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peres disoient : la ville de Ca-en, la ville de La-on, un fa-on, un pa-on, en deux syllabes ; comme on le voit dans les écrits des anciens poëtes : aujourd’hui nous disons par crase en une seule syllabe, Can, Lan, pan, fan. Observez qu’en ces occasions la voyelle la plus forte dans le son, fait disparoître la plus foible. Il y a crase quand nous disons l’homme, l’honneur, &c. Mais il faut observer que ce mot crase n’est en usage que dans la Grammaire greque, lorsqu’on parle des contractions qu’on divise en crase & en synchrese. Au reste ce mot crase est tout grec, κρᾶσις, mêlange. R. κεράννυμι, misceo, je mêle. Voyez Contraction. (F)

Crase, (Medec.) état naturel ou sain du sang, sa constitution convenable, en vertu de laquelle les différens principes dont il est composé, s’y trouvent dans la juste proportion, & dans le degré de pureté & d’union qu’ils doivent avoir. Ce mot a pour opposé discrase, discrasis, qui marque un mélange vicieux des principes, ou l’état qui n’est pas naturel à quelqu’un d’eux.

Le mot est grec, κρᾶσις, qui signifie mélange, tempérament. Voyez Sang & Humeurs. Chambers.

CRASSAMENTUM, terme dont se servent quelques anatomistes pour marquer les parties proprement sanguines du sang, ou la partie qui, en se refroidissant, forme un coagulum, par opposition au serum ou à la sérosité dans laquelle elles nagent. Voy. Sang & Sérosité.

Quelques auteurs ont pensé que le crassamentum étoit spécifiquement plus léger que le serum ; mais le docteur Jurin a démontré le contraire par des expériences réitérées. Chambers. (L)

CRASSE, s. f. (Medecine.) La crasse de la peau retenue dans ses pores ou sur sa superficie, est capable de produire plusieurs maladies, comme clous, phlegmons, &c. la gale & les dartres sont sur-tout engendrées par cette crasse : on doit donc obvier à ces maladies en nettoyant exactement la peau par les bains, les frictions, & les autres moyens propres à enlever la crasse de la circonférence du corps. Les habitans des pays chauds qui sont plus sujets à la crasse de la peau, à cause de la grande chaleur du climat qu’ils habitent, se baignent aussi fort souvent pour se garantir de ces maladies, méthode qu’ils ont retenue des anciens. Voyez Gale, Engelure, Friction. Chambers.

Crasse, adj. (Gramm.) ne se prend guere qu’au figuré ; ignorance crasse, pour ignorance extrème & invétérée. Peut-être l’employe-t-on en Medecine systématique & en Chirurgie, mais rarement. Je ne sai si l’on dit des humeurs crasses, pour des humeurs très-épaisses ; les parties crasses, par opposition aux parties déliées.

* Crasse, chez les Ouvriers en métaux ; c’est le nom qu’on donne à l’écaille qui se forme sur le métal chaud, qui s’en détache quand on le bat, & qu’on trouve à l’entour des enclumes des forgerons en petites pellicules noires, minces & fragiles. On lui donne aussi quelquefois le nom de paille.

CRASSIERS, s. m. pl. voyez Forges grosses.

CRASSNITZ, (Géogr. mod.) petite ville de la petite-Pologne, au palatinat de Sendomir.

* CRATÉE, s. f. (Myth.) déesse des enchanteurs & des sorciers, mere de Sylla, & la même, selon toute apparence, qu’Hécate. Voyez les dict. de Trév. de Dish. & de Mythol.

* CRATERE, s. f. (Hist. anc. & mod.) On donne ce nom à certains vaisseaux des anciens. Il y a des crateres d’une insmité d’especes différentes : on trouve sur ces vaisseaux des bas-reliefs de la plus grande beauté ; ils sont d’ailleurs de formes très-commodes & très-élégantes. Comment eût-il été possible qu’ils passassent de mode ? Il n’y a que les choses qui n’ont

aucun modele dans la nature, dont il soit possible de se dégoûter. On ne buvoit point dans les crateres, mais on y mettoit le vin & l’eau dont on devoit se servir. La Sorbonne & le cardinal Lemoine ont encore aujourd’hui des crateres ; ce sont de grandes coupes en écuelle à bords rabattus & sans oreilles.

