Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 4.djvu/552

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

especes d’or & d’argent, pour leur donner plus de consistence & pour empêcher qu’elles ne s’usent trop promptement : on en fait des statues & des ornemens. Il seroit fort heureux qu’on se bornât là ; mais par un aveuglement impardonnable, on ne se sert que de cuivre pour faire la batterie & presque tous les ustensiles de la cuisine : malgré les inconvéniens facheux qui en résultent journellement, on continue toûjours à se servir d’un métal dont les dangers sont reconnus de tout le monde. On se croit en sûreté par l’étamage, sans faire attention qu’il y a de la témérité à ne mettre entre la mort & soi qu’une lame très mince d’une composition métallique très-dangereuse par elle-même : en effet, l’étain & le plomb qui servent à étamer les casseroles & les autres morceaux de batterie de cuisine, ne se dissolvent-ils point par les sels, les acides des plantes, le vinaigre, &c. & pour lors ne sont-ils point de vrais poisons ? Joignez à cela qu’il faut un degré de feu si leger pour fondre l’étain & le plomb, qu’il est presqu’impossible de préparer un ragoût ou une sauce sans que l’étamage n’entre en fusion, ce qui donne aux matieres grasses la facilité d’agir & de dissoudre le cuivre qui en est recouvert.

Un abus pour le moins aussi dangereux & contre lequel tout bon citoyen devroit s’élever, c’est l’usage que font quelques apoticaires de mortiers de bronze pour préparer leurs médicamens & piler des drogues ; on sent aisément que presque toutes les substances résineuses, grasses, &c. agissant sur le cuivre, & d’ailleurs les coups redoublés des pilons pouvant détacher des particules métalliques d’un pareil mortier, il résulte des dangers évidens de l’usage interne de médicamens ainsi préparés ; c’est de-là qu’on voit souvent des remedes opérer d’une façon tout-à-fait contraire au but que s’est proposé celui qui les a ordonnés, & produire dans les malades des vomissemens, des spasmes, des nausées, & d’autres accidens fâcheux auxquels on n’avoit point lieu de s’attendre, & qui peuvent se terminer par la mort.

Il seroit donc bien à souhaiter que ceux qui sont dépositaires de l’autorité publique prissent ces abus en considération, & cherchassent à y remédier efficacement. Quiconque pourroit venir à bout de produire un changement si favorable à l’humanité, mériteroit qu’on lui élevât, du métal qu’il auroit fait proscrire, une statue, au pié de laquelle on mettroit OB CIVES SERVATOS ; inscription mille fois plus glorieuse que celle qu’on pourroit graver sur la statue d’un conquérant, dont les armes victorieuses n’auroient fait que desoler une portion de l’univers.

On sait que le cuivre fait une partie très-considérable du commerce des Suédois : cette considération quelqu’importante qu’elle paroisse au premier coup-d’œil, n’a point empêché le gouvernement de proscrire l’usage du cuivre dans tous les hôpitaux & établissemens qui sont de son ressort : un exemple aussi généreux doit-il n’être point suivi par des nations moins intéressées que la Suede au commerce du cuivre ? (—)

Cuivre de Corinthe, (Métallurgie.) en latin æs Corinthiacum, & par Virgile, Ephyreia æra. C’est cette fameuse & prétieuse composition métallique si vantée pour sa beauté, sa solidité, sa rareté, &c. qu’on préféroit à l’or même.

