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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 4.djvu/54

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Console rampante, est celle qui suit la pente d’un fronton pointu ou circulaire, pour en soûtenir les corniches, comme au portail latéral de l’église de S. Germain-des-Prés.

Console en adoucissement, voyez Pilier butant en console. (P)

Consoles, termes de Charron ; ce sont deux morceaux de bois quarrés qui sont enchâssés dans des mortoises faites au lisoir de devant, & qui servent à supporter la coquille. Voyez les Planches du Sellier & leurs explications.

CONSOLIDATION, (Physiq. & Chir.) est l’action par laquelle la nature réunit les os fracturés, ou les levres d’une plaie. Voy. Calus & Cicatrice. (Y)

Consolidation, (Jurisprud.) est la réunion de l’usufruit à la propriété d’un bien ; ce qui arrive quand l’usufruitier en acquiert la propriété, aut vice versâ ; en l’un & l’autre cas l’usufruit est éteint. Cette confusion est fondée sur ce qu’une même chose ne peut pas devoir une servitude à celui à qui elle appartient, suivant la regle nemini res sua servit, liv. XVII. ff. quibus mod. ususfr. vel us. amit. (A)

CONSOMMATION, s. f. (Gramm.) est synonyme à accomplissement : ainsi on dit le sacrifice est consommé. Il a encore d’autres acceptions.

Consommation du Mariage, (Jurisprud.) est l’union charnelle du mari & de la femme.

L’effet de cette consommation est que le mariage étant valablement contracté, ne peut plus être dissous que par la mort de l’un des deux conjoints, au lieu qu’avant la consommation il peut être dissous par la profession monastique des deux conjoints.

Il y a quelques coûtumes singulieres dans lesquelles il ne suffit pas que le mariage ait été célébré pour que la femme gagne ses conventions matrimoniales, & qui veulent que le mariage ait été consommé, ou du moins soit réputé l’avoir été ; telles que la coûtume de Normandie, art. 367. qui porte que la femme gagne son douaire au coucher. Voyez Douaire, Mariage, &c. (A)

Consommation, (Marine.) c’est tout ce qui s’est employé au service du vaisseau pendant le voyage, comme cordage, toile de voile, poudre, balles, &c. L’écrivain doit tenir un registre de la consomation. (Z)

Consommation, (Comm.) terme usité parmi les négocians pour signifier la distribution qui se fait des marchandises. Quand le commerce ne va pas, ils disent qu’il n’y a pas de consommation. (G)

* CONSOMMÉ, s. m. (Cuisine.) c’est un bouillon fort de viandes, & qui se réduit en gelée ferme quand il est refroidi. On a laissé les viandes bouillir longtems, afin qu’elles déposassent tous leurs sucs dans l’eau qui fait avec eux le bouillon, & c’est de-là qu’il a été appellé consommé.

CONSOMMER, CONSUMER. (Gramm. Syn.) on dit, le prêtre a consumé l’hostie, & consommé le sacrifice. (O)

CONSOMPTION, (Medecine.) voyez Marasme & Phtisie.

CONSONNANCE, s. f. terme de Grammaire ou plutôt de Rhetorique. On entend par consonnance la ressemblance des sons des mots dans la même phrase ou période. Les consonnances ont de la grace en Latin, pourvû qu’on n’en fasse pas un usage trop fréquent dans le même discours, & qu’elles se trouvent dans une position convenable en l’un & en l’autre des membres relatifs. Par exemple, si non præsidio inter pericula, tamen solatio inter adversa. Apud Quintil. l. IV. c. iij. La consonnance entre solatio & præsidio, est également au milieu de l’une & de l’autre incise, elle y est placée comme un hémistiche, autrement elle ne seroit pas sensible. Voici un exemple de consonnance à la fin des incises, sine invidiâ culpa plectatur, & sine culpâ invidia ponatur, Id. ibid,

En voici encore un autre exemple tiré du même chapitre de Quintilien, nemo potest alteri dare matrimonium, nisi quem penes sit patrimonium. Cette figure a de la grace, dit Quintilien, accedit & ex illæ figuræ gratia. Id. ibid. sur-tout quand la consonnance se fait sentir en des positions égales, in quibus initiæ sententiarum & fines consentiunt. Paribus cædant, & eodem desinant modo. Id. ibid.

