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Culot, terme d’Architecture ; ornement de sculpture employé dans le chapiteau corinthien, qui est supporté par les tigettes, & d’où sortent les volutes & les hélisses qui en soûtiennent le tailloir.

On appelle aussi culot tout ornement d’où sortent des rinceaux qui se taillent en bas-relief, dans les frises & autres membres d’Architecture. (P)

Culot. Les Artificiers appellent ainsi la base mobile du moule d’une fusée quelconque, sur laquelle on appuie son cartouche par le moyen d’un bouton qui entre dans la gorge, du milieu duquel sort souvent une petite broche de fer.

Lorsqu’on charge le cartouche sans moule, ce bouton peut être immédiatement au milieu du culot ; mais si l’on se sert de moule, ce bouton est au bout d’une partie cylindrique qui doit entrer dans la cavité du moule, pour lier & assembler l’un avec l’autre. Frezier, feux d’artifice.

Culot, terme de Fonderie ; morceau de métal fondu qui reste au fond du creuset, & qui retenant sa figure, est rond & un peu pointu par bas.

Culots, (Jardin.) sont des ornemens dont on se sert dans la broderie des parterres, en forme de tigette, d’où sortent des rinceaux, des palmettes, & autres ornemens en forme de cul-de-lampe. (K)

Culot, en terme de Miroitier, signifie une espece d’escabelle sans fond, sur laquelle on pose la sebille dans laquelle on conserve le vif-argent pour mettre les glaces au teint. Il est placé au coin de la table à étamer, où aboutissent les petits canaux par lesquels s’écoule le vif-argent lorsque la glace a été posée dessus. Dictionn. du Comm.

Culot, en terme d’Orfévre en grosserie ; c’est la partie inférieure du bassinet d’un chandelier ; c’est proprement le fond.

CULOTTE, sub. f. (Tailleur.) la partie de notre vêtement qui couvre les cuisses. Elle est très-difficile à bien couper, parce que nous exigeons aujourd’hui, pour qu’elle soit bien faite, qu’elle cole sur la cuisse. La ceinture se boucle par-derriere, & se boutonne par-devant. La culotte prend sur les reins & descend jusqu’aux genoux, sur les côtés duquel elle se boutonne & se serre par une boucle & une jarretiere : elle s’ouvre & se boutonne encore par-devant au-dessous de la ceinture ; cette ouverture s’appelle brayette : on l’a ménagée pour qu’on pût satisfaire à un des besoins naturels sans se deshabiller.

CULPRIT, (Jurispr. & Hist.) terme usité en Angleterre en matiere criminelle. Voyez Accusation.

L’accusation étant intentée, & le prisonnier amené à la barre de la cour, lorsqu’on lui demande s’il est coupable ou non, & qu’il répond qu’il n’est pas coupable, l’officier qui exerce le ministere public pour le roi (clerc of arraiguments), ce que nous appellerions en France le procureur du Roi, répond culprit, c’est-à-dire il est coupable ; ce mot étant formé, à ce qu’on prétend, par abbréviation du latin culpa ou culpabilis, & de apparet, il est visible, il est clair ; ou d’un prétendu vieux mot françois auquel, dit-on, a été substitué prest. Voyez Jugement. (G)

CULTE, s. m. (Théol. Morale, Droit nat.) hommage que nous devons à Dieu parce qu’il est notre souverain maître. On distingue deux sortes de culte, l’un intérieur, & l’autre extérieur : l’intérieur est invariable, & de l’obligation la plus absolue ; l’extérieur n’est pas moins nécessaire dans la société civile, quoiqu’il dépende quelquefois des lieux & des tems.