CRATICULAIRE, adj. (Optique.) On appelle prototype & ectype craticulaire, le modele d’une anamorphose & l’anamorphose même. Voyez Anamorphose. (O)

* CRATICULER, v. act. (Dessein, ou dessiner aux petits quarreaux.) Pour cet effet on divise les bords de l’image qu’on veut copier ou de grand en petit, ou de petit en grand, en parties égales ; par tous les points de divisions on fiche des pointes sur lesquelles on fait passer des fils très-delicats ; ces fils partagent, en s’entre-coupant, toute la surface de l’original en petits quarreaux. On divise la surface sur laquelle on veut en avoir la copie, en un égal nombre de petits quarreaux, dont les côtés soient aux côtés des quarreaux de l’image, en tel rapport qu’on voudra : cela fait, on transporte à la vûe ce qui est contenu dans chaque quarreau de l’original, dans l’espace de chaque quarreau correspondant de la surface où l’on veut en avoir copie. On peut avoir une toile ou papier divisé en autant de quarreaux qu’il y en a dans un chassis, & se servir de ce chassis placé au-devant du visage d’une personne dont on fait le portrait, pour en prendre au moins les proportions les plus considérables. Il est inutile de s’étendre davantage sur cette pratique, qui se conçoit avec beaucoup de facilité. Voyez. Anamorphose.

CRAU, (le) Géog. mod. petit pays de France en Provence, le long de la rive orientale du Rhône.

CRAVAN, s. m. anas muscaria, (Hist. nat. Ornithol.) oiseau qui a été ainsi nommé, parce qu’il prend les mouches qui volent sur l’eau. Il ressemble beaucoup au canard domestique pour la grandeur & pour la figure : son bec est large & court : la piece du dessus est jaune, & longue de deux pouces au-delà des plumes : de chaque côté il y a des dents en forme de scie ; celles de dessus sont larges, flexibles, élevées, & pour ainsi dire membraneuses ; celles du dessous sont moins saillantes, & forment des stries oblongues. Il se trouve des plumes de différentes couleurs presque par-tout, principalement sur le cou en-dessus & en-dessous ; elles sont noirâtres, blanches, bazannées à-peu-près comme celles de la perdrix : les pattes sont jaunes, & la membrane des doigts noirâtre : la couleur du sommet de la tête & des ailes est plus noire que celle d’aucune autre partie ; les ailes & la queue sont courtes. Willughby n’a jamais vû cet oiseau, & doute qu’il soit différent du canard sauvage, boschas. Willughby, Ornith. Voyez Oiseau. (I).

CRAVAN, (Géog. mod.) petite ville de France en Bourgogne, près du confluent de la Cure & de l’Yonne. Long. 21. 15. lat. 47. 42.

CRAVATES, s. m. pl. (Hist. mod.) corps de cavalerie étrangere, qu’on eût mieux appellé Croate ; mais l’usage en a décidé autrement : il est commandé par un colonel. Ils ont les mêmes fonctions à l’armée, que les housards, pandours, &c.

Cravate, s. f. (Mod.) ancien ajustement de toile fine, pliée ; on faisoit plusieurs tours autour du cou, & les deux bouts noüés sous le menton, descendoient le long de la poitrine. Les tours de cou ont succedé aux cravates.

Cravate, en terme de Boutonnier ; c’est une bouffette composée de plusieurs brins de milanoise pliés au moule, serrés & liés à la bobine par le milieu, & représentant un nœud de bourse à cheveux.

Cravate ou Croate, s. m. (Maréchallerie & Man.) espece de cheval qui vient de Croatie, & qui