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le travail plus détaillé du crystal artificiel & des fourneaux de cette branche curieuse de la Verrerie. (—)

Crystatl minéral, (Pharmacie.) Le crystal minéral, ou le sel de prunelle, est le produit d’une opération chimique, qui consiste à jetter sur une livre de nitre en fonte & commençant à rougir, environ un gros de fleur de soufre, qui détonne avec une petite portion de ce sel, & qui la convertit en tartre vitriolé.

Le soufre détonné avec du nitre, n’étant capable d’en convertir en sel polychreste ou tartre vitriolé, qu’une quantité à-peu près égale à son propre poids, il doit se trouver dans la livre de crystal minéral dont nous venons de parler, environ un gros de nitre (c’est-à-dire la cent vingt-huitieme partie du tour), changé en tartre vitriolé ; tout le reste de la masse doit être du nitre parfait. L’usage medicinal de cette préparation doit donc être le même que celui du nitre. Voyez Nitre. (b)

Crystal, (cieux de) en Astronomie, étoient deux orbes que les anciens Astronomes avoient imaginés entre le premier mobile & le firmament, dans le système de Ptolomée, où les cieux étoient supposés solides, & n’être susceptibles que d’un mouvement simple. Les Astronomes anciens s’en servoient pour expliquer différens mouvemens apparens de la sphere celeste. Voyez Ciel & Copernic.

Mais les modernes expliquent tous ces mouvemens d’une maniere plus naturelle & plus aisée. Il leur suffit pour cela de supposer dans l’axe de la terre un petit mouvement ; & la plûpart des phénomenes célestes, que les anciens n’expliquoient qu’à force de cieux de crystal, s’expliquent aujourd’hui avec une facilité surprenante, dans l’hypothese du mouvement de la terre ; ce qui prouve que cette hypothese est bien plus simple & plus conforme à la vraie Philosophie. L’embarras de tous ces cieux de crystal étoit si grand, pour les anciens même, que le roi Alphonse qui étoit obligé d’en imaginer de nouveaux, parce qu’il ne connoissoit rien de meilleur, disoit que si Dieu l’eût appellé à son conseil quand il fit le monde, il lui auroit donné de bons avis. Ce grand prince vouloit seulement dire par-là qu’il lui paroissoit difficile que Dieu eût fait le monde ainsi. Voyez Libration, Nutation, &c. (O)

Crystal, (Gravure sur crystal), voyez l’article Gravure.

Crystal, (Horlog.) signifie aussi un petit verre circulaire & bombé qui s’ajuste dans la lunette d’une boîte de montre ou de pendule. Il doit être approchant d’égale épaisseur par-tout, afin qu’il n’y ait point de réfraction. Avant qu’on eût pensé à en faire, les boîtes de montres avoient deux fonds, & l’on étoit obligé d’ouvrir la boîte pour voir l’heure. On a commencé à en faire vers la fin du siecle passé : les meilleurs viennent d’Angleterre : on prétend qu’ils se percent sur le touret des Graveurs en pierres fines. Voyez Gravure en pierres fines. (T)

CRYSTALLIN, en Anatomie, est une espece de lentille solide, sphérique devant & derriere, composée d’une infinité de segmens sphériques, fibreux, étroitement unis, fort transparens ; il est plus près de la cornée que la rétine, & il est composé d’une infinité de vaisseaux, comme nous l’apprennent le dessechement, la diminution du poids, la contraction de ce corps. Il est destiné à rompre les raiyons, de maniere qu’il les rassemble sur la rétine, & y forment l’image des objets qu’y doit produire la vision. Voy. Œil, Réfraction, Vision, Rétine, &c.

Le crystallin est placé à la partie antérieure de l’humeur vitrée, comme un diamant dans son chaton, & il y est retenu par une membrane qui l’en-

vironne, & qui pour cette raison est appellée capsule du crystallin. Cette membrane est aussi appellée quelquefois

crystalloïde, & par d’autres arachnoïde, à cause de sa finesse, qui la fait ressembler à une toile d’araignée. Voyez Arachnoïde.

On trouve antérieurement sous cette membrane une eau fixe, fort transparente ; après cette eau, une substance molle qui entoure un noyau plus dur, plus compacte dans les poissons, où il est presque comme de la corne, & plus solide dans l’homme. C’est de ce noyau que commence la cataracte : après la mort il est aussi le premier à s’obscurcir : il est d’une grande transparence dans le jeune âge ; il commence peu-à-peu vers l’âge de trente ans à devenir jaune, & dans les vieillards il ressemble aux topases pour la couleur : en même tems il s’endurcit.

Le diametre du crystallin dans l’homme a pour l’ordinaire 4 lignes, 4 lignes ou . Son épaisseur 2 lignes, ou 2 lignes  ; sa convexité antérieure est une portion de sphere dont le diametre est de 6 lignes, 6 lignes  ; la convexité postérieure est une portion de sphere dont le diametre est de 5 lignes ou 5 lignes . Voyez les mémoires de l’académ. année 1730, mém. page 5.

C’est la configuration particuliere du crystallin qui fait qu’une personne est myope ou presbyte, c’est-à-dire qu’elle a la vûe courte ou longue. Voyez Myope & Presbyte.

Plusieurs auteurs pensent que sa figure peut changer, & ils supposent que ce changement est l’effet du ligament ciliaire ; ainsi le docteur Grew & quelques autres, donnent à ce ligament la faculté de rendre le crystallin plus convexe, aussi-bien que de l’approcher ou l’éloigner de la rétine, selon qu’il est nécessaire par les lois de l’Optique, pour que la vision soit distincte. En effet, comme les rayons des objets éloignés sont moins divergens que ceux des objets proches, il est nécessaire, pour que ces rayons se réunissent tous sur la retine, ou que le crystallin change de figure, ou que le globe de l’œil en change, & puisse s’allonger ou s’applatir au besoin ; ou au moins que le crystallin puisse changer de place par rapport à la rétine. Voyez Ligament ciliaire & Vûe.

Quand le crystallin est desséché, il paroît composé, comme nous l’avons dit, d’un grand nombre de lames sphériques très-minces, appliquées les unes sur les autres ; Lewenhoeck en compte 2000. Selon cet auteur, chacune de ces lames consiste en une simple fibre, ou en un fil très-fin, dont les parties ont différentes directions & se rencontrent en différens centres, sans néanmoins se croiser les unes sur les autres. Trans. philos. n. 165 & 293.

Les anciens croyoient que c’étoit le crystallin même, opaque, qui formoit les glaucomes ; ils attribuoient les cataractes à une petite pellicule nageant dans l’humeur aqueuse. Le crystallin étoit uniquement regardé comme l’organe de la vision jusqu’à Kepler & Scheiner, qui corrigerent cette grossiere erreur : mais les Medecins & les Philosophes du siecle passé, tels que Carré, Rolfinck, diss. anat. l. c. xiij. page 179. les Chirurgiens, principalement Lasnier, dont Gassendi fait mention ; Palfyn, Anat. chir. p. 68. & des auteurs célebres tels que Rohault, Phys. I. c. xxxvj. & Mariotte dans ses nouvelles découvertes sur la vision ; les observateurs enfin trouverent que le crystallin seul étoit affecté dans les cataractes, sans qu’elles fussent produites par quelque pellicule. Sténon trouva le crystallin endurci dans deux aveugles, l. c. pag. 104. & Borelli adopta la même opinion, cent. obs. III. p. 279. & act. Hasn. vol. V. observat. VI. D’autres disent qu’après avoir abattu la cataracte, on ne trouva plus de crystallin,