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tranches cylindriques de bois ou d’ivoire qui sont peu épaisses, qui ont à-peu-près pour diametre le côté d’un quarreau du damier, & dont on se sert pour joüer aux dames. Il y en a de deux couleurs ; un des joüeurs prend les dames d’une couleur, & l’autre joüeur les dames de l’autre couleur. Voyez Dames, (Jeu de) & Damier.

* Dames, (Jeu de) Le jeu de dames se joüe avec les dames. Voyez les art. Dame & Damier. Il y a deux sortes principales de jeu de dames ; on appelle l’un les dames françoises, & l’autre les dames polonoises. Aux dames françoises, chaque joüeur a douze dames ; aux dames polonoises, vingt. On commence le jeu par placer ses dames.

Aux dames françoises le joüeur A place ses douze dames sur les douze quarreaux ou cases a, b, c, d, &c. & le joüeur B, les douze siennes sur les douze cases 1, 2, 3, 4, 5, &c. fig. 1. Chaque joüeur joue alternativement. Lorsque le joüeur A a poussé une de ses dames, le joüeur B en pousse une des siennes. Les dames ne font qu’un pas ; elles vont de la case où elles sont, sur les cases vuides de même couleur qui leur sont immédiatement contigues par leurs angles, sur la bande qui est immédiatement au-dessus : d’où l’on voit qu’une dame quelconque ne peut jamais avoir que deux cases au plus à choisir. Au bout d’un certain nombre de coups, il arrive nécessairement à une des dames du joüeur A ou B, d’être immédiatement contigue à une des dames du joüeur B ou A. Si c’est au joüeur A à joüer, & que la dame M soit contigue à la dame N du joüeur B, ensorte que celle ci ait une case vuide par-derriere elle, la dame M se placera dans la case vuide, & la dame N sera enlevée de dessus le damier. S’il y a plusieurs dames de suite en avancant vers le fond du damier, placées de maniere qu’elles soient toutes séparées par une seule case vuide contigue, la même dame M les enlevera toutes, & se placera sur la derniere case vuide. Ainsi dans le cas qu’on voit ici, fig. 2. la dame M enlevera les dames 9, 7, 5, 3, & s’arrêtera sur la case δ. Quand une dame est arrivée sur la bande d’en-haut de l’adversaire, on dit qu’elle est arrivée à dame : pour la distinguer des autres on la couvre d’une autre dame, & elle s’appelle dame damée. La dame damée ne fait qu’un pas, non plus que les autres dames, mais les dames simples ne peuvent point reculer ; elles avancent toûjours ou s’arrêtent, & ne prennent qu’en avant : la dame damée au contraire avance, recule, prend en avant, en arriere, en tout sens, tout autant de dames qu’elle en rencontre séparées par des cases vuides, pourvu qu’elle puisse suivre l’ordre des cases sans interrompre sa marche. Que cet ordre soit ici en avançant, là en reculant, la dame damée prend toûjours ; au lieu que quand elle n’est pas damée, il faut que l’ordre des dames prises soit toûjours en avançant ; elles ne peuvent jamais faire un pas en arriere. Ainsi, fig. 3. la dame damée M prend les dames 1, 2, 3, 4, 5, &c. au lieu que la dame simple ne pourroit prendre que les dames 1, 2. Si on ne prend pas quand on a à prendre, & qu’on ne prenne pas tout ce qu’on avoit à prendre, on perd la dame avec laquelle on devoit prendre, soit simple, soit damée ; cela s’appelle souffler : votre adversaire vous souffle & joue, car souffler n’est pas joüer. Le jeu ne finit que quand l’un des joüeurs n’a plus de dame ; c’est celui à qui il en reste qui a gagné.