Il ne faut pas se persuader avec quelques modernes, sur le témoignage de Florus & autres historiens, que ce fût un alliage de cuivre, d’or, & d’argent qui se fit accidentellement lors de l’embrasement de Corinthe par l’armée Romaine, l’an de Rome 607, & 147 ans avant Jesus-Christ : c’est une pure fable qui ne mérite aucune croyance. Le cuivre de Corinthe étoit réellement une composition d’un mêlange de

cuivre, d’or, & d’argent fait par art, & l’orichalque factice des anciens étoit suivant toute apparence une espece de cuivre de Corinthe ; mais le secret de cette composition étoit déjà perdu un siecle avant la destruction d’Ephyra par les Romains. L’interprete Syriaque de la Bible prétend que les vases que Hiram donna à Salomon pour le temple étoient de cuivre Corinthien. Il semble qu’on peut recueillir de cette opinion, que le cuivre de Corinthe étoit en usage lorsque Salomon bâtit le temple, c’est-à-dire, plus de 900 ans avant la ruine de cette malheureuse ville.

Sa rareté semble avoir été la principale cause de ce que son prix devint exorbitant. On en faisoit un si grand cas, qu’il passa en proverbe que ceux qui vouloient paroître plus habiles que les autres sur les Arts, flairoient la pureté du cuivre de Corinthe. C’est le sujet d’une des jolies épigrammes de Martial :

Consuluit nares an olerent æra Corinthum,
Culpavit statuas, & Polyclete, tuas.

« Mon cher Polyclete, il a condamné vos statues parce qu’elles n’ont point à son nez l’odeur du cuivre de Corinthe ».

Savot a parlé plus exactement de ce cuivre, que divers naturalistes. Il en établit, comme Pline, de trois especes ; l’une où l’or étoit le métal dominant ; l’autre où l’argent prédominoit ; & la troisieme où l’or, l’argent, & le cuivre se trouvoient par égales portions. Nous imiterions peut-être fort bien ces diverses especes de cuivre de Corinthe, si nous voulions nous donner la peine d’allier ces trois métaux.

Les médailles qu’on nous donne aujourd’hui pour être de cuivre de Corinthe, n’en sont sûrement pas, suivant la remarque de Swedenborg. Celles qu’on connoît même pour être du tems d’Auguste, & qu’on range parmi le moyen bronze, sont de cuivre rouge. Il y en a aussi de cuivre jaune, parmi le grand & le moyen bronze. Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

CUIVRÉ. On appelle, en termes de Doreurs, ouvrage cuivré, une fausse dorure, c’est-à-dire une dorure avec du cuivre en feuille, employé de la même maniere que l’or fin.

CUIVREUX, adj. pris subst. (Teint.) se dit de l’écume qui paroît à la surface du bain de la cuve.

CUIVROT, s. m. outil d’Horlogerie ; c’est une petite poulie de laiton qui a un trou, pour entrer sur les tiges des différentes pieces que l’on veut tourner : les Horlogers en ont un grand nombre qui ont tous des trous de différentes grosseurs. Voyez Planche XIII. de l’Horlogerie, figure 26. qui représente un arbre garni de son cuivrot. C’est sur le cuivrot que passe la corde de l’archet, qui y fait un tour. Les forets & les fraizes ont aussi chacun leur cuivrot.

Cuivrot à vis, est un cuivrot à un très-grand trou, & une vis qui le traverse de la circonférence à son centre. Par le moyen de cette vis on peut faire tenir ce cuivrot sur des tiges de toutes sortes de grosseurs, en la serrant plus ou moins : il y en a de cette espece qui ont une fente A, qui va du centre à la circonférence. Ils sont ordinairement d’acier ; on s’en sert particulierement pour mettre sur les palettes d’une verge de balancier. Voyez Palette, Verge, &c. & les fig. 24. & 25. de la même Planche. Celles qui sont au-dessous, sont le plan desdits cuivrots, ainsi nommés parce qu’ils sont de cuivre. (T)

CUIZEAUX, (Géog. mod.) petite ville de France dans la Bresse Châlonoise.

CUIZERY, (Géog. mod.) petite ville de France dans la Bresse Châlonoise, sur la Seille.

CUL, s. m. (Anat.) le derriere, cette partie de l’homme qui comprend les fesses & le fondement. Ce mot s’applique à plusieurs autres choses.

Cul d’Asne, voyez Ortie de mer.