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sent un grand accablement. On ne peut expliquer ces effets que par la communication des nerfs ; mais comme cela ne satisfait guere, il faut se borner à savoir le fait sûr, & à y chercher des remedes.

La premiere cause mentionnée de la débilité, est prouvée par les symptomes passés ou présens des grandes évacuations, comme sont la durée de la maladie ; les hémorrhagies, effets de la maladie ou de l’art ; les sueurs, les urines abondantes, la salivation, la diarrhée, le défaut de nourriture par quelque cause que ce soit, la pâleur, la maigreur, la petitesse du pouls, l’affoiblissement des vaisseaux, l’élasticité des muscles. L’imméabilité des liquides gluans, visqueux ou inflammatoires, se manifeste par les signes qui lui sont propres, selon ses différentes qualités. Il en est de même de l’obstruction, dont on peut voir le diagnostic en son lieu. La compression du cerveau & du cervelet, comme cause de foiblesse, se fait connoître, s’il y a en même tems des autres symptomes relatifs, comme le délire & l’assoupissement, le tremblement, le vertige, &c. Pour ce qui est de la débilité des fibres du cœur, qui peut produire la foiblesse générale de tout le corps, on ne peut en juger que par les signes du mouvement circulaire rallenti. On a lieu de soupçonner que la foiblesse est l’effet de quelqu’humeur venéneuse, ou de quelque poison dans l’estomac, lorsque rien n’indique aucune des causes précedentes, & que le malade éprouve certain sentiment qui lui fait croire que le siége du mal est dans la région épigastrique, qu’il désigne en disant qu’il est autour du cœur.

La curation de la foiblesse doit être différente, selon ses différentes causes : celle qui provient d’un épuisement à la suite de quelque grande évacuation, doit être traitée avec des alimens liquides, de bons sucs de facile digestion, qui se changent aisément en sang ; des gelées douces tirées des animaux & des végétaux, rendues un peu actives par le vin & les aromats mêlés avec art, dont on fera user souvent & à petite dose. On employera les frictions extérieures modérées, qui servent à distribuer le suc nourricier. On aura attention de choisir une nourriture qui soit de nature à servir de correctif au vice de minant.

La foiblesse qui est causée par l’immuabilité des fluides, doit être traitée selon la nature de celle-ci ; si elle est froide, visqueuse, les legers incisifs, les délayans pénétrans, les cordiaux, conviennent ; si elle est inflammatoire, on doit employer les remedes contre l’inflammation qui vient d’obstruction. Voyez Inflammation, Obstruction.

Ces derniers sont également indiqués dans les cas où il y a compression du cerveau ; on peut y joindre utilement les moyens propres à détourner ailleurs l’humeur qui se jette sur cette partie, en faisant des applications émollientes autour de la tête, en humectant les narines, la face, la bouche par des fomentations ; en appliquant aux piés des épispastiques.

On ne peut guere corriger le vice du cœur débile, sur-tout lorsque c’est son propre tissu qui est relâché : alors il est très-difficile de connoître ce mal ; & quand on le connoîtroit, il ne se présenteroit guere d’indications à remplir pour y remédier. Le repos seroit utile dans ce cas ; mais cet organe doit être dans un mouvement continuel, ce qui augmente toûjours plus le vice de ses fibres, qui sont continuellement tiraillées.

Le vomissement, comme on l’a dit ci-dessus, guérit ordinairement la foiblesse qui provient d’un embarras de nature maligne dans l’épigastre.

Il suit de tout ce qui vient d’être dit, que les cordiaux ne sont pas toûjours le remede convenable contre la foiblesse ; qu’ils doivent être employés avec beaucoup de ménagement dans les cas où ils

conviennent, & qu’il est bien rare qu’ils puissent être employés avec sûreté dans les maladies aigues. Il résulte encore de-là, que la foiblesse dans les fievres est souvent un symptome très-difficile à guérir. Extrait de Boerhaave & de Wanswieten. Voyez Fievre. (d)

DÉBILLARDER, v. act. est, dans la coupe des bois, enlever une partie en forme de prisme triangulaire ou approchant, qui empêche que l’une des faces de la piece de bois ne soit perpendiculaire à celle qui lui est contigue. (D)

DÉBILLER, v. n. terme de Riviere, détacher les chevaux qui tirent les bateaux sur les rivieres. On est obligé de débiller quand on trouve un pont.

DÉBIT, s. m. (Musique.) maniere rapide de rendre un rôle de chant. Le débit ne doit jamais prendre sur l’articulation ; il est une grande partie du chant françois : sans le débit, la scene la mieux faite languit & paroît insipide.

La lenteur est un des grands défauts du chant françois de scene, qu’on nomme aussi déclamation. Il faut cinq minutes pour débiter en expression trente vers, voyez Récitatif. On parle ici pour les chanteurs qui possedent le mieux le débit. Voilà le principe de l’ennui que cause une trop grande quantité de récitatif. Quelque bien modulé qu’on le suppose, s’il a quelquefois en sa faveur l’expression, il a aussi contre lui une sorte de monotonie dont il ne sauroit se défaire, parce que les traits de chant qui le composent sont peu variés. Le plaisir & l’ennui ont toûjours des causes physiques : dans les arts agréables, le moyen sûr de procurer l’un & d’éviter l’autre, est de rechercher ces causes avec soin, & de se régler en conséquence lorsqu’on les a trouvées.

Le débit diminue la langueur du chant, & jette du feu dans l’expression ; mais il faut prendre soin d’y mettre beaucoup de variété. Le débit sans nuances est pire que la lenteur qu’on auroit l’art de nuancer. Mademoiselle Lemaure n’avoit point de débit, la lenteur de son chant étoit excessive ; mais l’éclat, le timbre, la beauté de son organe, la netteté de son articulation, la vérité, le pathétique, les graces de son expression, dédommageoient de cette lenteur. Voyez Récitatif. (B)

Débit, terme de Teneur de livres ; il se dit de la page à main gauche du grand titre ou livre d’extrait ou de raison, qui est intitulé doit, où l’on porte toutes les parties ou articles que l’on a fournis ou payés pour un compte, ou tout ce qui est à la charge de ce compte ; ainsi l’on dit : Je vous ai débité, je vous ai donné débit, j’ai passé à votre débit une telle somme que j’ai payée pour vous. Voyez les dictionn. de Comm. & de Trév. & Chambers. (G)

Débit, (Comm.) se dit aussi de la vente prompte & facile des marchandises : quelquefois leur bonne qualité, & quelquefois aussi le bon marché, en facilite le débit. Id. ibid. (G)

* Débit du bois, (Œconom. rust.) c’est l’art de connoître sa destination, & de le couper, fendre, tailler, façonner en conséquence. On débite le bois ou pour la charpente, ou pour le sciage, ou pour le charronnage, ou pour le foyer, ou pour le four à charbon. Le taillis peut donner la falourde, le fagot, du charbon, du cotteret, de la bourée ; rarement des pieces de fente, de sciage ou de charpente : c’est des futayes qu’on les tire. Le tronc des arbres de haute-futaye se débite en bois de fente, de sciage & de charpente ; sa tige en falourdes, bois de corde, bois de cotteret, bois de charbon, bourées ; & les grosses branches quelquefois en bois d’équarrissage, de sciage, de fente, &c. Il y a des échantillons auxquels il faut s’assujettir, de quelque maniere qu’on débite le bois ; sans cette attention il ne seroit pas de vente. Il faut aussi consulter la con-