Les dames polonoises se joüent comme les dames françoises, mais sur un damier polonois, c’est-à-dire à cent cases, & chaque joüeur a vingt dames. Les dames polonoises simples avancent un pas seulement, comme les dames françoises simples ; mais elles prennent comme les dames damées françoises, & les dames damées polonoises marchent comme les

fous aux échecs : elles prennent d’un bout d’une ligne à l’autre toutes les dames qui se trouvent séparées les unes des autres par une ou plusieurs cases vuides ; passent sans interrompre leur marche, d’un seul & même coup, sur toutes les lignes obliques, tant qu’elles rencontrent des dames à prendre, & ne s’arrêtent que quand elles n’en trouvent plus. On souffle aussi à ce jeu les dames simples & damées ; & on perd ou gagne, comme aux dames françoises, quand on manque de dames ou qu’on en garde le dernier.

DAMERY, (Géog. mod.) petite ville de Champagne en France ; elle est située sur la Marne, entre Ay & Châtillon.

DAMGASTEN, (Géog. mod.) ville d’Allemagne à la Poméranie, sur la riviere de Recknitz : elle est aux Suédois. Long. 30. 45. lat. 54. 20.

DAMIANISTE, s. m. (Hist. eccles.) nom de secte. Les Damianistes étoient une branche des Acéphales Séverites ; ils recevoient le quatrieme concile avec les Catholiques, mais ils rejettoient toute différence de personnes en Dieu, n’admettant qu’une seule nature incapable d’aucune distinction. Ils ne laissoient pourtant pas d’appeller Dieu, Pere, Fils, & S. Esprit ; c’est pour cela que les Séverites Petrites, autre branche des Acéphales, les appelloient Sabellianistes, & quelquefois Tétradites. C’est-là à-peu-près ce que nous en apprend Nicéphore Calliste, l. XVIII. c. xlix.

Les Damianistes étoient ainsi appellés d’un évêque nommé Damian qui fut leur chef. Voyez le dictionn. de Trév. (G)

DAMIANO, (Saint) ville d’Italie dans le Montferrat, à trois lieues d’Albe.

* DAMIER, s. m. (Jeu.) surface plane divisée en quarreaux alternativement blancs & noirs. Le damier qui sert pour les dames françoises & pour les échecs, n’a que soixante-quatre quarreaux ou cases. Chaque bande de quarreaux est de huit ; & dans chaque bande, si le quarreau d’une bande est noir, les correspondans dans les bandes immédiatement au-dessus & au-dessous, seront blancs. Ainsi dans une bande quelconque, supposé que les quarreaux soient, en allant de la gauche à la droite, blanc, noir, blanc, noir, &c. dans la bande au-dessous & au-dessus de cette bande, les quarreaux seront, en allant pareillement de la gauche à la droite, noir, blanc, noir, blanc, &c.….. Le damier qui sert pour les dames polonoises, ne differe de celui-ci que par le nombre de ses cases ou quarreaux ; il en a cent, dix sur chaque bande. V. l’article Dame, Jeu, & l’art. Echec. V. aussi la Pl. du Jeu.

* DAMIE, s. f. (Mytholog.) c’est ainsi qu’on appelloit la bonne déesse, ainsi que les sacrifices qu’on lui faisoit. Voyez l’article Cybele.

DAMIETTE, (Géogr. mod.) ville d’Afrique en Egypte, sur l’une des bouches orientales du Nil. Long. 50. lat. 31.

DAMITES ou DAMITONS, s. m. pl. (Comm.) toiles de coton qui se fabriquent en Chypre, & qui s’y débitent. Dictionn. du Comm. & de Trév.

DAMMARTIN, (Géog. mod.) petite ville de l’ile de France, à la Goëlle.

* DAMNATION, s. f. (Théol.) peine éternelle de l’enfer. Le dogme de la damnation ou des peines éternelles est clairement révelé dans l’Ecriture. Il ne s’agit donc plus de chercher par la raison, s’il est possible ou non qu’un être fini fasse à Dieu une injure infinie ; si l’éternité des peines est ou n’est pas plus contraire à sa bonté que conforme à sa justice ; si parce qu’il lui a plû d’attacher une récompense infinie au bien, il a pû ou non attacher un châtiment infini au mal. Au lieu de s’embarrasser dans une suite de raisonnemens captieux, & propres à ébranler une foi peu affermie, il faut se soûmettre à l’au-