; mais c’est la coquille qui descend, parce qu’elle a moins de sable à déplacer que le bouton de la jambe, puisque le diametre du bouton est le plus grand. En répétant cette manœuvre, le coquillage descend successivement, & on conçoit aisément qu’à l’aide des mêmes organes il peut remonter ; car en retirant en-haut le bouton de la jambe, & en allongeant ensuite la partie de la jambe qui est entre le bouton & la coquille, la coquille doit remonter par la même raison qui a déjà été rapportée. Mém. de l’acad. royale des Scienc. ann. 1712. Voyez Coquille, Coquillage. (I)

* Coutelier, s. m. ouvrier qui a le droit de faire & vendre des couteaux, ciseaux, rasoirs, & autres instrumens de Chirurgie, de quelque espece qu’ils soient, en qualité de membre d’une communauté ap-