Les Rhéteurs donnent divers noms à cette figure, selon la différente sorte de consonnance, & selon la variété de la position des mots : ils appellent paranomasie la consonnance qui résulte du jeu des mots par la différence de quelques lettres ; par exemple, inceptio est amentium haud amantium. Terenc. Andr. act. I. sc. jv. v. 13. c’est un projet d’insensés, & non de personnes qui s’aiment & qui ont le sens commun. Cum lectum petis, de letho cogita. En ces occasions la consonnance est appellée paranomasie de παρά, près, proche, & de ὄνομα, nom, c’est-à-dire jeu entre les mots, à cause de l’approximation de sons. Il y a encore similiter desinens, similiter cadens. Il suffit de comprendre ces différentes manieres sous le nom général de consonnance. L’usage de cette figure demande du goût & de la finesse. La ressemblance de sons en des mots trop proches, & dont il y en a plus de deux qui se ressemblent, produit plûtôt une cacophonie qu’une consonnance.

O fortunatam natam me consule Romam !


Cette figure mise en œuvre à-propos a de la grace en latin selon Quintilien ; mais pourquoi n’a-t-elle pas le même avantage en françois ? Je crois que c’est par la même raison que Quintilien dit que les hémistiches des vers latins sont déplacés dans la prose. Quand les Latins lisoient la prose, ils étoient surpris d’y trouver des moitiés de vers ou des vers entiers, qui y paroissoient comme suite du discours & non comme citation. Non erat locus his. Vitium est apud nos si quis poetica vulgaribus misceat. Quint. l. VIII. c. iij. c’est confondre les différens genres d’écrire ; c’est tomber, dit-il, dans le défaut dont parle Horace au commencement de sa poétique : Humano capiti, &c. Versum in oratione fari multo fœdissimum est. Id. l. IX. c. jv. Comme la rime ou consonnance n’entroit point dans la structure des vers latins, cette consonnance loin de les blesser flattoit l’oreille, pourvû qu’il n’y eût point d’affectation & que l’usage n’en fût pas trop fréquent ; reproche qu’on fait à S. Augustin.

Mais en françois, comme la rime entre dans le mécanisme de nos vers, nous ne voulons la voir que là, & nous sommes blessés, comme les Latins l’étoient, lorsque deux mots de même son se trouvent l’un auprès de l’autre : par exemple, les beaux esprits pour prix, &c. si Cicéron, &c. mais même, &c. que quand, &c. jusqu’à quand, &c. Un de nos bons auteurs parlant de la bibliotheque d’Athenes dit, que dans la suite Sylla la pilla, ce qui pouvoit être facilement évité en s’exprimant par la voix passive. Vaugelas & le P. Bouhours (Doutes, page. 273.) disent que nous devons éviter en prose non-seulement les rimes, mais encore les consonnances, telles que celle qui se trouve entre soleil & immortel.

Je conviens que ce sont-là des minuties auxquelles les lecteurs judicieux ne prennent pas garde. Cependant il faut convenir que si un écrivain évitoit ces négligences, l’ouvrage ne perdroit rien de sa valeur intrinseque.

J’ajouterai que les consonnances sont fort autorisées parmi nous dans les proverbes : qui langue a à Rome va : à bon chat ; bon rat : quand il fait beau, prens ton manteau ; quand il pleut, prens-le si tu veux : il flatte en présence, il trahit en absence : belles paroles & mauvais jeu trompent les jeunes & les vieux : qui terre