Le culte intérieur réside dans l’ame ; la pente naturelle des hommes à implorer le secours d’un Etre suprème dans leurs calamités, l’amour & la vénération qui les saisissent en méditant sur les perfections divines, montrent que le culte intérieur est une

suite des lumieres de la raison, & découle d’un instinct de la nature. Il est fondé sur l’admiration qu’excite en nous l’idée de la grandeur de Dieu, sur le ressentiment de ses bienfaits, & sur l’aveu de sa souveraineté : le cœur pénétré de ces sentimens, les exprime par la plus vive reconnoissance & la plus profonde soûmission. Voilà les offrandes & les sacrifices dignes de l’Etre suprème ; voilà le véritable culte qu’il demande & qu’il agrée : c’est aussi celui que vouloit rétablir dans le monde J. C. quand la femme samaritaine l’interrogeant si c’étoit sur la montagne de Sion ou sur celle de Séméron qu’il falloit adorer : le tems viendra, lui dit-il, que les vrais adorateurs adoreront en esprit & en vérité. C’est ainsi qu’avoient adoré ces premiers peres du genre humain qu’on appelle patriarches. Debout, assis, couchés, la tête découverte ou voilée, ils loüoient Dieu, le bénissoient, lui protestoient leur attachement & leur fidélité ; la divinité étoit sans cesse & en tous lieux présente à leur esprit, ils la croyoient par-tout : toute la surface de la terre étoit leur temple ; la voûte céleste en étoit le lambris. Ce culte saint & dégagé des sens, ne subsista pas long-tems dans sa pureté ; on y joignit des cérémonies, & ce fut là l’époque de sa décadence. Je m’explique.

Les hommes justement convaincus que tout ce qu’ils possédoient appartenoit au maître de l’univers, crurent devoir lui en consacrer une partie pour lui faire hommage du tout : de-là les sacrifices, les libations, & les offrandes. D’abord ces actes de religion se pratiquoient en plaine campagne, parce qu’il n’y avoit encore ni villes, ni bourgades, ni bâtimens : dans la suite, l’inconstance de l’air & l’intempérie des saisons en fit naître l’exercice dans des cavernes, dans des antres, ou dans des huttes construites exprès ; de-là l’origine des temples. Chacun au commencement faisoit lui-même à Dieu son oblation & son sacrifice ; ensuite on choisit des hommes qu’on destina singulierement à cette fonction ; de-là l’origine des prêtres. Les prêtres une fois institués, étendirent à vûe d’œil l’appareil du culte extérieur ; de-là l’origine des cérémonies : ils inventerent des jeux, des danses, que le peuple confondit avec la religion ; ce qui n’en étoit que l’ombre & l’écorce, en parut l’essentiel ; il n’y eut plus qu’un petit nombre de sages qui en conservassent l’esprit.

Cependant l’origine du culte extérieur étoit très pure & très-innocente : les premiers hommes se flatoient par des cérémonies significatives de produire dans le cœur les sentimens qu’elles exprimoient : il en arriva tout autrement ; on prit les symboles pour la chose même ; on ne fit plus consister la religion que dans les sacrifices, les offrandes, les encensemens, &c. & ce qui avoit été établi pour exciter ou affermir la piété, servit à l’affoiblir & à l’éteindre. Comme les lumieres de la raison ne dictoient rien de précis sur la maniere d’honorer Dieu extérieurement, chaque peuple se fit un culte à sa guise : de ce partage naquit un affreux desordre, également contraire à la sainteté de la loi primitive & au bonheur de la société : les différentes sectes que forma la diversité du culte, conçurent les unes pour les autres du mépris, des animosités, & de la haine ; de-là les guerres de religion qui ont fait couler tant de sang.

Mais de ce qu’il y a d’étranges abus dans la pratique du culte extérieur, s’ensuit-il que le culte de cette espece soit à rejetter ? Non sans doute, parce qu’il est loüable, utile, & très-avantageux ; parce que rien ne contribue plus efficacement au regne de la piété, que d’en avoir sous les yeux des exemples & des modeles. Or ces exemples & ces modeles ne peuvent être tracés que par des actes extérieurs de religion, & des démonstrations sensibles qui les pré-